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Ossip Mandelstam

Trois fois béni qui à son chant sait mettre un nom

About Me


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Je suis Don José de la Tige d’Amande, poète.
Ma mère, Flora, était musicienne.
Mon père, Emile, venu en Russie des confins de la Lituanie, avait une langue si confuse que je n’ai pu qu’être l'incorrigible amant des sonorités que je suis.
J’aime les mots, les sons, les métaphores, la langue russe, par-dessus tout.
J’ai suivi des routes, je me suis pas mal égaré. J’ai bifurqué, suivi d’autres routes. Jusqu’au jour où, tous mes repères perdus, la poésie - ma lampe et ma boussole - m'a quitté. Pendant cinq ans - égaré de moi-même, je n’ai plus pu écrire un seul poème. La prose autobiographique m’a secouru. Parnok aussi – mon petit ami intime, les jours de nausée.
Peut-être ai-je retrouvé ma voix poétique lorsque j’ai compris que mon sang était lourd de l’héritage des éleveurs de moutons, des patriarches et des rois.
Alors, en dépit du temps stalinien, je me suis apaisé.
La Sibérie a recueilli mon dernier souffle, mon dernier vers, un jour de décembre 1938.
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______________________________________ Voir le site Esprits Nomades
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Je suis encore loin d'être un patriarche,
Je suis d'un âge encore assez peu respectable
Et je reçois encore des bordées d'injures
Dans la langue querelleuse des trams
Où il n'y a ni rime ni raison :
Et ceci et cela ! Que voulez-vous ? Je présente des excuses,
Mais au fond je ne change pas d'un iota...
Quand j'y songe ! Qu'est-ce qui me rattache au monde ?
Tu ne le croirais pas toi-même ! Des vétilles,
La clé du logement d'un autre pour la nuit,
Une pièce d'argent dans ma poche
Et le celluloïd d'une pellicule moucharde...
Comme un jeune chien je me jette sur le téléphone
Chaque fois que retentit l'hystérique sonnette,
Et une voix dit en polonais : «dziekuje pane».
C'est un reproche affable dans le grésillement de l'inter
Ou c'est une promesse jamais tenue.
Tu te dis à quoi pourrait-on prendre goût
Parmi les pétards, les fusées –
Ta colère va retomber et il ne va rester
Que la confusion et pas de travail,
Va demande-leur donc du feu !
Tantôt je souris, tantôt je me drape dans ma timide dignité
Et je sors avec une canne blonde,
J'écoute des sonates dans les ruelles,
A toutes les échoppes je me lèche les babines,
Je feuillette des livres sur le pavé gluant des portes cochères,
Ce n'est pas vivre et c'est quand même vivre...
J'aime les promenades dans les trams grinçants
Et le caviar d'Astrakhan de l'asphalte
Recouvert d'une natte de paille
Qui rappelle la corbeille de l'Asti
Et les plumes d'autruche de la charpente
Au début de la construction des cités Lénine.
J'entre dans les bouges splendides des musées
Où gonflent les cadavres des Rembrandt
Qui ont acquis le luisant des cuirs de Cordoue,
J'admire les mitres cornues du Titien
Et du Tintoret multicolore j'admire
Les mille perroquets tapageurs...
Comme je voudrais entrer dans le jeu,
Parler à coeur ouvert, dire la vérité,
Envoyer le cafard aux cent mille diables,
Prendre un passant par la main et lui dire
Sois gentil, faisons route ensemble...
1931 - Trad. François Kérel
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______________________________________Non, je ne fus jamais le contemporain de personne.
Je me soucie bien peu d'un tel honneur.
C'est un autre que moi qui comme moi se nomme
Et cet homonyme me fait horreur.
Deux yeux morts sont les yeux du siècle souverain,
Sa bouche est d'argile et splendide,
Et le fils vieillissant un instant le retient,
Mourant, contre son bras languide.
Avec le siècle j'ai soulevé mes paupières douloureuses -
Le globe de ses grands yeux morts -
Et les rivières m'ont conté, tumultueuses,
Le cours passionné de nos humains discords.
Voici déjà cent ans un lit pliant fragile
Luisait de toute la blancheur de ses coussins
Où s'étirait étrangement le corps d'argile.
Du siècle la première ivresse prenait fin.
Parmi l'universelle et grinçante débâcle
Ce lit paraissait bien léger.
Eh bien ! Que voulez-vous, couchons avec le siècle
Puisqu'on ne peut d'autre couche forger !
Dans les chambres brûlantes, les campements et les échoppes,
Le siècle agonise et après
Sur l'écailleuse hostie deux sommeillantes pommes
Brillent du feu de leur duvet.
1924 - Trad. François Kérel
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My Interests


Nathan Altman
"Car seul Pétersbourg me soutient – le Pétersbourg des concerts, le jaune, le lugubre, le renfrogné, l’hivernal."
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"Dans les marges des brouillons naissent des arabesques qui vivent de leur vie indépendante, merveilleuse et perfide."

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Insomnie. Homère, voiles arc-boutées.
J'ai lu jusqu'à moitié la liste des vaisseaux.
Cette couvée sans fin, ces grues en file indienne
Qui un jour s'élevèrent au-dessus de l'Hellade -

Craquètement des grues en terres étrangères!
Sur la tête des rois, de l'écume divine.
Où voguez-vous ainsi? - sans la sublime Hélène
Qu'aurait importé Troie, combattants achéens?

Et la mer et Homère - tout est mu par l'amour.
Qui donc dois-je écouter? Homère, lui, se tait
Et la mer couleur d'encre pérore, prétentieuse,
Et dans un bruit atroce, elle rampe à mon chevet.

1915 - Trad. Eveline Amoursky

I'd like to meet:



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Music:


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La portée caresse l'oeil tout autant que la musique caresse l'oreille. Les mouchetures noires de la gamme pianistique se faufilent, grimpent et dégringolent comme des petits allumeurs de réverbères. Chaque mesure est un esquif chargé de raisins secs et de raisin noir.

La page d'une partition, c'est d'abord la disposition de combat d'une flottille de voiliers ; c'est aussi le plan du naufrage de la nuit ordonnée en noyaux de prunes.

Les chutes concertantes vertigineuses des mazurkas de Chopin, les larges escaliers à clochettes des études de Liszt, les jardins suspendus ornés de massifs, vacillant sur cinq fils de fer, de Mozart - n'ont rien de commun avec les buissons nains de Beethoven.

La vigne musicale de Schubert est toujours becquetée jusqu'aux pépins et fouettée par la tempête.

Lorsque des centaines de lutins allumeurs de réverbères se précipitent dans les rues, armés de petites échelles, pour suspendre des bémols aux crochets rouillés, consolider la girouette des dièses, enlever des enseignes entières de mesures efflanquées - c'est pour sûr Beethoven ; mais lorsque la cavalerie des croches et des doubles croches en soutane de papier se précipite à l'attaque en arborant insignes équestres et étendards - c'est encore Beethoven.

Une page de partition, c'est une révolution dans une vieille ville allemande.

Voici des tortues qui, leur tendre tête étirée, font la course : c'est Haendel. Mais combien sont martiales les partitions de Bach – ces fantastiques festons de champignons séchés.

Le Timbre égyptien
Trad. Eveline Amoursky

Movies:

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Nous vivons sans sentir le pays sous nos pieds,
À dix pas notre voix ne s'entend, étouffée.
Quelques mots, et l'on a le farouche
Montagnard du Kremlin à la bouche.
Ses gros doigts sont pareils à des vers gros et gras,
Et son verbe est certain, assené comme un poids.
Des cafards, ses moustaches qui rient,
Et le cuir de ses bottes qui brillent !
Un ramas de caïds au cou mince l'entoure,
De sous-hommes il se sert et se fait une cour;
Les uns sifflent, ou beuglent ou grognent,
Mais lui seul il tutoie, il ordonne.
Tels des fers il vous forge décret sur décret
En plein front ! Dans les yeux ! Au bas-ventre ! En plein nez !
L'échafaud, chaque fois, c'est sa fête,
Et le large poitrail de l'Ossète.
1933 Trad. Michel Aucouturier
Epigramme sur Staline qui fut la cause de la première arrestation de Mandelstam en 1934.

Television:

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My Blog

Alexandre Herzovitch

Il était un musicien juif,  Un certain   Alexandre Herzovitch, Il polissait et polissait  Schubert, Comme le plus pur des diamants.Du matin au soir à cSur joie, Sans se lasser ...
Posted by Ossip Mandelstam on Wed, 01 Oct 2008 01:29:00 PST