CORPS FERMENTESCIBLE
J'ai donné mon corps au nettoyage à sec.
Je ne sentirai jamais plus tes mains sur moi.
Une fois les souvenirs et blessures javellisés,
Une virginité nouvelle me sera acquise,
M'ont-ils promis.J'ai confié mon cœur au grand manitou.
De lui, je n'eus que paroles réconfortantes.
Mais voilà , j'emmerde son charabia mystique.
Une fois les désirs annihilés, anéantis,
Vous serez comme neuve, m'a-t-il assuré.
Foutaises et fadaises…Quand j'eus bien été palpée, analysée,
Disséquée,
Que les hommes ont tracé des sillons
De bave, entre mes seins, avec leur langue
Humide,
Quand j'eus bien été tournée et retournée
Comme un cobaye de laboratoire,
Quand j'eus bien été caressée et aimée,
Tous m'ont confirmé s'être lassés de moi.Cet amour fétide qui m'animait,
Je le fous à la trappe, fini, casse-toi,
J'vais m'enfermer dans un sleeping-car
Et rêver que vous m'avez tous abandonnée.
Alors, enfin seule, je serai bien.
Ah oui, je serai bien.Tanger, le 30/10/08
S.G.B.
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JE PENSE MES PLAIES, face au grand vide de la vie.
Ils sont las, ceux qui m'accompagnaient pour le grand voyage. Las et là . Jamais très loin de mes souvenirs. Sombres remembrances. Je pense mes plaies. Je pense. Sparadrap sur mes colères, je me fais douce comme après la tempête. Orageuse, et solennelle. Je pense mes plaies. J'ai endossé bien des dommages. Tué l'énergie qui filait en moi, araignée tisseuse de vilains songes. J'ai tout cassé. Je les hais tous. Je les ai tous aimés. Tous. Que me restera-t-il quand je serai vieille. Et laide. Et que vieille, je ne saurai plus dire jusqu'à mon prénom. Je pense mes plaies. Et m'apprête à faire le grand voyage. Le grand saut vers l'inconnu. Je pense mes plaies. Je cicatrise à merveille.[S.G.B. Tanger, le 3 nov. 08]
