Marc Lapeyre traverse les tendances : originellement skater et fan de rock et de funk US, il passe à la culture rave de Manchester puis à la techno des années 90, pour finalement digérer toutes ces influences dans Finders Keepers. Fondé avec Benoît en 2000, Finders Keepers (nom d’un film de Russ Meyer, figure fameuse de l’érotisme sixties) creuse d’abord dans le sillon du big beat. L’esthétique cinéphilique les amène à s’intéresser très tôt au cinéma érotique des années 70. Proche du milieu de l’image, le duo signe logiquement les musiques de productions porno françaises diffusées sur Canal +. C’est ainsi que Finders Keepers déploie dès l’origine son paradoxe, membre de l’underground musical et maillon d’une filière ultra rentable du show-business. Dans le sexe de la bête... Avec sa seconde complice Talithaa, Finders Keepers déploie ensuite son identité vers l’électronica. A la suite de désaccords avec ces deux partenaires, Marc se retrouve à chaque fois en solitaire à la tête du projet : Finders Keepers ne devait finalement être porté que par lui, comme s’il s’agissait d’une seconde peau.Le projet musical mûrit en un agencement de plus en plus fin de toutes ces influences. Si le son de Finders Keepers côtoie aujourd’hui ceux de la new school électro européenne ou de l’after techno anglaise à la Border Community, l’esthétique que Marc affectionne est définitivement rétro-futuriste, admirative de la perfection du travail des designers allemands et italiens des années 60/70, la déco des films de Kubrick (une de ses rares idoles)... A son panthéon musical personnel, les grands singuliers font aussi autorité : le travail imagé du chanteur/musicien protéiforme et surdoué Mike Patton, l’électro implacable et référencée des Chemical Brothers (alias Dust Brothers lorsqu’ils alimentent la B.O. des films de David Fincher), l’électronique dézinguée et idiosyncratique d’Aphex Twin… Des influences à la fois sophistiquées et brutes par essence, toutes se confrontant aux extrêmes limites technologiques et humaines de la musique d’aujourd’hui. Dans son studio, l’artiste manie tous les outils : laptop, synthétiseurs, boîtes à rythme, basse, guitare, micro, effets… Par ailleurs, s’il y a une dimension sudiste chez le musicien, c’est son côté réfractaire et imprévisible. Autonome à l’excès, voire paranoïaque sur le modèle d’un de ses héros, le Tyler de Fight Klub, Marc assène “It’s my job to be confused†dans un de ses tracks. Cette approche instinctive et caractérielle favorise chez Finders Keepers une sorte d’intemporalité qui lui permet d’adopter une multitude de partis-pris musicaux sans se révéler contradictoire. Les territoires émotionnels de Finders Keepers oscillent sans cesse entre tracks dancefloor et morceaux atmosphériques, sont tour à tour cyber, pop, percutants, rétro-futuristes, glacés ou lyriques.Une facture complexe qui a contribué à instituer Finders Keepers comme le secret (trop) bien gardé de la scène électro. Le Marseillais monte peu à l’assaut des labels (en 2004, il crée le sien Royal Dust, qui a produit un mini-album) et peu sur scène sauf pour des événements qui ont repéré son live (au laptop ou en groupe, une formation avec basse et batterie) : le réputé festival Marsatac, Le Batofar et Le Tryptique à Paris, le Dock des Suds pour la Fiesta, notamment. Ils ont reconnu en Finders Keepers une préfiguration de la musique de demain, nourrie des pratiques anciennes mais domptant les machines, alimentée par une multitude de passés mais déjà totalement investie dans un futur plus que jamais incertain et enivrant.Finders Keepers est un des projets électroniques les plus excitants nés dans le Sud de la France, porté par Marc Lapeyre, multi-instrumentiste héritier à la fois des technologies sophistiquées de l’électro et des univers troubles du rockBIO BY HERVÉ LUCIEN
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