Dajoan Mélancolia

Fayçal Grandeurs et Décadences
envoyé par DjYep
Pour ceux qui ne te connaîtrais pas, peut-tu nous parler de ton parcours ?
J’ai commencé à rapper en 1993. Je suis originaire de Vierzon, je ne suis arrivé à Bordeaux qu’en 98 et ça fait déjà quelques années que je travaille avec les membres actuels de Sonatine. C’est mon premier album.
Quel sens donne tu au titre : Caché(s) au fond du paysage ?
C’est en référence à une part de ma personnalité. Je suis plutôt discret et j’opte souvent pour une position de recul, d’observation… Le « s » entre parenthèse est un clin d’..il, une manière de dire que je ne suis pas seul à adopter cette posture.
Mis à part quelques titres, l’atmosphère de l’album reste très triste… J’ai pris l’habitude d’écrire sur ce qui me touche, ce qui heurte mon esprit. Cette forme d’auto-analyse est une nécessité pour moi.
Ton album est à la fois classique dans sa conception musicale et plutôt abstrait au niveau de l’écriture. Comment définirais-tu ton style de rap ?
C’est un style imagé, il faut plusieurs écoute pour capter l’essentiel du message. Il faut fouiller et ne pas se contenter du premier abord. Le style de son que j’ai choisis permet de mettre en valeur le sens de mes textes.
Musicalement, l’album est très dépouillé, proche de ce qui ce faisait il y a dix ans. Est-tu nostalgique de cette époque ?
Bien sûr. Aujourd’hui le rap est plus sophistiqué, aussi bien au niveau musicale qu’au niveau du flow ou de l’écriture. Les bonnes sorties me paraissent plus rare qu’auparavant.
Quelles sont tes principales influences musicales ?
Ca va du rap des années 90 à la soul-blues des années 60. J’aime aussi le jazz classique et des chanteurs comme Brel, Ferré ou Gainsbourg. J’écoute beaucoup d’autre chose mais l’essentiel de mes bases est là.
Le bilan dans tout le monde rappe est plutôt amer. Tu parais désabusé par la tournure actuelle du hip hop…
Comme je te l’ai déjà dit je trouve souvent les styles actuels trop sophistiqués. Mes goût personnel ne sont pas à la mode. Le fait de rapper est devenu banal, tout le monde s’y met mais personne ne prend le temps d’écouter ce que fait l’autre.
Pourquoi ce titre (Pierres Chargées d’Histoire) sur les responsabilités de Bordeaux dans la traite négrière ?
Ce n’est pas seulement sur Bordeaux. Mais le fait de vivre à Bordeaux m’a poussé à aborder ce sujet. Un passé si lourd dans une ville bourgeoise créer forcement de l’animosité et du soupçon. Il y a quelques temps encore on ne pouvait trouver qu’un ouvrage sérieux sur les liens de Bordeaux et de l’esclavage, c’est léger…
Ce thème comme tes lyrics en général sont plutôt consensuels…
C’est une démarche personnelle, je ne cherche pas à choquer ou à être violant dans mes lyrics. C’est avant tout du ressentit, j’essaye de maintenir un certain niveau d’engagement et de conscience en espérant que certaines personnes s’y retrouvent.
Comme Fayçal, tu as largement fréquenté la scène slam à une époque. Il y a-t-il un lien particulier entre votre label et le « mouvement slam » ?
Non, aucun. Le côté libre du slam m’a plu, mais ça n’a été pour moi qu’une période. A partir du moment où des gens s’investissent dans l’écriture, ça m’intéresse tout simplement.
Selon toi, quelles sont les racines de ta mélancolie ?
Je crois que cela vient de mon enfance. Je suis un peu anxieux… mais ce n’est qu’une facette de ma personnalité. L’écriture est une forme de travail sur soit, cela me permet d’évoluer sur un plan artistique et personnel.
Le mot de la fin…
« Caché(s) au fond du paysage, pas perdu, discret. En une décennie se crée un univers d’écriture… »
sonatinemusique.free.fr