Fayçal Grandeurs et Décadences
envoyé par DjYep
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Fayçal et j’ai 23 ans. J’ai commencé à rapper en 98 puis, en 2001, j’ai fondé le groupe Keur2pierre avec des potes du lycée (qui deviendra plus tard Second Souffle). On s’est séparé en 2003 et c’est à cette époque que j’ai rencontré VII et les autres membres de Sonatine. J’ai alors élaboré mon premier solo.
Avec le recul, comment perçois-tu ce premier album ?
Je n’ai ni regrets ni remords. Je le perçois comme un projet qui s’est concrétisé, comme l’aboutissement d’une partie de ma jeunesse.
Tu évites tous les poncifs habituels du rap. Est-ce volontaire ?
Une volonté inconsciente peut-être. J’écris sur ce qui m’entoure, je ne me préoccupe pas de telles ou telles thématiques quand je réfléchis à un morceau, mais j’essaie toujours de les aborder avec originalité et singularité.
Quel genre de rap écoutes-tu habituellement ?
En rap français Opéra Puccino et Où je vis de Shurik’n sont des albums qui m’ont influencé. Sinon j’écoute Rocé, Médine, Cinquième colonne… Du côté américain j’apprécie le travail d’All Natural, plus particulièrement celui de Capital D, Immortal Technique, certains albums de Jedi Mind Tricks, Wu-Tang et notamment ceux de Killah Priest et GZA.
A l’écoute de Murmures d’un silence, on ressent un certain mal-être dans tes paroles, une anxiété…
Je suis anxieux vis à vis de l’avenir et du monde en général. Je crois que ce mal-être provient avant tous des questions que je me pose au quotidien.
La littérature semble t’inspirer, notamment dans Grandeurs et Décadences…
Oui, des auteurs comme Kafka, Dostoïevski, Aragon ou Kateb Yacine sont une source d’inspiration car ils apportent « leur » vision du monde. J’aime la poésie arabe classique. Ce qui m’intéresse, c’est l’héritage que les livres peuvent transporter, les questions qu’ils nous posent.
Le vocabulaire de l’album est soutenu, tu ne crains pas de rebuter certaines personnes avec un tel style ?
Il est possible que certaines personnes aient du mal à entrer dans mon univers, mais c’est avec cette facette là que j’ai eu envie de créer une singularité. J’accorde beaucoup d’importance à l’écriture en essayant de toujours trouver le mot adéquat. A ce niveau là , mes études de lettres m’apportent beaucoup.
L’album reste très basique dans sa construction, aussi bien au niveau des prises de voix que des instrumentaux. C’était une volonté de ta part ?
Oui, c’était une volonté de mettre en avant le fond, tout en essayant de trouver la forme la plus adaptée. Pour mettre en évidence le texte, j’ai voulu que le flow et les instrumentaux soient le plus épuré possible. Le travail de VII, au niveau de la constance et de la pertinence des sons, m’a beaucoup apporté.
Tu as pas mal pratiqué le slam à une époque…
Je fréquente toujours cette scène… mais je ne dirais pas que je « slam », je fais seulement mes textes a cappella. Quand on clame son texte sans instrumental, ça lui apporte une autre dimension, ça le rôde et on gagne en maîtrise.
Lettres d’un Héros raconte le départ de ton père de Tunisie et son arrivée en France. Peux-tu nous en dire plus sur ce morceau ?
Sur cet album j’ai travaillé mes morceaux les uns après les autres. Mais pour ce morceau j’ai écrit le premier couplet, puis un autre morceau pour ensuite revenir sur le deuxième couplet etc… C’est, je pense, dû à la difficulté de toujours rester fidèle au parcours général de mon père. Même si quelques détails du morceau sont fictifs, j’ai voulu lui rendre hommage en étant pointilleux à tous les niveaux, notamment sur la chute du titre.
Le rap bordelais, qu’en penses-tu ?
En gros chacun travail de son côté… j’aimerais que l’on mette plus souvent nos divergences à l’écart pour s’unir, se concentrer sur l’essentiel : notre musique.
Le mot de la fin…
Anxieux, et toujours en questionnement…
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