Laurent Maginelle

Art, Literature and Music...L'eau, les cieux endoloris, le vent qui rend fou, les mouvements infimes ou brusques, les pensées macabres qui se forment, puis déforment, altèrent et distendent ma perception du monde, les matériaux durs, tout ce qui se casse, se fendille, se brise, les lumières tamisées, ces âcres et divines cigarettes qui grignotent mes poumons, l'obscurité profonde et silencieuse, des enfants qui murmurent, qui se chamaillent, qui s'amusent à se mordre la langue, les musiques que l'on devine derrière des partitions impossibles à décrypter, les monochromes sourds, la petite peinture faussement maladroite du dimanche, l'arrogance des virtuoses, la fausse modestie de celui qui se défend de savoir faire, les mots inutiles pour évoquer les images, la mort et ses corrélats, les invisibles, les phrases qui commencent par "Me, Myself" et "I", les petits commerçants, le terrorisme culturel, les alibis intellectuels, l'art tarte à la crême, les musées purulents pour les incultes décatis et complexés, le pathétisme des illuminés religieux, brasser de l'air sur la pointe des pieds, la triste gloire de la mièvrerie, les nombrilistes aux cerveaux gangrénés, les tresseurs de couronnes, l'horripilant chant des oiseaux, mon taénia adoré, arracher, scalper les montagnes, détourner les rivières, bétonner les plages, sucer des limaces aux fêtes du printemps, et le silence, le silence, encore et encore...