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SVINKELS DIRTY CENTRE« Le Dirty Centre, ce serait un pays entre la France et les Etats-Unis, dont le président serait Snoop et où tous les soirs à 20h il y aurait Turbo »Après deux albums – et autant de maxis – étalés sur plus d'une décennie, les Svinkels reviennent enfin dans les bacs avec le très attendu Dirty Centre, une troisième galette généreusement enrichie en matière (sonore) grasse. Après les acrobaties textuelles de haute voltige de Tapis Rouge (1999) et les phases périlleuses plaquées sur les gros sons qui jalonnent Bons pour l'asile (2003), Gérard Baste, Nikus Pokus et Mr Xavier livrent aujourd'hui un disque totalement décomplexé, déluge électronique noyé d'infrabasses dompté par les flows plus techniques que jamais des trois MC's.Cinq ans, c'est le temps qu'il aura fallu au trio pour sortir un nouvel opus (si on excepte la compilation "DJ Pone réveille le Svink" en 2005). Une attente due notamment au déboires du groupe avec les maisons de disques (ils en changent – ou plutôt on les fait changer – à chaque disque), aux diverses collaborations de ses membres (Xavier chez Sébastien Tellier et Cosmo Vitelli, Baste avec le Klub des 7…) et surtout au soin méticuleux apporté à la composition : "on a maquetté l'intégralité du disque une première fois sur des instrus de Nikus, Drixxxé et DSL avant de faire appel à un arrangeur, Ludovic Bource – alias Dr Crunkenstein, qui nous a complètement re-composé l'album : on est arrivés avec un Flamby et on est repartis avec trois kilos de pâté".Outre la référence évidente au "dirty south" (déclinaison électronique et minimaliste du rap qui cartonne depuis quelques années aux US), le Dirty Centre du Svink est un concept hybride à mi-chemin entre les influences américaines du groupe (new-yorkaises, west coast, crunk…) et la culture franco-franchouillarde ouvertement revendiquée qu'ils étalent grassement à longueur de couplets. Une des plus belles illustrations du concept étant ce drapeau tricolore dont le bleu a été frappé des étoiles américaines. Avec Dirty Centre, les Svinkels creusent le tunnel sous l'Atlantique à la voiture-bélier.Thématiquement, Dirty Centre reste un album 100% Svinkels et évolue encore à des années-lumières d'un rap français sclérosé dans ses clichés et incapable de voir plus loin que le bout de son quartier. Bien qu'étant le fonds de commerce de poids lourds US comme Redman ou Method Man, la décadence sexo-éthylo-narcotique façon "France d'en bar" du Svink fait rougir la bande FM et effarouche les amateurs de "vrai peura" made in banlieue. Dirty centre se présente comme l'album de l'immaturité.Forts de leurs 450 concerts, c'est avant tout sur la route que les Svinkels se sont forgés une réputation des plus solides (et des plus méritées), enflammant pendant près de dix ans les scènes les plus prestigieuses de France et d'ailleurs (Eurockéennes, Printemps de Bourges, Les Francofolies – La Rochelle, Spa et Montréal – Dour, Paléo…) et ouvrant la voie à toute une frange du hip hop français indépendant. DJ Pone souhaitant se consacrer plus assidûment au projet Birdy Nam Nam Nam, c'est désormais épaulés par un groupe (guitare/basse/batterie/clavier) que les Svinks défendront, le micro entre les dents, ce nouvel album sur scène, avec une escale prévue le 11 novembre à l'Olympia.Lancé sur le tapis d'asphalte brûlante déroulé par le Dr Crunkenstein, le bulldozer Dirty Centre fonce à pleine vitesse… droit dans le mur !Impact le 16 juin 2008.