Del Fiasco

Del Fiasco existe pour les bonnes raisons. Parti du simple désir de jouer de la musique entre amis, le quatuor a graduellement pris la forme d’une formidable machine de rock francophone; précise, puissante et programmée pour abattre les barrières musicales et culturelles.Fondé en 2006 par Vincent Gauthier et Philip Goyette, respectivement membres de Satellite of June et Les Marmottes Aplaties à l’époque, Del Fiasco savait dès le départ qu’il devait s’éloigner des bases punk rock qui ont façonné le caractère de ses membres fondateurs.« On ressentait un urgent besoin prendre nos distances par rapport à ce milieu dans lequel nous avions grandi insiste Vincent Gauthier, bassiste, chanteur et parolier du groupe. Pas nécessairement dans l’esprit, mais plutôt du côté musical. On voulait s’affranchir des clichés et des limites que s’impose le mouvement punk rock. »Si Del Fiasco a gardé quelque chose de son passé punk, c’est son énergie tapageuse. Arrivé sur la scène en rouleau compresseur dès ses premiers concerts à St-Jean-sur- le Richelieu, le groupe, en constante évolution, s’est par la suite appliqué à jouer sur les subtilités, se transformant peu à peu en monstre bipolaire, capable du plus bruyant comme du plus doux. Aujourd’hui en parfait contrôle de ses pulsions musicales, Del Fiasco s’est donné le temps d’assimiler les diverses influences de ses membres avant de se donner une identité propre, et c’est peut-être là sa plus grande force.Christophe Gauthier, guitariste halluciné et bidouilleur machiavélique, fut le premier à s’ajouter au noyau de départ. Bien qu’il n’était pas nécessaire de chercher bien loin pour le trouver (il est le frère cadet de Vincent), son arrivée au sein du projet témoigne de l’ouverture d’esprit qui caractérise Del Fiasco. « Christophe est mon frère, mais nous n’avions jamais joué ensemble dans un groupe explique Vincent. Je lui ai montré ses premiers accords, mais j’ai par la suite partagé mon temps entre différentes formations. Christophe lui s’est davantage affairé à perfectionner son art en cachette dans sa chambre. »La rencontre musicale des deux frères n’était pas sans faire d’étincelles. Abreuvé à la fontaine de John Coltrane et Frank Zappa, Christophe, avec son imposant bagage expérimental, a finalement retrouvé le chemin, moins sinueux, de son frangin en écoutant des albums de Fugazi et Neil Young en sa compagnie. « Le temps et l’évolution de nos goûts respectifs nous ont amené à finalement faire équipe ensemble. C’est un mariage naturel, quoique parfois explosif!»Soutenues par la batterie lourde et technique de Christian Roy, les incursions musicales parfois psychédéliques de Del Fiasco jouissent d’une fondation solide sur laquelle retomber. Les aptitudes en mixage et prise de son du guitariste Phil Goyette ne sont pas non plus pour nuire au groupe, qui transforme chaque semaine son local de pratique en véritable laboratoire musical, multipliant les démos comme autant de témoignages de sa créativité débordante.S’il y une seule règle à respecter au sein de ce groupe libre, c’est celle de langue, que Vincent s’impose lui-même. «Je suis médiocre en anglais. Pourquoi alors insister raisonne-t-il? On forme un groupe honnête qui ne nie pas ses origines. C’est vrai qu’il est difficile de trouver des références sur lesquelles se baser au niveau des textes et des mélodies vocales puisqu’il n’y pas vraiment de formation francophone qui s’apparente à la nôtre. J’ai bien appris quelques trucs de la rythmique vocale de Noir Désir, mais mon inspiration vient davantage de la télé, du cinéma et même des bandes dessinées. »Au moment d’écrire ces lignes, Del Fiasco philosophe sur la direction à prendre pour son premier album. À suivre…