Après le dépouillement de " Sans tambour ni trompette ", son deuxième album, la diversité de " Bric à brac " étoffe le répertoire de Rit d'un bouquet de nouvelles couleurs. Sans renoncer à la simplicité, ni à l'intimisme qui ont rendu jusque-là si précieuse la lumineuse douce-amertume de cet homme-orchestre marseillais, ce troisième opus s'épanouit au contact d'une fructueuse variété de styles et de musiciens.
Bien sûr, les fondamentaux demeurent. Le nonchalant troubadour des quartiers Nord a depuis longtemps prouvé - " Ailleurs man ", premier 4 titres en 2001, " Auprès de mon arbre ", premier album en 2003 - son goût mêlé du reggae, du folk, du blues et de la chanson, au service d'un humanisme de rebelle zen.
Son profil de baladin à guitare, il l'a construit au rythme d'une vie rétive depuis toujours à la hiérarchie et à l'autorité. Au moule de l'école ou à celui du service militaire, Rit a d'abord opposé la résistance du rêveur indigné avant de manifester celle de l'artiste. Ado, les chansons de Renaud éveillent une première flamme. Fan du rock des années 60 et 70 (Hendrix, Led Zep), il électrise ensuite sa six cordes et prend à l'occasion ses premières leçons de blues.
Titillé par ses premières envies d'auteur-compositeur, Rit délaisse la fée électricité pour la guitare sèche, compagne plus conviviale et propice aux flâneries. Au même moment - le milieu des années 1990 -, survient le choc fondateur de sa passion pour Marley. Avec le grand Bob, le Marseillais découvre que le reggae peut marier idéalement discours tranchant et sérénité, conscience et mélodies. A l'époque, la Canebière résonne souvent des humeurs festives de groupes sous influence jamaîcaine. Plus attiré par le parcours en solitaire, ce multi-instrumentiste cultivera une décontraction plus sensible à l'intimité des émotions.
Avec son petit chariot d'homme-orchestre, il se forme longtemps à l'école de la rue, apprend à faire un show avec trois fois rien, à capter l'attention avec de bons refrains; il joue de la batterie, de l'harmonica, de guimbardes, d'un petit clavier en même temps que de sa guitare. Séduit par ce talent atypique le Printemps de Bourges le désigne " Découvertes des découvertes 2001 ".
Voyageur - un album enregistré au Bénin, en 2007, sous le nom de Jawa Rit -, attentif au passé - estomaqué par le génie de Brassens -, au présent - les bricolages hip hop blues de G-Love ou de Beck, le folk balnéaire de Jack Johnson ou Xavier Rudd - et à l'avenir - les expériences dub et electro -, Rit n'a cessé de nourrir son reggae des garrigues d'influences extérieures. Jusqu'à ce " Bric à brac " assumant la pluralité des apports.
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A télécharger: Ma reprise au "Fou du roi" des "Elucubrations" d'Antoine, revue et actualisée par mes soins...
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