Au commencement étaient Les Dirty Nose Holes . Dans les Côtes d'Armor, au début des années 90, Jeff et Cédric décident de former un groupe de rock "pas comme les autres". Influencés toutefois par Sonic Youth, The Residents, Napalm Death et Leonard Cohen, ils s'emparent de toute sorte d'instruments (guitare acoustique, clavier bontempi, xylophone, casseroles) pour composer des "berceuses de l'au-delà ". Leur premier titre Alone se révèle être une banale complainte amoureuse. Viendront ensuite de longues plages sonores très inspirées par les ragas indiens, ponctuées d'interventions vocales monocordes (en anglais) rappelant les voix-off des polars vus par hasard à la télévision. Notons bien que toutes ces "interventions musicales" ont été enregistrées sur un magnétophone-k7 et, malgré la qualité approximative de ces titres, quelques fans se feront connaître du coté de Saint-Brieuc... Aucune prestation scénique ne sera donnée, ou bien peut-être sur un nuage... Le duo se sépare en toute intelligence car Jeff doit effectuer son service militaire et Cédric passe son bac pour la deuxième fois. Ils continuent de se voir et se refilent des conseils lorsque l'un ou l'autre vient de "pondre" un nouveau titre. En effet, durant ses permissions, Jeff trouve le temps de créer des collages sonores.
Sous le pseudo Intelligentsia Hertz , il enregistre des extraits de l'émission de radio "l'atelier de création radiophonique" et les couple avec des clicks'n'cuts issus de cds défaillants (best of de REM, compilations cheap de bossanova). Il revendique l'influence de la scène indus et/ou noise (Psychic Tv, Helios Creed, Shellac, Bastards); il se rapproche, sans le savoir, de la musique contemporaine (Philip Glass, Pierre Schaeffer, Francis Larvor). Aujourd'hui, notre homme aurait délaissé la musique pour s'occuper de sa famille. Quant à Cédric, entre deux cours de philo, il a appris les rudiments de la guitare et s'essaie à composer des titres "convenables".
Sous le pseudo de Boho (du nom d'un acteur de comédies musicales égyptiennes (!)), il ne cache pas son intérêt pour les Go-Bewteens, les Housemartins ou Beck dont le tube Loser sera le déclic. Sa première composition s'intitule Never Try To Lose You (In My Dreams). Ses démos rappellent une sorte de Syd Barrett haut perché. Baccalauréat en poche, le lascar vient faire des études d'anglais à la fac de Rennes, il n'est guère discipliné, privilégie les rencontres durant les pauses-café,les vernissages, les concerts. Il y rencontre Nicola, féru de pop-music 60s et dingue de technique d'enregistrement, depuis qu'il s'est offert un magnéto-4 pistes. Ce dernier lui propose de re-masteriser ses démos. Nait alors une complicité musicale lorsque Nicolas lui fait écouter une nouvelle version de Never Try To Lose You trés inspirée par les Stone Roses, Massive Attack, le trip-hop.
Devenu végétarien et fan de la scène "hindie-pop" (Asian Dub Foundation,Talvin Singh & Co), Cédric emprunte la recette de son vieux complice Jeff, le collage, pour écrire des "raps militants mais groovy". S'impose le nom de SPIRITUAL KARAOKEY . Tout un programme qui verra des séances de bidouilles improbables (musique balinaise et beats hip-hop, riddim dub et bande passée à l'envers de free jazz) associées à des sessions d'enregistrements improvisées. Cédric fait autant appel à Sylvain pour jouer de la basse qu'à ses petites camarades de fac pour pousser la chansonnette: Maud - qui se prend pour la chanteuse de Dead Can Dance - ou Rozenn fan de Billie Holiday et Lydia Lunch. Son seul regret sera l'absence de Florence (prof de violoncelle perfectionniste), Yoan (guitariste très proche de la scène post-rock de Chicago (Slint, Jim O' Rourke)) et de Basile, batteur des Last of 7 (combo nantais très épris de krautrock). Six titres verront le jour, le leader du "groupe" se voit très bien signé sur le label de dub anglais d' Adrian Sherwood "On-U Sound". La dure réalité le rattrapera : il est appelé sous les drapeaux ! Stand-By. Après ces dix mois "laborieux", Cédric s'en va vivre à Glasgow, histoire de "voir du pays". Au bout d'un an, il revient vivre à Rennes fan de black music en tout genre, toute époque confondue (Curtis Mayfield, Pharoah Sanders, ESG, Madlib, Fela) et se trouve un job de disquaire qui l'aidera autant à se nourrir qu'à éponger sa soif de trouvailles mélomaniaques. Spiritual Karaokey reprend son rythme de croisière d'antan, à la différence près que Nicolas s'implique un peu plus dans le projet en offrant des instrumentaux tirés de ses side-bands (cf. Sopha, Alameda 4). Cédric s'en accommode très bien, rajoutant des samples tarabiscotés et des textes plus intimistes. Spiritual Karaokey a bien failli s'appeler Suppliers of Rotten Meat mais le leader - redevenu carnivore - réalise que ce nom ne colle pas tant à l'esprit initial de sa démarche. Où l'on aura à faire à un groupe presque mature. Encore une fois le destin leur joue un tour : Nicola quitte Rennes pour suivre ses études. Standby Total ! Notons bien qu'aucun concert n'a été donné, pas même sur un nuage... Des démos ont néanmoins circulé,des fans irréductibles du groupe vivent éparpillés entre San Francisco, Barcelone, Londres, Lannion (!) et Paris.
Il serait aujourd'hui question d'un nouveau projet oscillant entre electro-minimal et spoken word sous le nom de Regular Guy ou Chico Limpton ou encore Nelson Muntz. A suivre...
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