Il fallait acheter du poisson frais pour accompagner les sashimis de la veille. Yuki trouva Gabrielle drôlement agitée. En effet, “il fallait†était la définition de Gabrielle. Il fallait dire pourquoi telle chose était comme ceci, et ceci comme cela. Il fallait dire d’où cela venait, pourquoi faire.... Enfin, il fallait tout expliquer et donner des théories sur tous les sujets, sur tous les détails de la journée. Elle était en train de devenir une encyclopédie qui mélangeait tout. C’était navrant! Elle se sentait certainement, la pauvre, tellement stressée, à cause de l’opération! Cette nouvelle tentative in-vitro! Elle commençait sérieusement à tourner en rond. Cela inquiétait Yuki, qui avait bien remarqué depuis son arrivée, que son amie n’allait pas très bien. Elle passait ses journées à bouquiner au lit ou bien à regarder la télévision. Elle était en pleine déprime. Yuki aurait tant aimé pouvoir faire quelques choses. Alors, elle souhaita très très fort que Gaby ait ce bébé, afin qu’elle se sente de nouveau exister. Elles prirent un café en terrasse, au soleil. Gabrielle parla de la maladie d’Elsheimer, que son père avait contracté depuis un bon nombre d’années. Elle fit une liste bien descriptive sur ce que son père pouvait faire ou ne pouvait pas faire. Elle décrivait chaque trait de son comportement, et lui dressa un tel tableau, que Yuki finit par en avoir peur. Il semblait que Gaby eût été obsédée par les maladies. Et tout ceci, accompagnait les nombreuses plaintes que lui procuraient ses centaines de petits bobos quotidiens. Elle était belle et bien, super angoissée. C’etait plutôt triste car elle affectionnait son amie tout particulièrement; Gabrielle était une belle femme-enfant au regard sensiblement troublant. De beaux yeux bleus… Un beau et franc sourire… Yuki prit une grande bouffée d’air, car malheureusement pour elle, elle ne se sentait pas mieux. Elle avait du mal à être d’un grand soutien: elle s’en voulait. Elle restait tout de méme convaincue que ce n’était qu’une mauvaise phase que son amie traversait. Une chose était certaine pourtant: Gaby avait complètement disjoncté!
