FR VERSION :
On néglige souvent d’évoquer l’originalité de la scène dub française qui, par rapport à ses grandes soeurs anglo-saxonne et jamaïcaine, a d’emblée privilégié la version live [musique jouée en direct avec des instruments couplés progressivement à des claviers séquenceurs] au règne des bidouillages en studio. Et concernant Kaly Live Dub, comme son nom l’indique, le live est une seconde nature : nourrissant à la fois son goût pour l’expérimentation inédite, son penchant pour une liberté artistique totale et son aptitude à l’improvisation. C’est donc sur scène que le groupe a d’abord bâti sa solide réputation avant de digérer dans les derniers soubresauts du 20e siècle une authentique révolution technologique (principalement via l’utilisation des samplers) quant à la manière de composer sa musique, et de nous gratifier de quelques galettes de 1er choix. Ainsi, après trois albums pour le moins remarqués (Electric Kool Aid paru en 2000, Hydrophonic en 2002 et Répercussions sorti chez PIAS en 2005), le groupe a pris son véritable envol, multipliant les concerts et les rencontres originales : partageant la composition d’un disque avec leurs cousins et voisins de pallier High Tone – Kaltone en 2004 chez Jarring Effects – ou en testant sur les planches tous les enchevêtrement soniques possibles avec le "trip-jazz-hop-er" Erik Truffaz !
La marque d’un collectif aujourd’hui mature qui s’enrichit dans les chemins de traverse, en prenant au pied de la lettre (et de la note) le métissage des musiques actuelles amplifiées. Il n’est pourtant pas si loin le temps où Kaly biberonnait du Lee Perry et du King Tubby en s’essayant au reggae roots dans la fourmilière lyonnaise des pentes de la Croix Rousse. Fidèle à ses racines, le groupe s’est depuis servi du dub comme d’une solide fondation, tant rythmique qu’intellectuelle (un feeling), laissant libre cour à son imagination et à toutes sortes de pérégrinations sonores, rendues possibles par l’utilisation de machines infernales. Déjouant les carcans médiatiques, la musique de KLD est bien sûr teintée dub ; mais elle est également sombre et électronique, noïse et urbaine, psychédélique même et surtout excessive
Alors non les cinq Kalymen ne sont pas les énièmes trublions du ska-reggae-festif à papa… ce qui ne les empêchera pas de vous scotcher au plafond la prochaine fois que vous les verrez On Stage ; titre de ce CD DVD Live paru l’an dernier et résumant à merveille une année scénique écoulée.
Fort de ses expériences multiples et de son goût du contre-pied, le quintet signe aujourd’hui un album majeur (Fragments chez Pias) qui taquine l’electro dub noïse du coté complètement dark de la force. Et disons de suite que l’on reconnaît à l’écoute de ce nouvel enregistrement la patte de l’ineffable Fred Norguet (studio Pole Nord à Blois) qui a plutôt l’habitude de "coacher du lourd" (Sleepers, Burning Heads, Lofofora, Ezekiel etc.) et qui nous a façonné en l’espèce un son vraiment rentre dedans et d’une ampleur absolue, à même d’envahir tout votre espace. Les compos prennent alors un sacré coup de boost et définitivement non ! cette musique ne tient pas entre quatre murs…
Produit ainsi sur mesure, ce 4e opus de Kaly Live Dub vous convie à un voyage sonique intergalactique (!), compilant des bruitages venus d’ailleurs (Comma) et des ambiances limite transcendantales (Broken atom) à des séquences parfois teknoïdes sur-vitaminées (RavMonE.exe). Nul besoin de produits disons grisants… pour vous retrouver satellisé fissa en orbite d’une Star Wars dont les seuls Kalymen connaissent la destinée. Ici un violon, là une voix hybride (Magnetic Dust), ici une respiration rythmique (The Crumb) et là une guitare hypnotique, sauront vous reconduire le moment venu vers les Fragments de lumière de la planète bleue.
Fragments et Horizons divers, comme les sources de la musique de Kaly Live Dub et comme l’avenir qui s’ouvre aujourd’hui à eux, toujours en direct live.
(LZ, printemps 2008)
UK VERSION:
We often forget to evoke the originality of the French dub scene which, contrary to its English and Jamaican sisters, immediately privileged live music (real instruments progressively mixed with sequencing keyboards) over studio tricks.
For Kaly Live Dub, as their name says, live music is a second nature, giving free way to their taste for new experimenting, as well as their total artistic freedom and their talent in improvisation. So it’s on stage that the group first built a solid reputation before tackling a genuine technological revolution in the last uproars of the 20th century (mainly through the usage of samplers), and offering us a few masterpieces of their own. Thus, after three remarkable albums (Electric Kool Aid in 2000, Hydrophonic in 2002 et Répercussions released by PIAS in 2005), the group really took off, multiplying concerts and original collaborations. They wrote an album together with their cousins and next-door neighbours High Tone (Kaltone, Jarring Effects, 2004) and tried out on stage all sorts of sound entanglements with the trip-jazz-hop-er Erik Truffaz!
It shows how mature this collective has now become, enriching their music from side roads, and taking to the letter (and to the note) the crossbreeding of nowadays amplified musics. It hasn’t been that long though, since Kaly fed on Lee Perry and King Tubby and started trying out reggae roots on the Croix Rousse slopes of Lyon. Faithful to its roots, the group since used dub as a solid foundation, both rhythmical and intellectual, giving free way to their imagination and all sorts of sound experiments, made possible thanks to the use of infernal machines. Avoiding media collar shackles, KLD’s music has of course a definite dub feeling about it; but it’s also dark and electronic, noise and urban, psychedelic even, but essentially excessive!
So no, the five Kaly-men are not the nth hellions of daddy’s festive ska-reggae... which will not prevent them from literally blowing your mind away next time you see them On Stage, title of this live CD/DVD that was released last year and that sums up perfectly the scenic year just gone by.
Strengthened by their multiple experiences and their taste for opposition, the quintet delivers today a major album (Fragments, Pias) that teases electro dub noise on the dark side of the force. Custom-tailored by the ineffable Fred Norguet (Pole Nord studio in Blois), this 4th opus by Kaly Live Dub invites you on an intergalactic sound trip, combining sound effects from elsewhere and nearly transcendental atmospheres to sometimes technoid in-your-face sequences. No need for, let’s say, intoxicating products… to find yourself satellised on a Star Wars orbit of which only the Kaly-men know the destiny.
Here a violin, there a hybrid voice or a hypnotic guitar, will know how to take you back, in time, to the Fragments of the blue planet.
Fragments and diverse Horizons, just as the sources of Kaly Live Dub’s music, and just as the future which is opening in front of them today, still direct live.
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JAHSALGAR @ Brise-Glace, Annecy (74), 2003
SPOKE A L’INTER @ Nordik Impakt, Caen (14), 2004