I'd like to meet:
Le raffinement de la cruauté est l'une des sources de l'art.(Nietzsche)Une famille d’arbres/   C’est après avoir traversé une plaine brûlée du soleil que je les rencontre. /   Ils ne demeurent pas au bord de la route, à cause du bruit. Ils habitent les champs incultes, sur une source comme des oiseaux seuls. /   De loin ils semblent impénétrables. Dès que j’approche, leurs troncs se desserrent. Ils m’accueillent avec prudence. Je peux me reposer, me rafraîchir, mais je devine qu’ils m’observent et se défient. /   Ils vivent en famille, les plus âgés au milieu, et les petits, ceux dont les premières feuilles viennent de naître, un peu partout, sans jamais s’écarter. /   Ils mettent longtemps à mourir, et ils gardent les morts debout jusqu’à la chute en poussière. /   Ils se flattent de leurs longues branches pour s’assurer qu’ils sont tous là , comme les aveugles. Ils gesticulent de colère, si le vent s’essouffle à les déraciner. Mais entre eux aucune dispute. Ils ne murmurent que d’accord. /   Je sens qu’ils doivent être ma vraie famille. J’oublierai vite l’autre. Ces arbres m’adopteront peu à peu, et pour le mériter, j’apprends ce qu’il faut savoir :   Je sais déjà regarder les nuages qui passent.   Je sais aussi rester en place. /   Et je sais presque me taire.(Jules Renard)Marcher - jusqu'au lieu - où l'eau prend sa source / S'asseoir - attendre le moment - où naissent les nuages.(Wang Wei)"Ce n'est pas par la satisfaction du désir que s'obtient la liberté, mais par la destruction du désir" (Epictète)On nous bassine avec les gens qui voyagent pour se trouver. Les seuls voyages sont ceux où l'on ne trouve rien, surtout pas soi, rien sinon d'autres formes sensibles d'inquiétude et d'absence. L'exotisme fondamental, c'est ça.(Philippe Lançon)Tout homme qui, ne serait-ce que parfois le soir en s'endormant, a tenté de pénétrer l'obscurité de son inconscient, sait qu'il a vécu pour lui-même. Ceux qui ne peuvent trouver leur plaisir dans le monde de la dominance et qui, drogués, poètes ou psychotiques, appareillent pour celui de l'imaginaire, font encore la même chose.(Henri Laborit)Ma vie avait été pénible, incohérente et malheureuse, elle conduisait au renoncement et au reniement, elle avait le goût de l’amertume humaine, mais elle était riche, fière et riche, souveraine même dans la misère. Qu’importait que le petit bout de chemin qui restait jusqu’au crépuscule fût, lui aussi, lamentablement perdu; le noyau de cette vie était noble, elle avait de la dignité, de la race: je ne misais pas des sous, je misais des étoiles.(Hermann Hesse)Libres, nous, victimes, martyrs, esclaves jusqu’au cou enfoncés dans la maladie, les vices, les passions, et toujours le harnais au cou, toujours forcés au travail, éprouvant la peur, et toujours ahuris, affairés ? Depuis le point du jour jusque tard dans la nuit, nous sommes soumis au plus ignoble des esclavages, et voilà qu’on nous parle de “liberté†... (...) Dire que nous gardons une possibilité fondamentale de liberté face à la souffrance (...) c’est à mon avis faire disparaître entièrement le sens même de ce mot. Souffrir est un état que je refuse et qu’il me faut précisément “souffrirâ€.(Witold Gombrowicz)C’est le matin qu’il faut se cacher. Les gens se réveillent, frais et dispos, assoiffés d’ordre, de beauté et de justice, exigeant la contrepartie. Oui, de huit ou neuf jusqu’à midi, c’est le passage dangereux. Mais vers midi cela se tasse, les plus implacables sont repus, ils rentrent, tout n’est pas parfait mais on a fait du bon travail, il y a eu des rescapés mais ils ne sont pas bien dangereux, chacun compte ses rats.(Samuel Beckett)L’homme d’esprit, qui ne s’accordera jamais avec personne, doit s’appliquer à aimer la conversation des imbéciles et la lecture des mauvais livres. Il en tirera des jouissances amères qui compenseront largement sa fatigue.(Charles Baudelaire)Le mariage fait des cocus et le patriotisme des imbéciles.(Paul Léautaud)De la mansarde ou je réside, J'excitais les farouches bras Des mégères gendarmicides, En criant: " Hip, hip, hip, Hourra! "(Georges Brassens)L'homme contemporain se pense lui-même comme une machine. Si ça ne va pas, c'est que ça dysfonctionne, et il doit y avoir un traitement hyper rapide. On croit que, normalement, on a droit à l'euphorie, à la pilule du bonheur. C'est de la science-fiction réalisée. (Jacques-Alain Miller)L'être humain aime-t-il les ruines et le chaos (inutile de le contester, les faits le témoignent) parce qu'il a une peur instinctive d'atteindre au but qu'il se fixe, et d'achever l'édifice qu'il bâtit ? Le savez-vous ? Peut-être cet édifice ne lui plaît-il que de loin, non de près ? Il n'éprouve du plaisir qu'en le construisant, et n'aurait aucune joie à l'habiter: aussi le laisse-t-il aux "animaux domestiques". (Fédor Dostoïevski)Je suis né pour aimer, et j'ai aimé peut-être avec autant d'amour qu'en peut montrer une âme humaine. Aujourd'hui, bien que je ne sois pas encore à l'âge où les passions se glacent, ni même s'attiédissent, je ne rougis pas de dire que je n'aime personne, excepté moi-même, par nécessité naturelle, et encore le moins possible.(Giacomo Leopardi)La joie réelle n'est autre, en effet, qu'une vision lucide, mais assumée, de la condition humaine; la tristesse en est la même vision, mais consternée.(Clément Rosset)N'est-ce pas parce qu'il n'a en vue aucune fin personnelle, qu'il réalise sa propre fin personnelle?(Lao-tseu)
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Chaval