Lyrics
Après des études de philosophie, il publie dans diverses revues des textes sur la littérature et les arts, tout en écrivant adaptation théâtrales, poèmes et fictions. Dans "Conversation sur la montagne" (1986), oeuvre inspirée par le mythe de Faust, il aborde l'écriture dramatique par le théâtre-récit, avec un monologue structuré comme une partition musicale, où se perçoivent des voix différentes. Fidèle à cette forme dans plusieurs textes, dont "Le petit bois", crée au TNP en 1991, il utilise des dialogues naturalistes et poétiques dans d'autres oeuvres, drames intimistes comme "L'arbre de Jonas" (1990) ou évocations d'évènements historiques affectant les destins individuels au point de leur donner une dimension épique, comme la guerre d'Algérie dans BMC (1991). L'intérêt de l'écrivain pour la mémoire collective se manifeste dans des pièces écrites à partir d'enquêtes, notamment "Maison du Peuple" (1992). Des tournées en milieu rural, avec "Parade éphémère" en Haute-Loire (1993) ou "De nuit, alors il n'y en aura plus" en Auvergne, dans le Lot ou l'Aveyron (1994) lui ont permis d'expérimenter un théâtre de proximité, dans une relation plus intime avec le public.
Présentées souvent dans le cadre de Théâtre Ouvert, les oeuvres d'Eugène Durif ont été régulièrement montées depuis 1986, en particulier par Hélène Vincent et Yves Prunier, Patrick Pineau, Eric Elmosnino, Charles Tordjman, Jean-Louis Hourdin, Anne Torrès, Catherine Beau.
Bernadette Bost (Dictionnaire du Théâtre, Michel Corvin, BORDAS). Nouvelle édition (1995)
“ Devenu chef de troupe “ pour connaître l’envers du décor â€, Eugène Durif aime le va-et-vient entre la proximité de l’aventure collective et le lointain de l’écriture à la table. “ Les contraintes du plateau m’ont donné plus de liberté et plus de légèreté dans le style â€. Il n’en est pas moins vindicatif. Trahi dans les espoirs qu’il mettait dans une gauche généreuse, de furieuses poussées d’adrénaline le poussent à écrire. Il convient être parfois naïf : “ Je veux trop en dire et parler de manière frontale â€. Multiforme et pluriel, son verbe se coule dans les moules existants ou les déborde ; il use de l’opérette (Filons vers les ïles Marquises) pour parler de la corruption politique, de la comédie pour mettre le doigt sur la toxicomanie médicamenteuse (Via Negativa), investit la sotie pour vilipender la langue de bois du théâtre public ( Nefs et Naufrages). Sa plume qui rit et grince, fait feu de tout bois, cueille ses mots au ciel des poètes ou les ramasse dans les caniveaux. “ Je module et modèle la langue en fonction de ce que j’ai à dire et je me moque que ce soit de mauvais goût â€. Pour “ Meurtres hors champ â€, la forme de la tragédie antique s’est imposée. Deux soldats de retour au pays, Oreste et Pylade, attendent à l’arrêt du bus. Il est question de meurtre à commettre, d’histoire “ cousue de fil blanc depuis le commencement â€. Les crimes d’hier s’entremêlent à la barbarie d’aujourd’hui. “ On s’est fait eu. Drôlement eu depuis le début â€, remarque Pylade, visiblement porte-parole de l’auteur. “
Dominique DARZACQ, Supplément Télérama, Festival d’Avignon, 2000
« Eugène Durif, le bien né (si l’on en juge par le sens étymologique de son prénom), a pris son essor dans toutes les directions de l’horizon théâtral et littéraire. En Protée facétieux du théâtre, il ne laisse pas son lecteur/spectateur s’habituer à sa dernière manière que déjà il en essaie une autre. De la saisie intimiste et subtile des états de conscience en latence ou en souffrance à la plongée dans les problèmes de l’heure et des dérèglements qu’ils provoquent dans la vie des gens ordinaires ; du portrait charge des fausses valeurs culturelles et théâtrales à la réécriture des mythes anciens insufflés des sombres réalités politiques d’aujourd’hui ; de l’opérette bon enfant où le burlesque côtoie la caricature au radio drame et au roman.
Comme il le dit lui-même : « J’aime ce qui est trouble, équivoque. L’univers du théâtre français actuel est trop sage, trop propre. Cela manque de violence, de radicalité, de polémique. L’humour, la comédie sont mal vus, par exemple. On est prisonnier de la hiérarchie des genres »
Alors que tout éclate ! »
Michel Corvin ( décembre 2002)
“ (…) Le seul fait qu’existe Eugène Durif fout en l’air cette antienne stupide selon laquelle il n’y a pas d’auteurs, ou si peu, en France. Durif est l’un de nos plus sûrs poètes de scène et l’on voit cet homme doux, courtois, l’air un peu dans la lune, porter le fer de la pensée jusqu’à ses plus ultimes conséquences dans le ventre mou du désespoir contemporain (…)
Jean-Pierre Léonardini, (L’Humanité , 29 novembre 1999)LA TETE CASSEE MAIS LA VOIX QUI CHANTEDOGGY LOVE ______