La chanson : sa vie depuis 30 ans, sa passion depuis 10, et son métier depuis 2. Non pas une méthode pour calculer son âge, mais une simple phrase pour exprimer l'évidence tranquille avec laquelle Aurèle entre et trouve sa place dans ce cercle très ouvert de la chanson française.
"Il est grand temps, je le sens bien / il est l'heure du jour du grand bain / dix ans de froid, de tiède, de chaud / dix ans qu'je surveille le niveau. Ma décision est hydraulique. Je me lance dans le bain public."
"Bain public", du nom de son 1er album sorti fin 2005 ; car elle veut que ça se sache, qu'on se le "lise", et qu'on l'entende. Pour cela, accompagnée de claviers, contrebasse et batterie-percussions, cette auteur-compositeur-interprète met des mélodies épurées, efficaces, au service d'une écriture rigoureuse, dans laquelle, avec ironie, dérision et provocation, les mots se jouent de la contrainte pour laisser naître les images les plus farfelues et les émotions les plus crues.
En spectacle, on rit souvent lorsque Aurèle nous présente, lors d'un intermède gonflé et cinglant dont elle a le secret, la chanson suivante ; mais on a encore le goût des larmes qu'a laissées sur nos joues, la précédente…
Un bain sucré-salé, aux vapeurs chaudes et poétiques, que cette "maître-nageuse, maître-chanteuse" nous sert sur un plateau.
Aurèle chante et elle le fait bien. Tour à tour mutine, câline ou coquine, cette enfant de la balle swingue très joliment et joue avec beaucoup de charme de la fragilité de ses aigues, de la belle couleur de ses graves. Ses mélodies se révèlent inventives et variées à souhait dans la tradition, pas si souvent honorée, de la « chanson française de qualité ». Aurèle a remporté le trophée Mozaïc, récompensant le meilleur artiste régional à l’occasion du tremplin Le Mans Cité Chanson 2006. Avant elle, cette récompense avait été décernée notamment à Jeanne Cherhal. Prometteur…