Mon parcours
Né avant l'Indépendance de mon pays, la Guinée, j'ai connu les années fastes -avant la dictature de Sékou Touré- où mon père était à la fois instituteur, chef d'orchestre et arbitre international de foot . C'était une sommité dans son pays, reconnu de tous. Nous vivions dans l'aisance, ma Maman possédait des plantations d'ananas, de mangues et d'avocats. C'était mon plus grand plaisir de courir dans ces terres à croquer des fruits par ci par là . C'était l'insouciance et la liberté! Mon père voyageait beaucoup, il jouait avec son orchestre tous les morceaux américains et européens. Mon enfance fut bercée par cette musique.
Puis vint le jour de la Révolution et de la dictature. Sékou Touré eut l'impudence de réclamer l'Indépendance de la Guinée à de Gaulle alors que les autres chefs d'Etats Africains, plus réfléchis, attendirent l'opportunité de négocier avec la France pour rester au sein de la communauté française.
La Guinée se retrouva du coup enclavée au milieu de l'Afrique et Sékou Touré se tourna alors vers les pays de l'Est, copiant leur politique. Le pouvoir lui monta à la tête, il n'eut de cesse d'enfermer tous ceux qui, croyait-il, pouvaient menacer son pouvoir. Nombreux furent ceux qui moururent dans le camp Boiro, sous la torture et l'horreur.
L'orchestre de mon père devint national "au nom de la révolution" et il en fut de même d'une grande partie des terres de ma famille maternelle. Nous n'avions plus de chaussures et les cordonniers fabriquaient des semelles en bois attachées par une peau de cuir, nous les avions surnommées "en attendant le bâteau". Nous n'avions plus de quoi nous habiller et étions restreints en nourriture...je captais en cachette RFI sur un vieux poste radio pour écouter les musiques occidentales. Comme nous n'avions pas de magnétophone, je me forçais à retenir les mélodies pour les reproduire ensuite. Depuis tout petit je rêvais d'être guitariste et d'avoir mon propre orchestre. Toute ma vie a été guidée par ce projet. J'ai appris à jouer la guitare sans que mon père le sache car, pour lui, les études étaient plus importantes.
Pour réaliser mon rêve j'ai quitté la Guinée à pied, par la route, me cachant des militaires et passant la frontière de Siguiri à Bamako puis Dakar. Après de nombreuses "galères", je me nourrissais de lait et de quinkéliba, je passais mes nuits à travailler la guitare et me présentais à toutes les auditions et concours possibles. C'est alors que j'ai commencé à jouer avec les orchestres locaux puis de variétés et même un moment avec les Wings pour la télévision sénégalaise RTS. Ensuite j'ai signé un contrat avec le club Aldiana à M'bour puis je suis parti en tournée avec un groupe en Belgique, Hollande et Allemagne. De retour, grâce à mes économies, j'ai formé mon propre orchestre et j'ai signé mon premier contrat avec le Club Med à Dakar.
Je suis resté de nombreuses années aux Almadies et c'est là que j'ai rencontré ma femme.
En France depuis 1991, j'exerce ma passion. J'ai sorti un 1er album "l'Incontournable" et prépare le suivant, savant métissage entre la musique africaine et le jazz, c'est le reflet de mon parcours.
Layout by: