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Svetlana Loukine le 10 juillet au Living B Art

Même le jour est lunaire

About Me

PROCHAIN CONCERT
Présentation du projet: Svetlana Loukine et O de Mars se sont plus et entendus très vite, dès lors qu'ils ont pris le temps de se parler...
O avait beaucoup de musiques au bout des doigts, Svetlana aimait Le Requiem d'Anna Akhmatova depuis longtemps... C'est donc très naturellement et très rapidement que les premières compositions présentées ici virent le jour.
Cette page présentera au fur et à mesure le chantier de cette collaboration.
SOUVENIR DU PREMIER CONCERT AUX TROIS FRERES, merci à Marie Hélène pour les photos...
Anna Akhmatova était une poétesse russe célèbre déjà avant la révolution russe, celle de 1917, une "joyeuse pécheresse de Tsarskoïé Sélo" comme elle le dit elle-même.
Mais la Révolution se produit, et "en une heure nous avons vieilli de cent ans". Elle perd son premier mari, son fils unique est arrêté. Mais elle ne s'exile pas, elle reste en Russie.
Alors qu'elle faisait la queue devant les prisons de Léningrad, une femme qui la savait célèbre lui demande:
- Et cela, pouvez-vous le décrire?
- Je le peux, répondit-elle.
Le Requiem est né de cette rencontre.

My Interests

Music:

Member Since: 8/17/2007
Band Website: contact: [email protected]
Band Members: SVETLANA LOUKINE, chant.
..
O DE MARS, piano, composition.
..
ANNA AKHMATOVA(1889-1966), textes. La seule à laquelle on n'a pas demandé son avis, j'espère qu'elle ne nous en voudra pas...

Suivent toutes les traductions des morceaux du cd que nous venons de réaliser. Bien sur tous ces morceaux ne sont pas en écoute ici.

1. OUVADILI TEBIA
"Ils t'ont emmené à l'aube
Derrière toi, comme à la levée d'un corps, j'allais.
Dans la chambre sombre pleuraient les enfants,
La cire du cierge coulait.
Sur tes lèvres, le froid des icones.
Sur ton front, la sueur de l'agonie. Ne rien oublier.
J'irai, comme les femmes des Archers,
Sous les tours du Kremlin pour hurler."
1935

4. POKAZAT
"Si l'on t'avait montré, à toi la rieuse,
A toi, la favorite de tous tes amis,
A toi, la joyeuse pécheresse de Tsarskoïé Sélo,
Ce qu'il allait advenir de ta vie -
Comment, avec ton colis, tu seras la trois centième,
Et comment tu attendras sous Les Croix,
Et comment tes larmes brûlantes
Perceront la glace au premier jour de l'an.
Là-bas le peuplier de la prison se balance,
Pas un bruit... Combien de vies innocentes
S'achèvent là-bas... "

5. KOUDA-TO V NIKOUDA
"Dix-sept mois que je crie,
Que je t'appelle à la maison.
Je me suis jetée aux pieds du bourreau,
Tu es mon fils et mon effroi.
Tout s'est embrouillé pour des siècles,
Et je n'arrive plus à déterminer
Maintenant qui est une bête, qui est un homme,
Et combien de temps il faudra attendre l'exécution.
Il n'y a plus que des fleurs poussiéreuses,
Et le cliquetis de l'encensoir, et des traces
quelque part, qui ne mènent nulle part.
Droit dans les yeux elle me regarde,
En me menaçant d'une mort prochaine,
Cette énorme étoile."

..
6. LETIAT NEDELI
"Légères, les semaines s'envolent
Ce qui est arrivé, je ne le comprendrai pas.
Comment les nuits blanches, te regardaient,
Toi, mon petit garçon, dans ta prison;
Comment elles te regardent à nouveau
de leur oeil brûlant d'épervier,
Et te parlent de ta haute croix
Et de la mort."

7. LE VERDICT
"Et le mot de pierre est tombé
Sur ma poitrine encore vivante.
Ce n'est rien, j'y étais préparée,
D'une façon ou d'une autre, je m'y ferai.

Aujourd'hui, j'ai beaucoup à faire:
Il faut que je tue ma mémoire jusqu'au bout,
Il faut que mon âme devienne comme de la pierre,
Il faut, à nouveau, que j'apprenne à vivre.

Sinon... Le chaud bruissement de l'été
Est une fête derrière ma fenêtre.
Cela faisait longtemps queje pressentais
Cette journée lumineuse et cette maison déserte."

8. K SMERTI
A LA MORT
"Tu viendras de toutes façons - Pourquoi pas maintenant?
Je t'attends - C'est difficile.
J'ai éteint la lumière et entrouvert la porte
Pour toi, si simple, si merveilleuse.
Prends, pour venir, l'apparence que tu voudras:
Rue-toi comme un obus empoisonné
ou rentre sournoisement comme un bandit adroit
ou insinue-toi comme les vapeurs toxiques du typhus.
Ou bien présente-toi sous la forme de cette légende que tu as créée
et qui nous est connue jusqu'à la nausée, -
Que je voie le dessus d'un bonnet bleu
Et le concierge blême de peur.
Tout m'est égal maintenant. L'Iénisseï tourbillonne,
Et l'Etoile Polaire brille.
Et l'éclat bleu des yeux que j'aime
obscurcit la dernière épouvante."

..
9. OUJE
Et la folie, avec son aile
Recouvre déjà la moitié de mon âme.
Elle me fait boire son vin de feu,
Elle m’entraîne dans la noire vallée.

Et j’ai compris que
Je devais capituler,
En écoutant mon propre délire
Comme s’il me venait d’une autre.

Il ne me permettra pas
D’emporter quoi que ce soit avec moi.
(Quelles que soient mes supplications
et quelles que soient mes plaintes ennuyeuses) :

Ni le regard effrayant de mon fils, -
Souffrance de pierre -,
Ni le jour où l’orage est venu,
Ni l’heure des visites à la prison,

Ni la fraîcheur douce des mains,
Ni les ombres tremblantes des tilleuls,
Ni le son lointain et léger
Des derniers mots de consolation.

..
I. EPILOGUE
"J'ai appris comment se défont les visages,
Comment on peut voir la terreur sous les paupières,
Comment des pages d'écriture au poinçon
Gravent la douleur sur les joues,
Comment des boucles cendrées et noires
Se font brusquement argentées.
Le sourire se fane sur des lèvres dociles,
Dans un petit rire sec tremble la frayeur.
Je prie, non pour moi seule,
Mais pour tous ceux qui se tenaient là-bas avec moi,
Et dans le froid féroce, et dans la canidule de juillet,
Au pied du mur rouge, du mur aveugle."

..
II. TESTAMENT
"A nouveau, l'heure du souvenir s'est approchée.
Je vous vois, je vous entends, je vous sens près de moi:

Et celle qu'on a traînée jusqu'à la fenêtre,
Et celle qui ne foule plus sa terre natale,

Et celle qui, secouant son beau visage,
a dit: "Ici j'arrive comme chez moi".

Je voudrais les nommer toutes par leur nom,
Mais on a enlevé la liste, et nulle part je ne peux savoir...

Pour elles, j'ai tissé un large voile
Avec les paroles qu'elles m'ont données.

D'elles, je me souviens toujours et partout,
D'elles, je me rappellerai même dans un nouveau malheur,

Et si l'on bâillonne ma bouche fatiguée
A travers laquelle crient des millions d'êtres,

Alors que, de même, on se souvienne de moi
A la veille du jour où l'on m'évoquera.

Et si, un jour, dans ce pays,
On pense à me dresser un monument,

Je donne mon accord à cette cérémonie,
Mais à une condition: qu'on ne la place

Ni à côté de la mer où je suis née:
Avec elle le dernier lien que j'avais s'est rompu,

Ni dans le parc des tsars, près de la souche
Où une ombre inconsolable me cherche encore,

Mais, ici, où j'ai attendu pendant trois cents heures
Et où pour moi on n'a pas ouvert les verrous.

J'ai peur dans la mort bienheureuse
D'oublier quel bruit faisaient les noirs fourgons,

D'oublier comment claquait cette porte affreuse
Et comment la vieille hurlait comme un animal blessé.

Que, des paupières de bronze immobiles,
La neige en fondant ruisselle comme des larmes!

Que le pigeon de la prison roucoule au loin,
Et que tranquillement s'en aillent sur la Néva les bateaux!"

Traductions: Svetlana Loukine. ..
Sounds Like: A vous de le dire... Pour ma part, quand j'écoute le piano je pense souvent à Satie ou à Chopin, mais...
Record Label: Grâce à Bubar, on a enregistré au studio Zarma
Type of Label: None