Dieu soit loué, même pour un court instant: le rock n’est pas devenu qu’un jingle pour livret d’épargne, ni un joujou rutilant entre les mains des baby rockers de la rive gauche. Quelques parrains veillent au grain et le maltraitent comme il se doit, le rock. Point de gazouillements, point de postures mais de l’attitude, des feûlements virils. Et du eyeliner, oui, mais indélébile.1998. Les fondements circulaires remontent à cette année-là . Alors qu’ils accompagnent J-L Aubert à Stockholm, pour la première fois l’idée germe: se réunir, former Le Cercle et ne jamais tourner en rond.Richard Kolinka, la fougue rythmique de feu Téléphone à lui seul, se retrouve au centre d’un Cercle à la circonférence idéale. Ceux qui l’entourent connaissent les rayons qui irradient et aveuglent.A sa gauche, Daniel Roux, son comparse de toujours avec qui il fonda son premier groupe Sémolina, tient la guitare, tisse les choeurs, fissure les voix. A sa droite, Stéphane Venant tenant la basse comme on tient la corde, arcbouté, très serré, repoussant les limites et les extrêmités.Droit devant, dans l’axe, dans la tangente exhubérante, Olivier de la Celle dit "Le Baron", trônant comme un astre dans la parallaxe. Le rock en chair et en os, le romantisme incarné en un homme, qui déjà magnifiait les chansons de Jad Wio ou de Raphaël.Le périmètre est posé, la géométrie circonscrite. Il ne reste plus qu’à écrire, jouer. Seulement voilà , aussitôt le projet est mis en veilleuse car Le Baron s’exile à Los Angeles quelques années.2004. Loin des yeux, mais le coeur du Cercle bat encore. Le dessein est resté intact, le temps n’a pu altérer le schema initial. Quand on tient une forme proche de la perfection, voyez-vous, c’est difficile d’en oublier la trace. Aussitôt retrouvés, les quatre artificiers se mettent au travail et sculptent leurs morceaux dans le brut.2008. Le Cercle existe. L’oeil, le soleil. Sa langue est universelle, sa matière intemporelle, charriant l’héritage dans le nouveau millénaire, avec force rythmique et mélodique. Le Cercle s’apprête à monter sur les rings, à descendre dans l’arêne. Préparez-vous à entrer dedans.