Le NoirIl est mystère et deuil, glamour et mort, fétichisme et obscurité, sensualité et peur; on ne peut parler de couleur sans lui. Il est le Noir. Il a traversé le temps et les arts en distillant autour de lui une véritable fascination.Au Moyen-Âge, son image a été souvent noircie. Les croyances l’associaient fréquemment à de noirs desseins. Le Noir était diables et enfers, tristesse et mort, et représentait parfois, squelettes, démons et chevaliers errants, noyés dans une solitude amère. Cependant, il n’en demeurait pas moins magistral et flamboyant! Un peu plus tard, avec le peintre Michelangelo Merisi dit Le Caravage, le Noir se fait lumière. Quoi de plus beau et de plus poétique dans le tableau, l’amour endormi (1608-1609), que ce Cupidon baigné dans cette “sombre clartéâ€. Il dort paisiblement dans un écrin d’ébène profond, où l’ardeur amoureuse se trouve soulagée,où le Noir d’une omniprésence glaciale se fait chaleureux cocon. Le Noir révèle alors dans un réalisme criant, les lignes dodues et dorées du doux angelot; la chair crue et vivante engloutie dans une noire rêverie. A présent ami des peintres et de la peinture, le Noir martèle de son épaisse magnificence la pertinence de la Nature.A partir de 1800, le siècle se fait Noir. Sa riche étoffe de jais vient recouvrir avec éclat tout un empire. De la peinture à la littérature, en passant par les esprits éclairés, il arrive submergeant de sa poésie et de son intensité l’inspiration de toute une époque. (...) C’est le temps de la rêverie et du mystère, le Noir est secret, énigme et volupté. Les figures sont pâles et muettes, tandis que leurs esprits baignent dans une obscurité aliénante, flirtant perpétuellement entre Eros et Thanatos.Mais, c’est avec l’avènement de l’Art Contemporain, que le noiraud Noir se pare de toutes ses “couleursâ€. (...) Le Noir a atteint à présent, n’ayant jamais abandonner les ombres de son passée, sa plus grande luminescence.Anna G.