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Gil est une figure lyonnaise de myspace.com : son site perso est le plus visité de la région Rhône-Alpes.
Il a accepté de répondre aux questions d’un journaliste qui en a presque regretté d’être allé carboniser son énergie en reportage au Darfour.
Sa toiture fuit dangereusement, lui passe des heures sous la douche et il y a un paquet de bières qui l'attend dans son frigo.
De ses fenêtres à meneau labellisées « haut moyen âge », on a vue sur toute la colline de la Croix-Rousse, dont les immeubles ocres descendent en cascade jusqu’au bord d’une rivière - la Saône - qui dessine de grands « S » marronnasses à cause d’une pluie battante.
Quand on est immergé dans la vraie vie comme lui, pas besoin d’aller user chaque jour ses muscles à la piscine.
Ni de faire le tour du monde pour jouer les aventuriers à deux balles au soi-disant « péril de sa vie ».
Celle de Gil est bien plus dangereuse que n’importe quelle autre. Il suffit d’un instant en sa compagnie pour s’en rendre compte.
A l’heure de détailler la sobriété des lignes d’un canapé seventies acheté sur e-bay, nous parviennent aux oreilles les échos d’un moteur qui pétarade furieusement au dehors. Intrigué par le vacarme, le locataire des lieux grimpe d’une traite sur sa mezzanine et, passant la tête à travers le vasistas entrebâillé, se hisse jusqu’au sommet du toit à la seule force de ses bras.
« J’ai l’habitude » sourit-il modestement, en nous tirant par le col pour nous aider à le rejoindre là -haut.
En contrebas, on aperçoit un bateau de touristes s’échinant à remonter le courant.
La croisière qui s’amuse lui adresse avec enthousiasme une brassée de saluts japonisants. « Les types, souvent, ils me disent « bonjour ».
Alors je leur réponds. Ils doivent penser que je fais partie du circuit.
C’est important de pas les décevoir.» On se pose les fesses sur les tuiles friables.
Le voilà qui se met à entortiller ses mèches blanches le temps d’une courte hésitation.
Il parle vite.
« Bon, c’est OK pour l’interview. Mais on va essayer de ne pas traîner. Je dois rejoindre des potes à un barbecüe. Et j’ai une nouvelle séance photos ce soir. » Zou !
Votre maison, c’est ici, c’est myspace ou c’est ailleurs ?
A vrai dire, j’ai du mal à dissocier mon appartement de mon myspace. Ici ou là -bas, je suis chez moi.
J’ai une vie sociale, comme tout un chacun. Mais quand je rentre – c’est pas toujours facile de retrouver la bonne porte -, je commence par brancher mon pc.
Ensuite, je passe une bonne partie de la nuit sur la toile parce que le truc, c’est que je suis insomniaque.
Si le temps le permet, je fais parfois une pause clopes/bière sur mon toit. C’est comme ça que j’ai pu voir un crash d’avion en direct, l’an dernier, vers l’aéroport.
Le problème, c’est que je ne pouvais pas redescendre pour téléphoner aux pompiers, je n’avais pas terminé ma bière.
Votre site myspace, lui, décolle. Il est le plus fréquenté de la région Rhône-Alpes. Ça vous choque que personne n’en parle ?
Non. Quand tu vois les sites de la région, je n’ai aucun mérite. Moi, ce qui me botte, c’est d’échanger avec un max de gens, juste pour flatter mon ego. Le reste, je m'en fous !
A ce propos, deux formules alternent sur votre site. « Gil trop agil » peut flatter votre ego, mais certainement pas « Gilou il est relou »…
Oui, enfin, « Gil il est trop agil », c’est à cause de « Simone elle est bonne ! » une myspacienne que j'adore et que j’ai copiée.
Sinon, à force de surfer et de laisser des mails relous à gauche et à droite, je me suis dit : « sois honnête dans ton pseudo ». D’où « Gilou il est relou».
Vous étiez trop égocentrique pour continuer à faire de la photo derrière l’objectif ?
Sûrement. J’aime la photo, mais je suis plutôt un "FAUXTOGRAPHE". Je me suis fait une raison. Si j’accepte aujourd’hui de poser, c’est aussi parce que je me suis découvert récemment un côté exhibo frustré. C’est assez drôle et génial de se voir à travers le regard d’autres personnes!
Et bifurquer vers de la photo trash ?
Ah ah ah ! Non, je ne pense pas, bien que dans un cadre artistique, je sois ouvert à tout. Enfin, mes parents visitent aussi ma page ; ils pourraient ne pas comprendre.
Je crois que vous souhaitiez aller vous rafraîchir un peu…
Ouaip !
(l’interview reprend après cinq minutes ; Gil revient une canette de bière en main)
Non ! Deux canettes !
Merci. Vous avez grandi à Bourges. Pas précisément une capitale de la bière… Pourquoi alors cette boisson plutôt qu’une autre ?
Non, en fait, ce que j’aime, c’est uriner. Et la bière, ça aide !
Donc, jamais de sport. C’est presque une philosophie de la vie, chez vous…
Hum, oui. Je suis contre, c’est tout. Je ne suis pas contre l’effort, mais pas pour avoir des muscles. Je suis bien comme je suis, je préfère la réflexion, la contemplation, qui sont en soi des efforts tout aussi sportifs de nos jours, dans cette société à la dérive.
Prendre du recul pour réfléchir et se positionner, ça, oui, c’est du sport !
Autre sport à part entière, le boulot. Vous avez travaillé dans trente-sept entreprises, soit une moyenne d’une entreprise par an depuis l’âge de trois ans.
Cette succession d’expériences n’a-t-elle pas fait de vous un instable chronique, même si vos amis disent tous : « ça lui a forgé un caractère d’acier ».
J’ai travaillé dans la métallurgie, ah ah ah !
Instabilité, sûrement pas : je sais au moins ce que je ne veux plus faire dans la vie. Je ne supporte plus l’autorité, ça c’est certain, d’où l’envie d’être mon propre patron aujourd’hui en montant une boîte de luminaires artistiques. De toute façon, si le projet aboutit, vous le saurez sur myspace.
Finalement, une big revolution ce myspace ? Et ce n’est que le début…
Les megabits, vont grossir, grossir, et nous allons tous y trouver notre plaisir!
(Gil redescend dans le salon pour lancer un remix des klaxons)
Parlez-nous de vos coups de c..urs musicaux du moment…
L’électronica, j’adore, mais aussi la vague Justice, Digitalism et les autres. Parfois, je me nettoie au rock, histoire de revenir au racines.
Au fond, votre plus grand plaisir, c’est quoi ?
Dialoguer, confronter mes idées à celles des autres, m’en forger de nouvelles et trouver du son qui me chatouille l’épine dorsale sur myspace, sans oublier de partager tout cela avec le monde qui m’entoure.
Le 14 juillet approche. Bientôt une vue imprenable sur le feu d’artifice ?
D’habitude oui. Du toit, c’est génial.
Mais cette année, je ne serai pas là pour y assister. Pendant l’été, je vais alterner les grands week-ends entre Paris et Sommières.
Une autre bière ?
...
......CheZ mOi, Ã LyOn
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