La légende raconte qu’Allan Stocker vécut durant la deuxième moitié du vingtième siècle, en Europe, puis aux Etats-Unis. Issu d’une famille d’artistes peintres et de musiciens nomades, il sillonne l’Europe durant son enfance, de communauté en communauté. Il apprend alors, les lois de la nature et acquiert des rudiments de guitare et de chant. Il devient, dès son enfance, l’incarnation d’un chant errant .
Sa mère, psychologiquement instable, est au centre de l’œuvre d’Allan Stocker. Il la suivra quand elle quittera l’Europe pour les Etats-Unis, pour vagabonder sur la route des travaux saisonniers. Tous les deux s’enfoncent dans l’alcool et la drogue (ou plutôt les drogues) qui trouvent alors, avec le mouvement psychédélique, un nouvel essor, dans une Amérique des années 70, en plein boum industriel.
A la mort de sa mère, Allan reçoit pour seul héritage, une vieille guitare baryton. Se retrouvant seul, il alterne courtes peines de prison pour détention de stupéfiants et séjours en hôpital psychiatrique où il se rend généralement de lui-même. Ces expériences d’enfermement font intégralement partie du processus de création d’Allan Stocker et de son éternelle quête du silence. Elles laissent une trace des tentatives de stabilisation qui émaillent son errance.
Les circonstances de sa mort sont troubles. Toujours est-il qu’elle intervint peu de temps avant son premier concert officiellement programmé en duo, avec Martin Bauman, sous le nom de « The Broken Freaks ».
L’auteur : Allan Stocker est l’essence même de la folk. Son voyage est emblématique d’un incroyable échange artistique et humain qui dure depuis des dizaines d’années entre les cultures européenne(s) et américaine(s). Il est pour nous, l’ambassadeur d’un flou artistique en constante évolution et malgré une vie fruste et paumée, il émane de son œuvre de vraies valeurs comme l’amitié, la fraternité ou la sincérité (You, My Friend, All Alone). Allan Stocker a écrit plus de la moitié de ses compositions entre quatre murs. Paradoxalement, il se dégage de sa musique, une incroyable sensation d’amplitude et d’espace. Ces douces ballades folk comme « I feel so lonely » sont aux antipodes d’un monde de plus en plus bruyant. Allan Stocker va même jusqu’à dénoncer l’extrême pollution d’un système destructeur, le libéralisme, dans « Unnatural », son hommage au jeune Bowie. Marginal, il n’en est pas moins philosophe. Un questionnement récurrent ponctue ses textes ( My Friend , Is it you ?, What can you do ?) et nous pousse à une réflexion sur la nature humaine. C’est un mode d’écriture qu’Allan Stocker affectionne particulièrement .
L’orchestre : le projet est mené par quatre étudiants en musicologie. Ils ont découvert l’existence de l’œuvre d’A S, lors de leurs recherches sur l’évolution de différents courants musicaux, dans l’échange interculturel Etats-Unis/Europe. Depuis, ils n’ont de cesse de faire connaître au monde, la subtilité de la musique d’Allan en y apportant le maximum de sensibilité. Ils respectent les influences de ce compositeur hors pair, dont la reconnaissance devra attendre le début du vingt-et- unième siècle. L’orchestre, qui porte aujourd’hui son nom, est habité de l’âme d’Allan qui est aussi l’âme de tous les musiciens, artisans et paysans qui ont quitté nos côtes européennes, pour vivre une aventure prometteuse de l’autre côté de l’Atlantique. Les membres de ce quatuor sont tous des enfants de ce brassage permanent et sont à même d’exprimer cette saudade .