Dimanche 6 mai 2007 Nicolas Sarkozy est élu président République au second tour de scrutin avec 53,2% des voix contre 46,9% pour la candidate socialiste Ségolène Royal. Le sixième président de la Ve République s'est engagé à être "le président de tous les Français".Mais voilà . Il ne le sera jamais pour moi. Je ne l’ai pas choisi. C’est un soir de défaite, de colère, d’incompréhension. Face au pari du changement, les fantasmes d’un vieux monde ont triomphé. Les aspirations au progrès n’ont pas supporté la concurrence de la réaction. La dictature médiatique et l’absence de mémoire ont berné et l’illusion a supplanté l’action.Comment plus de la moitié de mes concitoyens a pu porter à la tête du pays une personne qui clame incarner la rupture et le changement après avoir été au pouvoir pendant cinq ans ? Pourquoi y-a-t’il deux mondes si antithétiques? Deux visions de la société si différentes ? Deux France ? L’une qui pleure à la Bastille, l’autre qui rit à la Concorde ? L’une de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, de la solidarité ? L’autre de l’individualisme, du libéralisme exacerbé, du profit ? Une France des Droits de L’Homme, de la culture, de l’art, de la démocratie ? L’autre de l’identité nationale, des plus riches, des plus forts, qui veut liquider l’héritage de mai 1968 et revenir au modèle de l’ORTF ? La France d’avant 68, c’était le pays d’une hégémonie politique inébranlable, d’une oligarchie économique triomphante, d’une coercition médiatique assumée, d’une société civile cadenassée. Une France qui ose tout comme disait Michel Audiard, fière et décomplexée.
Cette France me fait honte. Malgré la légitimité du suffrage universel, le combat citoyen, la résistance idéologique et la refondation de la gauche sont des nécessités démocratiques.