La petite Marguerite Boul'ch, d'ascendance bretonne, travaille tôt et fréquente les estaminets chantants de Levallois-Perret. Démarcheuse à domicile, elle va proposer à la belle Otéro - la plus célèbre courtisane de son temps - un "rénovateur facial". Otéro décline la marchandise, mais trouve la gamine charmante... et l'aide à débuter à l'Univers, avenue de Wagram. Rebaptisée "Pervenche", elle entame une jolie carrière. A la Taverne de l'Olympia - où elle chante pour un litre de café et des croissants - elle rencontre Robert Hollard, un jeune bourgeois amateur de music-hall. Il la dégrossit, l'engrosse et l'épouse. Elle perd son enfant, gagne un nom de scène : Frehel, du nom du cap breton. Frehel devient une étoile de la haute noce, pendant que son mari se console avec Damia. Rencontre avec Maurice Chevalier... passion, avant que Chevalier pris de peur à son contact, il s'est accroché à la cocaïne, la lâche pour Mistinguett, plus utile à sa carrière.
Frehel ne s'en remettra jamais : elle fuit Paris et la France ; Saint-Petersbourg, Bucarest, Constantinople... d'où l'ambassade de France la rapatrie, droguée à mort, en 1922. La fine Pervenche s'est muée en une matrone encore plus appétissante quand en 1925 Paul Franck orchestre à l'Olympia le retour de l'"Inoubliable inoubliée". L'heure est au jazz, mais la crudité de Frehel, ses couplets réalistes - elle chante Du Gris - et sa faconde la réimpose parmi le splus populaires chanteuses de music-hall - l'attachement populaire à la "Madame Sans-gêne de la chanson" est quasi viscéral... physiquement la dégringolade continue, entérinée par le cinéma : de La rue sans joie au Roman d'un tricheur, de Pépé le Moko à La Maison du Maltais, Frehel impose sa silhouette de pls en plus empâtée ; des yeux kalmouks surplombant les pommettes bretonnes.
Frehel est morte dans la misère, mais la foule était à son enterrement pour un dernier hommage.
Hélène Hazera in Libération (15 février 1990)
Fille de concierges, Marguerite Boul'ch naît à Paris en 1891 (14 juillet ndlr). A 5 ans déjà elle chante dans les rues en guidant un aveugle. Elle a quinze ans lorsqu'en démarchant pour une marque de produits de beautés dans les théâtres et les music-halls, elle fait une rencontre essentielle pour son avenir en la personne de La Belle Otéro. Celle-ci est conquise par le physique et par la voix de la jeune adolescente et lui permet de débuter sous le nom de Pervenche. Entre 1908 et 1910, elle entame une jolie carrière et connaît un beau succès populaire. c'est alors qu'elle rencontre Robert Hollard qui l'épouse. Elle va désormais s'appeler Frehel et devient une grande vedette ; son public est littéralement envoûté par sa grande beauté et par la force dramatique qui se dégage de cette voix au timbre chaud et puissant, mais jamais vulgaire.
Son mari la quittera bientôt pour Damia, tandis qu'elle se consolera très vite dans les bras de Maurice Chevalier. Mais trop de succès, trop d'excès auxquels s'ajoutent de terribles déceptions amoureuses, Frehel disparaît durant onze ans du côté de Saint-Pétersbourg, Odessa, Bucarest, Istanbul... Elle revient de cet exil, physiquement méconnaissable en 1922 et fait sa rentréesur la scène de l'Olympia en 1925. Frehel se bat alors avec cette voix bouleversante, sortant du ventre autant que du coeur, et retrouve son rang de vedette... Mais c'est désormais un regard sans illusion qu'elle porte sur l'avenir.
Au cinéma, l'authenticité de sa nature et sa gouaille des faubourgs font merveille : Coeur de lilas (1933), La rue sans nom (1933), Amok (1934), Le roman d'un tricheur, Pépé le Moko, Gigolette (1936), Le puritain, L'innocent (1937), L'entraineuse, La maison du Maltais, La rue sans joie, Une Java (1938) L'enfer des anges, Berlingot and cie (1939), L'homme traqué (1946), Maya, Un homme marche dans la ville (1949)
Le 3 février 1951, cette interprète majeure de la chanson française meurt seule et misérable dans un hôtel de passe de la rue Pigalle. Frehel ressemblait à ses chansons et ses chansons lui ressemblaient. Dans cet univers, la misère, la débine, la poisse, les bistrots louches, les amours faciles et les copains d'un soir... Frehel fut la plus émouvante et la plus authentique cigale de notre music-hall.
André Bernard
Plus qu'une Piaf, Fréhel représente l'âme de la chanson réaliste de l'entre-deux-guerres. Parisienne jusqu'au bout des ongles, malgré ses origines bretonnes, LA Fréhel a mené une vie de misère et a su retranscrire, dans les trémolos de sa voix vieillissante, la souffrance d'une femme abandonnée.L'âme de la chanson réalisteTantôt drôles, à la manière des comiques troupiers, tantôt poétiques et déchirants, les textes de ses chansons sont à l'image d'un Paris populaire et miséreux tant prisé par le monde du cinéma.C'est justement au cinéma que Fréhel exprimera l'étendue de son talent. Seule et détruite par l'alcool et la drogue, elle finira ses jours dans un hôtel louche de la rue Pigalle, et laisse à jamais le souvenir d'une femme fragile, d'une artiste en suspens entre le gris et le blanc.Paris fin de siècleMarguerite Boulc'h naît à Paris le 14 juillet 1891, de parents concierges d'origine bretonne. Enfant de la rue, elle fait ses premiers pas dans les quartiers misérables de la capitale française.A cinq ans, elle pousse la chansonnette en accompagnant un vieil aveugle à la recherche de quelques pièces. Plus tard, elle cherchera à échapper à la pauvreté en cumulant les emplois.Adolescente, alors qu'elle vend au porte à porte des produits de beauté, le culot la pousse à rencontrer la Belle Otero, reine du music-hall de l'époque, dans sa loge où elle se prépare pour son tour de chant.Séduite par le physique de la jeune fille et par son audace, la grande artiste lui propose les services de l'éditeur Labbé et l'invite à se produire sous le nom de Pervenche. Pendant deux ans, de 1908 à 1910, la petite Marguerite fera ses armes dans le music-hall au café de l'Univers, en interprétant des titres de Montéhus.D'une grande beauté, Pervenche est séduite par Robert Hollard, dit Roberty, comédien et professeur de chant, qui devient rapidement son mari. Ensemble, ils auront un enfant, mais ce dernier ne survivra pas. Tout comme Piaf, qui vécut de façon similaire une vie miséreuse, la perte de cet enfant scelle le début d'une descente aux enfers.Damia et ChevalierAbandonnée par son mari, qui se jette dans les bras de la grande Damia, celle que l'on surnomme désormais Fréhel (en hommage au Cap Fréhel, de sa Bretagne d'origine), se console avec Maurice Chevalier. Mais l'idylle ne dure pas et la chanteuse subit à nouveau la rupture amoureuse.A l'inverse de sa carrière professionnelle, somptueuse (elle est une grande vedette du music-hall), sa vie privée est un véritable désastre. Lasse de cette vie, elle tente de mettre fin à ses jours, échoue, puis quitte l'Europe en 1911 pour les pays de l'Est.De la Turquie à l'URSS, elle errera pendant plus de dix ans, se vautrant dans la drogue et l'alcool.C'est une Fréhel méconnaissable qui regagne Paris en 1923. Méconnaissable mais "inoubliée". Car elle obtient toujours le succès pour ses prestations scéniques remarquables et remplit l'Olympia en 1924, se présentant comme "l'inoubliable inoubliée".Si elle a perdu de sa superbe (elle est désormais une femme forte aux traits vieillis), sa voix a gagné en émotion et en puissance, une voix que Chevalier disait "rauque, comme venant du ventre". Chacune de ses chansons soulève les tripes et le coeur, portant aux nues le chagrin et les amours meurtries.CinémaSon physique est unique et naturellement attire les regards. Son accent "parigot" et sa "gueule" de mère maquerelle font d'elle une vedette du cinéma. De Coeur des Lilas en 1931 à Pépé le Moko de Duvivier avec Jean Gabin, en passant par L'homme traqué (1946), Le puritain (1937) ou encore Le roman d'un tricheur de Guitry, Fréhel promène son allure authentique avec simplicité. Mais rien ne lui rendra son bonheur et son innocence perdus.Marquée par la vie et ses malheurs, Fréhel s'oublie dans les paradis artificiels. Le 3 février 1951, elle meurt seule, dans la chambre d'un hôtel de passe de la rue Pigalle, abandonnée de tous mais inoubliée.Humaine et authentique, marquée à vif par les souffrances d'une existence solitaire, Fréhel reste encore aujourd'hui une référence dans la chanson française de l'entre-deux-guerres.Interprète de La java bleue ou de La der des der, de La coco ou encore d'Où sont tous mes amants ?, elle influença des générations d'artistes (Mano Solo, Trenet, Higelin, Têtes Raides, ...) sans jamais tomber dans l'oubli. Quand une grande interprète sensible et vraie, porte le masque de la tragédie...Sébastien Brumont
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la maman et la putain
Vidéo envoyée par herve31
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