Au début de tout était le verbe, et justement Elisabeth y excelle. Dans un métier qui se paye de mots, Elisabeth écrit bien. Vraiment bien. Ni trop, ni pas assez, il faut dire que la dame a des lettres, de qui tenir. D'abord cet auteur est une lectrice : fille d'octobre, balance née sous le doux soleil d'automne de la Côte d'Azur, toute petite, dans le Cannes de Luchino, Marcello, Federico, elle se fait des films, s'invente des vies où elle fréquente Camus, Borges, Miller, Kérouac, Rimbaud... Plus tard, c'est sûr, elle fera star, muse ou égérie. Quitte à devenir grande, elle le sera vraiment, comme cette Anaïs Nin dont elle transformera le prénom en nom. Déjà , dans son cours de danse Rosella Hightower, elle se voit danseuse, écrivain, en descendant la Promenade sur les traces d'Isadora, Virginia et les autres. Sur la Croisette en automne, elle s'invente des boulevards du crépuscule au petit pied, où elle imprègne des pas éphémères, façon Hollywood. Madame rêve : ne la réveillez pas.
C'est pourtant par la Belgique qu'elle entrera en chanson : dans les années 80, elle rencontre une inconnue nommée Maurane, et le populaire Pierre Rapsat dont elle écrit tout un disque. Mais c'est Catherine Lara qui la consacre avec deux albums hors pair : La rockeuse de diamants suivi de Série noire en ciré noir, contenant notamment La rockeuse de diamants, Flamenrock, Fatale, Don Juane, Les genoux écorchés etc. Pour l'auteur, c'est parti, et bien sûr la chanteuse ne tarde pas à suivre avec une série de 45 tours classieux : Intimidité (1985), Balance ascendant capricieuse en 86 (dont la face B, Mon père un catholique est carrément signée Gainsbourg), Canaille go with you (1987), Toutes les mêmes (1989) et l'album Les filles compliquées chez Virgin en 1991.
Car sa carrière se divise désormais entre côtés cour et jardin, un chemin de mots qui va passer par les meilleures musiques et les plus belles voix, de Maurane, Feist, Garou, Isabelle Boulay, Roch Voisine, Richard Cocciante, Daniel Lavoie, Nolwenn Leroy, Elsa, Philippe Lavil, Catherine Lara, Angélique Kidjo, Chris Mayne, Pierre Rapsat, Jil Caplan, Véronica Antico, Michel Rivard, Guy Marchand etc (pour les chanteurs) à Laurent Voulzy, Alain Chamfort, Gabriel Yared, Gino Vanelli, Calogero, Jérôme Cotta (alias Jehro),Niels Landoky, Christophe Monthieux, Dominique Fillon, Krishoo Monthieux, Michel Amsellem, Pierre Adenot, André Manoukian, Michel Coeuriot, Claude Engel, Franck Langolf, Pascal Lafa, Jean-Claude Petit, Maïdi Roth, Sylvain Luc, Didier Golemanas, Jannick Top, Serge Pérathoner, Daniel Lavoie, Christophe Balency, Laurent Macé et bien sûr Richard Cocciante encore (pour les compositeurs). Sans oublier quelques cosignatures d'auteurs avec, noblesse oblige, les meilleures plumes : David Mc Neil, Claude Lemesle, Didier Golemanas, Will Jennings. il n'y a décidément pas de hasard.
Et comme elle aime varier les plaisirs, Elisabeth écrit aussi des textes pour le cinéma : Manon des Sources (Claude Berri), Le Roi Lion (Walt Disney), La Petite Sirène (Walt Disney), Héroïnes (Gérard Kraszwick) et tout récemment le film événement Paris je t'aime (collectif les frères Coen, Gus Van Sant, Wes Craven, Alexander Payne, Olivier Assayas etc.) au casting comédiens-réalisateurs de rêve pour lequel elle a écrit deux chansons dont l'une La même histoire est le générique de fin, composée par Christophe Monthieux, adaptée en anglais par Will Jennings et interprétée par Feist et l'autre Paris je t'aime composée par Pierre Adenot et interprétée par Elisabeth, bonus track contenu dans le cd de la b.o du film.
En 2002, en compagnie de Richard Cocciante, elle adapte Le Petit Prince pour les planches-en l'occurence le Casino de Paris avec Daniel Lavoie dans le rôle-titre : un joli tour de force littéraire.
Et puis il y a la chanteuse, qu'on a envie d'appeler discrète : deux albums en quinze ans, autant dire le rythme Voulzy, qui confie volontiers que s'il avait été une fille, il aurait aimé être elle ! Cette année, elle nous offre donc son deuxième opus Les Heures Claires, réalisé d'un côté par Dominique Fillon (réalisateur notamment de Sanseverino que l'on retrouve d'ailleurs avec elle dans un bien charmant duo Sous les couvertures) et de l'autre par Christophe Monthieux et Laurent Macé sur des musiques des mêmes Dominique et Christophe ainsi que Michel Amsellem, Krishoo Monthieux, Claude Engel, Gabriel Yared : treize plages cool sur fond de Méditerranée, chroniques sentimentales ou paysages du coeur croqués à mi-vie comme on prendrait le temps de s'arrêter pour saisir l'infini dans la paume de sa main et l'éternité dans l'heure qui passe (William Blake). Tout Elisabeth est écrit dans ses titres, qu'elle vous tend en scène comme de petits miroirs et qui nous donnent des nouvelles d'une étoile rare, celle qui brille toujours à part dans nos lointains ciels d'août... (Pierre Achard)Dernières nouvelles : Album “Calypso†de Philippe Lavil (sortie prévue ce 17 septembre 2007) qui revisite la musique calypso de l’archipel caribéen au large du Vénézuela. Elisabeth y signe plusieurs morceaux en compagnie de David Mc Neil, Christophe Monthieux, Gérard Manset, David Hallyday, Andy Narell, Marie-José Alie et Philippe lui-même... Certains musiciens sont venus spécialement de Trinidad et Tobago, ces îles où est né le calypso, musique de carnaval qui a participé à la naissance du shuffle puis du ska à la fin des années 50, et de la soca dans les années 70. Parmi ses représentants illustres, on se souvient, entre autres, de Mighty Sparrow, des Andrew Sisters, Harry Bellafonte et Robert Mitchum... la pochette est d’ailleurs un clin d’oeil à l’originale de Robert Mitchum (album culte qui a explosé dans les charts US à l’époque) puisqu’elle reproduit l’esprit du disque : chanteur crooner, avec autodérision et langueur, filles faciles et rhum vieux...