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Quand la gratuité bouleverse la culture

En amendant sa copie, le ministère français de la culture espère sauver un projet de loi sur le droit d’auteur et Internet. Rédigé sous l’influence de puissants lobbies industriels (de Vivendi à Microsoft), ce texte a été torpillé par le Parlement fin décembre 2005. Exit la chasse aux « pirates » ? Mais alors, comment assurer la rémunération des créateurs ?

« Des communistes nouvelle manière veulent supprimer les incitations matérielles destinées aux musiciens, aux réalisateurs de cinéma et aux développeurs de logiciels », avertit M. Bill Gates dans un entretien de janvier 2005 (1). Depuis, cette présentation a été reprise par les armées de lobbyistes qui réclament l’extension du champ d’application de la propriété intellectuelle.

N’y aurait-il donc rien entre une vision expansionniste de la propriété intellectuelle et le « communisme » ? La culture doit-elle choisir entre la surveillance détaillée de ses utilisations, par la technologie ainsi que par les polices privées, et un régime bureaucratique d’économie administrée, entre une gratuité destructrice de la création et la maximisation du profit retiré de chaque usage de chaque œuvre ? On pourrait le croire à lire la majorité des commentaires qui ont envahi les pages « Débats » et les éditoriaux des quotidiens après le vote surprise du 21 décembre 2005 à l’Assemblée nationale.

Ce jour-là, une coalition inhabituelle rassemblant la gauche socialiste et communiste, les Verts et une partie de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) – conduite par M. Bernard Carayon et Mme Christine Boutin – a, contre l’avis du gouvernement, voté un amendement proposant un mécanisme de licence globale pour l’accès aux œuvres sur Internet.

Les députés débattaient de la loi Droit d’auteur et droits voisins dans la société de l’information (DADVSI). Ce texte est supposé transposer en droit français la directive européenne homonyme (2001/29/CE) (2). Un des enjeux est la définition du cadre juridique entourant les logiciels et les puces spécialisés dans le contrôle de l’accès aux œuvres ; sera-t-il interdit de contourner, voire d’analyser, ces « mesures techniques de protection » (MTP) qui peuvent par exemple empêcher de lire un DVD sur une plate-forme non agréée ? Le DADVSI doit également déterminer les exceptions supplémentaires au droit d’auteur reconnues pour divers usages (recherche, éducation, critique, handicap, etc.), et préciser comment l’exercice de ces droits d’usage sera effectif dans le cas où des mesures techniques empêcheraient d’en bénéficier directement. Ceux qui ont lu le texte de l’amendement voté par surprise le 21 décembre auront eu bien du mal à saisir pourquoi il a déclenché le discours manichéen cité plus haut.

« Ministère des lobbies »

Et si les vrais enjeux n’avaient rien à voir avec ces oppositions ? Et si, au contraire, existait tout un continent d’approches de la rémunération des créateurs, de la liberté d’accès et de relation aux œuvres, et de la diversité culturelle, qui ne commencent à se dessiner précisément que lorsqu’on refuse de penser dans ces cadres ? C’est peut-être justement cela qui fait peur. En tout cas, les 145 000 pétitionnaires rassemblés par l’initiative EUCD.info (3) et les 14 000 artistes signataires de la motion de la Spedidam (4) ont eu motif à demander le report du vote après un débat de fond. Et à protester contre l’instauration par le gouvernement d’une procédure d’urgence.

Quelle visée politique peut guider les choix qui doivent être faits ? Sur ce plan règne une incompréhension absolue entre les gestionnaires du dossier au ministère de la culture et l’étonnant rassemblement d’innovateurs, de créateurs, d’acteurs des politiques culturelles de terrain – de « simples » citoyens aussi –, qui proposent une orientation différente pour le projet de loi. L’orthodoxie incestueuse construite depuis vingt ans entre les groupes d’intérêts des détenteurs de stocks de droits (5) s’est appuyée sur une petite caste de juristes spécialisés, et a été systématiquement relayée par les hauts fonctionnaires chargés de ce dossier au ministère. Cette orientation peut compter sur une solide majorité au Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA), la commission qui, depuis 2000, a vocation à conseiller le gouvernement sur les questions de propriété littéraire et artistique.

Las, les propositions de ce groupe s’opposent radicalement à la réalisation des missions du ministère. Le ministre, M. Renaud Donnedieu de Vabres, en refusant la création d’exceptions pour la recherche et l’enseignement ou pour les bibliothèques, condamne les programmes de numérisation d’archives éducatives ou culturelles – dans lesquels on a pourtant investi des dizaines de millions d’euros depuis vingt ans. Le Parlement l’a suivi en rejetant les amendements qui prévoyaient ces exceptions, bien qu’elles soient dûment autorisées par la directive qu’il s’agit de transposer. Voilà le vote qui devrait susciter des éditoriaux indignés des ténors de la culture... mais silence radio. Heureusement, face au « ministère des lobbies » (6), un tissu très riche de citoyens et d’acteurs culturels défend une vision plus ambitieuse pour la culture.

Il y a plus grave. Le ministre de la culture s’est également opposé, avec un succès qu’on espère provisoire, au vote d’un amendement qui préciserait que le droit de citation s’applique à tous les types d’œuvres, notamment audiovisuelles. Une disposition de ce type a été adoptée dans la transposition allemande de la même directive européenne. Or il s’agit d’une question essentielle : a-t-on le droit, par exemple, de diffuser sur son blog des extraits vidéo d’un programme de télévision, ne serait-ce que pour étayer l’affirmation que la présentation répétée des faits divers et l’ordre des sujets dans les journaux télévisés introduisent des distorsions ? Quand l’Etat se transforme en officine de prévention des manques à gagner des majors, l’inquiétude ne vient pas tant du fait qu’il entérine les préférences des industries culturelles ou technologiques. C’est plutôt qu’il n’a plus lui-même de politique de la culture. Depuis des mois, M. Donnedieu de Vabres déclare sur tous les tons qu’il ne veut en aucun cas faire du tort aux logiciels libres, ni gêner l’expression de chacun sur Internet ou attenter à la protection des données. Cela ne l’a pas empêché de laisser le CSPLA relayer un amendement rédigé par Vivendi Universal qui prévoit la mise hors la loi d’Internet, du Web et de tous les autres outils d’échange de fichiers qui n’intégreraient pas des mesures techniques de protection garantissant les restrictions d’accès aux œuvres et à leur usage.

Cet amendement parlementaire a été déposé par l’UMP et l’Union pour la démocratie française (UDF). De son côté, le ministre de la culture a proposé, au cours du débat devant l’Assemblée, une série de mesures instituant une « riposte graduée » en cas de partage de fichiers que les ayants droit jugeraient illicite. Ces dispositions visent à déployer des polices (de surveillance des usages des internautes) et une « justice » (sous forme de sanctions automatiques sans procès), l’une et l’autre privées. Il est probable que l’amendement Vivendi Universal - CSPLA et la « riposte graduée » (vraisemblablement anticonstitutionnelle) seront sacrifiés sur l’autel de la « modération ». Mais on peut redouter que la philosophie qui a rendu possible ces aberrations enfante de nouveaux amendements du même ordre.

Les modèles commerciaux basés sur l’organisation technologique d’une rareté artificielle ne peuvent en effet survivre qu’en détruisant tout le potentiel social et culturel des techniques informationnelles. Or, vouloir définir et contrôler par la technologie ce qui est ou non légitime, mettre hors la loi ce qui permettrait d’autres usages, rendre a priori impossibles l’échange et le traitement de l’information, c’est essayer de stopper un fleuve avec les mains, réclamer un policier technologique pour chaque goutte d’eau. Il ne suffira même pas de rendre illégaux les logiciels libres. Il faudra, comme le prévoit une récente proposition de loi américaine (8), interdire tout système capable de numériser des images et des sons (du photocopieur au Dictaphone...) qui ne contiendrait pas de dispositifs reconnaissant et mettant en œuvre les restrictions prévues au profit des ayants droit potentiels de ces images et de ces sons.

Autrement dit, tous ceux qui jouent la carte des échanges libres et de la confiance entre usagers et créateurs devront accepter de se plier à des contraintes et travailler avec des outils conçus par des inquisiteurs assimilant chaque citoyen à un voleur hérétique. Accepter cette philosophie risque de nous renvoyer pour des dizaines d’années, en matière d’information et de médias temporels (son et image animée), à ce qui était le temps des scribes pour l’écriture. Comment s’étonner qu’une telle perspective n’enthousiasme pas la proportion de plus en plus large de la population française qui éprouve l’extraordinaire libération de s’exprimer à destination de tous les internautes et ceux qui bénéficient déjà des idées et créations de tant d’auteurs nouveaux ?

Est-ce à dire que tout devrait être permis et gratuit ? Ni l’un ni l’autre. C’est plutôt que la façon de percevoir les droits et la manière de rémunérer les créateurs ne doivent pas être de nature à détruire le potentiel d’un monde où abondent des sources d’expression et de création. Ce qui a déclenché la fureur, dans l’amendement sur la licence globale, c’est qu’il venait rappeler l’existence de solutions alternatives, à la fois simples et de nature à garantir à l’ensemble des créateurs des revenus au moins équivalents à ceux qu’ils perçoivent aujourd’hui. Elles reposent sur la mutualisation sociale du financement de la rémunération des créateurs, sans contredire pour autant un principe fondamental du droit d’auteur, à savoir que le niveau de la rémunération dépend des choix du public d’écouter ou de voir une chose plutôt qu’une autre.

Moins de rentiers du droit d’auteur

Différence fondamentale avec les MTP et autres DRM (système de gestion de droits numériques) : l’appréciation de la légitimité des usages n’est pas transférée des juges vers des appareils contrôlés par une poignée de multinationales. Au demeurant, nul besoin de surveiller les pratiques individuelles : une analyse du trafic de réseau permettrait de les mesurer. Des solutions de ce type existent déjà dans de nombreux domaines (copie privée, radio), quoique de façon injuste et limitée puisque les créateurs d’œuvres librement accessibles n’en profitent pas et qu’elles ne s’appliquent qu’à des activités dépourvues de l’impact positif des échanges sur Internet. Le réseau devrait, par la suite, permettre aux communautés de création et de partage d’élaborer des mécanismes plus justes, qui exprimeraient la nouvelle qualité de relation entre le public et les artistes. La licence globale passera-t-elle à la trappe cette fois-ci ? Ce ne serait que partie remise car, quoi que décide l’Assemblée, le projet qui sous-tend l’amendement contesté ne disparaîtra pas. C’est celui d’un monde où beaucoup s’adressent à beaucoup, créent, atteignent un large public et bénéficient des créations d’une multitude de sources. Dans ce monde, des titres-phares subsisteront, mais il sera plus difficile à des majors d’en faire l’ingénierie d’avance. On produira encore des œuvres de qualité et on trouvera toujours des éditeurs pour la reconnaître et l’aider à apparaître. Dans ce monde, on comptera un peu moins de rentiers du droit d’auteur, mais toujours du travail pour les artistes, les producteurs, les éditeurs... et les juristes.

Philippe Aigrain

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Electronic Civil Disobedience
Simulation, and the Public Sphere

This article was originally published as a catalogue essay for the Next Five Minutes 3, 1999

What counts in the long run is the “use” one makes of a theory.... We must start from existing practices in order to retrace the fundamental flaws. – Felix Guattari, Why Marxism and Freudianism

No Longer Disturb Anyone

In 1994, when Critical Art Ensemble first introduced the idea and a possible model of electronic civil disobedience (ECD) as another option for digital resistance, the collective had no way of knowing what elements would be the most practical, nor did it know what elements would require additional explanation. After nearly five years of field testing of ECD by various groups and individuals, its information gaps have become a little more obvious and can finally be addressed. Of particular concern in this essay is the recent turn of events that has produced an ECD model that opts for public spectacle over clandestine policy subversion, and that emphasizes simulated action over direct action. CAE contends that these are unfortunate currents in the general research on ECD. CAE still believes that ECD is an underground activity that should be kept out of the public/popular sphere (as in the hacker tradition) and the eye of the media, and that simulationist tactics as they are currently being used by resistant forces are only modestly effective if not counterproductive.

Those familiar with CAE’s modeling of ECD* know that it was an inversion of the model of civil disobedience (CD). Rather than attempting to create a mass movement of public objectors, CAE suggested a decentralized flow of particularized micro-organizations (cells) that would produce multiple currents and trajectories to slow the velocity of capitalist political economy. This suggestion never sat well with more traditional activists, and recently even Mark Dery (in both Mute and World Art) criticized the model because there would be conflicting goals and activities among the cells. To the contrary, CAE still holds that conflicts arising from the diversity of the cells would function as a strength rather than as a weakness; this diversity would produce a dialogue between a variety of becomings that would resist bureaucratic structure as well as pro-vide a space for happy accidents and breakthrough invention. If resistant culture has learned anything over the past 150 years, it’s that “the people united” is a falsehood; this concept only constructs new exclusionist platforms by creating bureaucratic monoliths and semiotic regimes that cannot represent or act on behalf of the diverse desires and needs of individuals within complex and hybridizing social segments.

The second key inversion of the model of CD was to aim directly for policy shift, rather than trying to accomplish this task indirectly through media manipulation. CAE’s position is still that the direct approach is the most effective. The indirect approach of media manipulation using a spectacle of disobedience designed to muster public sympathy and support is a losing proposition. The 1960s are over, and there is no corporate or government agency that is not fully prepared to do battle in the media. This is simply a practical matter of capital expenditure. Since mass media allegiance is skewed toward the status quo, since the airwaves and press are owned by corporate entities, and since capitalist structures have huge budgets allotted for public relations, there is no way that activist groups can outdo them. A sound bite here and there simply cannot subvert any policy-making process or sway public opinion when all the rest of the mass media is sending the opposite message. Any subversive opinion is lost in the media barrage, if not turned to its opposition’s advantage through spin.

There was a time when CD and media manipulation combined were successful in disrupting and shifting authoritarian semiotic regimes. The civil rights movement is an excellent example. The movement’s participants understood that the Civil War was still being fought on an ideological level, and hence one social/political/geographic region could be turned against another. The northern and western regions of the U.S. had advanced not only in terms of industry, but also in their methods of public (and particularly minority) control. The Civil War had eliminated the retrograde political economy of the south, but had failed to shift its ideological structure (a far more difficult element to change), and hence had not altered its symbolic mechanisms of control. All the civil rights movement needed to do was to call attention to this failure, and the fully modern northern regions would force the south to comply with an ideological position that would be more compatible with the socioeconomic needs of advanced capital. The images produced through acts of civil disobedience suceeded in provoking outrage at the retro-ideology of the south and rekindled the state of war between the regions. Student volunteers, community organizers, and eventually federal police agencies and the military (mobilized by the executive office) became allies and fought for the movement.

At the same time, the civil rights leaders were not naive about this matter. They knew that the only racist policies that would change were those not held by the north and that racism was not going to disappear; it would only be transformed into a more subtle form of endocolonization, as opposed to its then current status as an explicit set of segregationist norms. Indeed, the general understanding of African Americans—that there was a hard bound- ary beyond which policy would shift no further— was key in the rapid decline of the civil rights movement and in the high-octane fueling of the black power movement. Unfortunately, the latter fared no better with its media campaign, because it lacked the infrastructure to support its own material needs.

As a means of media manipulation, CD worked in the case of the civil rights movement because the historical dynamic of capitalism acted as the foundation for its success. History was still heterogeneous and the normative manifestation of capitalist ideology was still a striated space at both the national and international levels. But what do we do now, having reached the point where visible, diversified ideologies in the West no longer exist, and history is nothing more than a homogeneous construct that continuously replays capitalist victories? From where will public outrage originate? What army, government, corporation, or any other power base will support the disempowered when exploitive endocolonial relationships are precisely what allow these agencies to flourish? This is why CAE has argued for direct confrontation, by using financial leverage obtained through blocking privatized information (since this form of information is the gold of late capital). Appropriating media gains nothing in undermining an authoritarian semiotic regime because no power base benefits from listening to an alternative message; however, appropriating profit through blocking information sends a clear message to any chosen capitalist institutions—for them, it may be cheaper to change policy than to defend militarily a semiotic regime under pressure.

Accomplishing this task is possible in the virtual realm, and it takes only the most modest of investments to act (compared to forming an army); however, for such resistance to endure requires clandestine activity.

Currently, the one weak exception to rejecting (E) CD as a means to manipulate mass media is in cases where history and ideology have not been homogenized. These tend to be situations in which a resistance movement is in conflict with a dominant power that is still viewed by pancapitalism as being in some form different from itself. For instance, the democracy movement in China used CD and media manipulation with a degree of success. Outrage was generated; however, rigid national boundaries kept it from manifesting in any way useful for the movement other than the granting of asylum by western countries for those who had to flee the Chinese authorities, and in generating a modest amount of diplomatic pressure on China. Even in this best-case scenario (and in a way very similar to what occurred during the civil rights movement), while the ideological order of pancapitalism was offended, the western economic order perceived China to have more similarities than differences, and hence little was done by the “outraged” west to support the democracy movement or to materially undermine the Chinese infrastructure.

ECD and Simulation** Very early on in the development of electronic media, Orson Welles demonstrated (perhaps accidentally) that simulation has material effects. The simulation of a news broadcast reporting that aliens had invaded earth had the effect of causing a minor panic among those caught in the hall of mirrors that emerged out of the implosion of fiction and **CAE would like to thank Heath Bunting for his valuable contribution to CAE’s development of a simulationist model of subversion.

nonfiction created by the broadcast. Only varying degrees of plausibility existed as to the truth of the story. Simultaneously, all information was true and all information was false in that historic moment of an erupting hyperreal. We have seen a replay of this narrative in the 1990s with regard to resistant electronic culture, but with some peculiar differences.

In an addendum written in 1995 for ECD and Other Unpopular Ideas, CAE noted that there was growing paranoia among U.S. security agencies about controlling the electronic resistance. Oddly enough, these agencies scared themselves with their own constructions of electronic criminality. It was much like Welles being scared of his own broadcast. In that comic moment, CAE ironically suggested that ECD was successful without ever having been tried, and that merely announcing that some form of digital resistance could occur could have the effect of creating a panic in security agencies to such a degree that their primary focus would become locked in the hyperreality of criminal constructions and virtual catastrophe. This is a comment that CAE wishes it had never made, as some activists have come to take it seriously and are trying to act on it, primarily by using the Web to produce hyperreal activist threats to fan the flames of corporate-state paranoia. Again, this is a media battle that will be lost. State panic and paranoia will be transformed through mass media into public paranoia, which in turn will only reinforce state power. In the U.S., the voting public consistently supports harsher sentencing for “criminals,” more jails, and more police, and it is this hyperreal paranoia that gets law-and-order politicians the votes needed to turn these directives into legislation.

How many times must we see this happen? From McCarthyism to Reagan’s fear of the Evil Empire to the War on Drugs, the result in each case has been more funds for military, security, and disciplinary agencies (fully mandated by an already fearful and paranoid voting public), and this in turn tightens the endocolonial belt. Considering that the U.S. is currently involved in the rapid creation and expansion of security agencies devoted to policing electronic criminality (and since these agencies make no distinction between politically motivated action and criminality for profit), it seems misguided to give power vectors increased means for raising public support for this military growth, as well as a basis for increased national and international legislation regarding political management of new electronic media.

Whether simulationist tactics could be used in a more compelling way is difficult to say. Since the CIA and the FBI have been using these tactics for decades, it is easy to locate examples that could be inverted. One of the classics is the CIA’s toppling of the Arbenz government in Guatemala in order to support United Fruit, protect oil interests, and undermine a democracy with such leftist leanings that it legitimized the communist party within the U.S. sphere of influence! To be sure, the CIA built its operational infrastructure well by using economic sabotage to create unrest, but the final act was one of electronic subversion. The CIA simulated field radio broadcasts of antigovernment troop movements around the capital. Upon intercepting these broadcasts, the Guatemalan government became convinced that a large rebel army had been mustered and was preparing for an attack. To the contrary, the public was overwhelmingly supportive of the government, and only a modest rebel faction existed. Unfortunately, government officials panicked and the government fell in disarray.

The FBI used a similar means of subversion by employing hyperreal communications in its attack on the Black Panthers. Much like the CIA’s intervention in Guatemala, the FBI’s infowar had a strong infrastructure. The Bureau had infiltrated the Black Panther Party (BPP) and was close to the high command, so it knew the nature of (and the players in) the party’s internal struggles. It had also successfully used local law enforcement to harass chapters across the U.S. The party’s treasury was perpetually depleted due to the persistent arrests of members by police, who intentionally abused their power in order to drain party funds by forcing the membership to continually post bail for those detained. Given these conditions, paranoia was the order of the day for the Black Panthers, and when the schism between the San Francisco and the New York chapters erupted, the FBI saw a perfect opportunity to implode the party. As a result of a simple letter-writing campaign that fanned the flames of mistrust between east and west leadership, the party collapsed amid its own internal fighting. (The FBI’s campaign consisted of the creation and delivery of documents that criticized specific leaders and their party policies; these documents were made to look as if they originated from internal party opposition.)

This method could be inverted and turned against authoritarian agencies. The infighting that already occurs within and between government and corporate institutions makes them self-subsidizing targets. The military and economic infrastructure that was necessary for the operations in the examples given here is not necessary for ECD operations, since the internal warfare is already occurring (given capital’s tendency toward predation, fear and paranoia are a part of everyday life experience for those deep within power vectors, and hence no expenditure is necessary to create them, as was necessary with the BPP). Certainly, carefully written and directed letter(s)/e-mail messages could have an implosive effect (although it’s doubtful that a full collapse would ensue); however, the lessons learned from these classic cases of simulationist tactics have to be understood and applied.

First and most obvious, this form of resistance would be covert. Second, reliable insider intelligence would need to be acquired. This is the most problematic area in this kind of tactical maneuvering, although it is not impossible to find solutions. For simulationist tactics of resistance to be successfully employed, methods and means of research, intelligence gathering, and informant recruitment have to be developed. (CAE is willing to bet that the next breakthrough paper on resistance will address this very problem of amateur intelligence generation.) Until that occurs, subjective-subversive action will be pretty ineffectual. At present, those not involved in a fully developed covert approach can only act tactically in regard to the strategic principles of an institution rather than to specific situations and relationships. Obviously enough, a tactical response to a strategic initiative makes no sense. In all probability such action will not have the desired effect, and will only alert the agency being hit to prepare for potential external pressures. We must also remember that simulationist infowar is only a destructive tactic—it is a way to cause institutional implosion, and has very little productive value in terms of policy reconstruction. To continue with the example of racism, agencies that have institutionalized racist policies (and that includes pretty much every institution in the pancapitalist regime) will not be changed by an infowar of institutional attrition. The semiotic regime of racist policies will continue untouched in other institutions that are interrelated through the shared privilege acquired by maintaining such policies. CAE still insists that productively challenging institutions will not occur through nihilistic gestures, but instead through forcing changes in the semiotic regime on an institutional basis while leaving the material infrastructure intact for reinscription.

The Problem of Containment

Marshalling the materially destructive tendencies of hyperreality has other problematic consequences when these destruction codes are released into the spectacle. Most notable is the problem of containment. If an authoritarian agency believes itself to be under attack, or under the threat of attack (deferred virtual catastrophe), and it is in the public limelight because of this, it will lash out in a less than predictable way. It may act in a manner that is injurious to itself, but it is just as likely that it will act in a way that could endanger unsuspecting elements of the public sphere. Introducing the public into the formula forces the threatened agency to face one major consequence: In order to keep up with the speed of the infosphere, it must act quickly. Hesitation, even to allow time for reasonable analysis and reflection, is not an option. In the current marketplace of public relations, success and failure have imploded, and all actions, when represented well, reside in the sphere of hyperreal success and victory. The only useful distinction to be made is between action and inaction. Inaction is the sign of weakness and ineptitude. Caught in this highvelocity vector, a threatened agency will take action that will be explosive (not implosive). Scape-goats will be designated, and action detrimental to these individuals or populations will follow (the perfect macrocosm of this sequence of events is U.S. foreign policy and the actions taken on its behalf). In other words, once this sequence of destruction was initiated by threat (whether virtual or actual), the often uncontrolled forces that would be released could not be contained or redirected by the resistant force. This inability to contain the explosion links this model (in effect only) to terrorism. Not that the activists are initiating terrorist practice, since no one dies in hyperreality, but the effect of this practice can have the same consequence as terrorism, in that state and corporate power vectors will haphazardly return fire with weapons that have destructive material (and even mortal) consequences. br
What is odd is that such action would not be taken out of a concern for infrastructure, but for the semiotic regime and the entity’s public image in hyperreality. However, when the public is taken out of this formula, the sequence changes dramatically. The agency under pressure would not have to act quickly. It could have time to investigate and therefore be able to deliver a more surgical strike, because the sign of weakness (the public perception of inaction) would not be damaging its intended public representation. In this worst-case scenario for the activists, the response would be far more directed, and hence the consequences would tend to fall on those who actually took the risk of initiating the action. If the agency were unaware that it was under subversion and an implosion occurred, the public would not be notified or feel the direct consequences (although indirect ones such as unemployment are probable).

In either case, there would be no violent explosive spinoff of shrapnel that could land anywhere in the landscape of resistance. In other words, containment would be actualized. What is of additional interest is that the agency under pressure would subsidize containment activity. No agency wants to publicize that it is in financial trouble, that its security has been breached, etc., and hence it would contain itself. However, if the public is introduced into the formula, then the likelihood of containment evaporates and the consequences become less than civil. For this reason CAE continues to believe that all useful models of ECD (or for that matter, nearly all political as opposed to consciousness raising and pedagogical actions***) within the current political conditions have in common covert action and an abhorrence of mass media as a theater of action. ***A pedagogical situation/action gives participants the opportunity to escape some form of taken-for-granted authority. In this moment of liberation, they can think about alternative possibilities in relation to the specific or general issue addressed. This kind of work is the domain of politicized cultural action. However, such action is only pedagogical, not political. It prepares the consciousness of individuals for new possibilities, and in the best cases, moves them to political action. Activity inspired by pedagogical situations, however, is political action. By political action, CAE means the temporary or permanent redistribution or reconfiguration of power relationships (material or semiotic). We would also like to note that the distinction between these categories should not be assumed to be totalizing, but rather represents a general tendency in the typology of activist action.

Writing the Discourse on ECD Given the desire to keep the mass media out of the discourse on ECD, CAE thought it wise to close with a few suggestions on how to speak semipublicly about what should only be discussed among trusted companions. This is an old problem, so fortunately there are some precedents—most notably the Frankfurt School. Its strategy was to write in the most dense, arcane style imaginable so that only initiates into the fold could decipher it; in this way the discourse stayed out of the public sphere where it did not become a resource for market cooptation. Happily, we do not have to go to such lengths. The writing can be clear and accessible, but it should be made to resist the eye of the media. Fortunately this is easy to do. All that is necessary is to make it “bad copy.” This is why CAE speaks in terms of general models and hypotheticals (and never about specific actions).

Not only would we not want to make specifics public for obvious reasons, but generalities (models) are not very interesting to the grand majority of the popular media audience. Models are bookish and slow, and in the fast-paced image barrage of popular spectacle, they are simply boring. CAE also suggests looking to historical analogues for examples of tactical actions, particularly ones that were activated by authoritarian power vectors. None of the popular media is particularly interested in more talk about “olden times,” nor are they interested in past atrocities (except for those perpetrated by Nazis). Discussion of such topics leaves the media with nothing interesting to bring to the public. This strategy goes back to issues of constel- lations, detournement, appropriation, etc. Use what is already available, give the media vultures nothing, and the only option for cooptation left is cannibalism (hence the proliferation of retro). Now clearly, it’s too late to stop media cooptation of ECD. It has already been sold for fifteen minutes of fame, and is fueling a new round of cyberhype, but e-activists can bring a halt to this current media event by supplying nothing more. We can also be thankful that ECD and other forms of electronic resistance that have now been dematerialized into the hyperreal buzz of “hacktivism” are just more cyberfads that will rapidly fade on the technohorizon, leaving the committed to continue with business as usual.

La perturbation électronique

1. Pouvoir nomade et résistance culturelle

“Déliquescence”, voilà le terme qui convient le mieux à la condition sociale actuelle. Jadis incontestés, les indicateurs de stabilité, tels que Dieu ou la Nature, ont été happés par le trou noir du scepticisme, effaçant les repères d’identification du sujet et de l’objet. Le sens passe simultanément par un processus de prolifération et de condensation, dérivant, glissant et accélérant entre les antinomies de l’apocalypse et de l’utopie. Le pouvoir – et la résistance – sont désormais localisés dans une zone ambiguë, sans frontières. Peut-il en être autrement quand les marques du pouvoir oscillent entre dynamique nomade et structure sédentaire – entre hyper-vitesse et hyper-inertie? Il est sans doute utopique d’invoquer une résistance qui commence (et qui finisse?) par le rejet nietzschéen du joug de la catatonie – imposé par la condition post-moderne –, et pourtant la nature discontinue de la conscience ne laisse guère d’autre choix.

Barboter dans les eaux de ce pouvoir fluide ne revient pas nécessairement à y consentir ou à en être complice; et en dépit de leur situation inconfortable, l’activiste politique et l’activiste culturel (anachroniquement connu sous le nom d’“artiste”) sont encore à même de provoquer quelques perturbations. Le coup de dés post-moderne préconise l’acte perturbateur, même si l’action ressemble plutôt aux gesticulations d’un noyé et si ce qui est “perturbé” reste tout à fait vague. Et puis, aurions-nous quelqu’autre chance? C’est pour ces mêmes raisons qu’un nuage de suspicion plane encore sur les anciennes stratégies d’offensive camouflée ou de “subversion” (terme qui, dans le discours critique, a à peu près autant de signification que le mot “communauté”). Savoir ce qu’il faut subvertir implique que les forces d’oppression soient stables et qu’elles puissent être identifiées et circonscrites – ce qui, en ces temps de dialectique en ruine, tient précisément du fantasme. Savoir comment subvertir présuppose une compréhension du conflit fondée sur une certitude ou (en tout cas) une haute probabilité. Le rythme auquel on adopte les stratégies de subversion montre à quel point on sous-estime trop souvent la faculté d’adaptation du pouvoir; mais les résistants ont au moins un mérite – celui de ne pas réinventer l’acte ou le produit subversif aussi vite que le voudrait l’esthétique bourgeoise de l’efficacité.

La fusion singulière de cynisme et d’utopie propre au concept de perturbation comme jeu nécessaire est une hérésie pour ceux qui adhèrent encore à un certain type de récit passéiste, où les mécanismes, les types d’oppression et les tactiques permettant de les dépasser, sont clairement identifiés. Somme toute, la notion de pari est profondément liée aux apologies conservatrices du christianisme et aux tentatives d’appropriation des modèles et de la rhétorique rationalistes, destinées à persuader les égarés de revenir à l’eschatologie traditionnelle. Un cartésien défroqué comme Pascal, ou un révolutionnaire repenti comme Dostoïevski, en sont des exemples révélateurs. On comprend bien que la promesse d’un monde meilleur, séculaire ou spirituel, a toujours présupposé l’économie du pari. Si l’on se penche sur les résidus politiques et culturels de la révolution et de la quasi-révolution en ruines, il est clair que la relation entre histoire et nécessité est d’un humour cynique. Les révolutions françaises de 1789 à 1968 n’ont jamais endigué la marée obscène de la marchandise (et semblent même avoir contribué à en paver le chemin); les révolutions cubaine et russe, elles, ont tout bonnement remplacé la marchandise par l’anachronisme totalisant de la bureaucratie. Ces perturbations ont tout au plus construit la scène d’un défilé nostalgique, celui des moments d’autonomie temporaire reconstitués.

Le producteur culturel ne s’en est pas mieux tiré. Dans Un coup de dés, Mallarmé mit en avant le concept de pari; il se peut qu’il ait involontairement laissé l’invention s’échapper du bunker du transcendantalisme qu’il voulait défendre, et libéré du même coup l’artiste du mythe du sujet poétique. (On peut raisonnablement suggérer que Sade avait déjà accompli cela à une date bien antérieure). Duchamp (attaque de l’essentialisme), le Cabaret Voltaire (méthodologie de la production aléatoire), les dadaïstes de Berlin (disparition de l’art dans l’action politique), ont tous troublé à leur façon les eaux culturelles; néanmoins, ils ont ouvert une des brèches culturelles qui conduira à la résurgence du transcendantalisme à la fin du Surréalisme. En réaction à ces trois exemples, la domination formaliste (connue jusqu’à ce jour comme le démon de la culture-texte) s’est également frayée un chemin, ce qui eut pour effet d’enfermer la culture-objet dans le marché de luxe du capital finissant. Malgré tout, les jeux de ces précurseurs de la perturbation dopèrent le vieux rêve d’autonomie aux amphétamines de l’espoir, donnant aux producteurs et aux activistes culturels contemporains l’énergie de se brancher sur la table de jeu électronique pour, une fois encore, jeter les dés.

Dans ses Histoires [iv, 46], Hérodote décrit un peuple redouté, les Scythes, qui a maintenu une société horticole-nomade différente des empires sédentaires du «berceau de la civilisation». Située au nord de la Mer Noire, la patrie des Scythes était géographiquement et climatiquement inhospitalière; elle résista à la colonisation, moins pour ces raisons naturelles que parce qu’il n’y avait aucun moyen économique ou militaire de s’en emparer. Ces «hordes errantes», sans ville ni territoire fixe, ne purent jamais être localisées et, de ce fait, ne purent jamais être mises en situation défensive ni conquises. Elles préservèrent leur autonomie par le mouvement, donnant l’impression aux observateurs extérieurs d’être toujours présentes et prêtes à l’attaque, même quand elles étaient absentes. La crainte qu’inspiraient les Scythes était justifiée dans la mesure où leur position militaire offensive rendait impossible toute localisation, si ce n’est à l’instant même de leur apparition ou par les traces de leur passage. Bien que le pouvoir ne fût pas pour eux une question d’occupation spatiale, leur territoire gardait une frontière flottante. Ils erraient, s’appropriant terre et butin selon leurs besoins au gré de leur déplacement et constituèrent ainsi un empire invisible qui, vingt-sept années durant, domina l’Asie et s’étendit au sud jusqu’à l’Égypte. L’empire lui-même était impossible à tenir, dans la mesure où la nature nomade des Scythes était incompatible avec le besoin ou le bien-fondé même de l’occupation territoriale (ils ne laissaient pas de garnison dans les territoires conquis). Ils erraient librement, leurs adversaires ayant rapidement compris que, même si la victoire semblait probable, il valait mieux, pour des raisons pratiques, ne pas engager le combat avec eux et concentrer leur effort économique et militaire sur des sociétés plus sédentaires, dont l’infrastructure pouvait être localisée et détruite. Cette politique était en général renforcée par le fait qu’un engagement contre les Scythes impliquait que l’attaquant se laissât découvrir par eux. Il était extraordinairement rare que les Scythes se fissent prendre en position défensive. Si les termes de l’engagement ne leur convenaient pas, ils avaient toujours la possibilité de rester cachés, ce qui, de fait, empêchait l’ennemi de décider du théâtre des opérations.

L’élite du Capital finissant a réinventé ce modèle archaïque de distribution du pouvoir et de stratégie prédatrice à des fins très similaires. Cette réinvention est fondée sur l’ouverture technologique du cyberespace, où vitesse/absence et inertie/présence se télescopent dans l’hyper-réalité. Jadis support d’un empire instable, le modèle archaïque du pouvoir nomade soutient aujourd’hui efficacement la domination. Dans ce contexte à double sens, la société contemporaine des nomades devient à la fois un champ de pouvoir diffus, non localisé, et une machine-vision fixe, se manifestant sous les traits du spectacle. Le premier aspect permet l’émergence d’une économie globale, tandis que le second joue le rôle d’une garnison, postée sur différents territoires, maintenant l’ordre de la marchandise grâce à une idéologie adaptée à chaque lieu.

Bien que le champ de pouvoir diffus et la machine-vision soient tous deux nécessaires à l’édification d’un empire global et unifiés par la technologie, c’est le premier facteur qui a réalisé pleinement le mythe scythe. Le déplacement de l’espace archaïque à celui du réseau électronique est le parfait complément des avantages du pouvoir nomade. Les nomades militarisés sont toujours sur l’offensive. L’obscénité du spectacle et la terreur de la vitesse sont leurs compagnons permanents. La plupart du temps, les populations sédentaires s’y soumettent et paient sans aucune difficulté le tribut exigé, sous forme de travail, de matériel et de profit. Monde industrialisé, tiers-monde, nation ou tribu, tous doivent payer leur dîme. Sous la domination nomade, la différenciation et la hiérarchisation des nations, des classes, des races et des sexes, propres à la société sédentaire moderne, s’effacent pour laisser la place à un seul et même rôle: celui d’ouvriers de service – au service – de la cyber-élite. Cette stratégie de séparation, médiatisée par le spectacle, va bien au-delà de celle du modèle archaïque nomade. Il n’y a plus de dépouillement hostile de l’adversaire, mais un pillage amical, mené à grand renfort de séduction et de ravissement à l’encontre des passifs. L’hostilité potentielle des opprimés est recanalisée dans la bureaucratie, qui la détourne et l’éloigne du pouvoir nomade. La retraite dans l’invisibilité et la non-localisation empêchent les prisonniers de l’étau spatial du panoptique de définir le lieu de la résistance (le théâtre des opérations) et les condamnent au cycle sans fin de résistance aux monuments du capitalisme mort (Droit à l’avortement? Manifestez devant la Cour Suprême! Commercialisation des médicaments qui enrayent le sida? Prenez d’assaut le Ministère de la santé !). La plus grande force des nomades est de ne plus être sur la défensive.

Alors que les centres nodaux du système d’information croulent sous les données des citoyens électroniques (transformés en listes de crédits, tendances, modèles et profils de consommateurs etc.), de la recherche électronique, de l’argent électronique et de toutes les déclinaisons du pouvoir de l’information, le nomade, lui, est libre d’errer dans le réseau, de franchir les frontières nationales, sans rencontrer de réelle résistance de la part des bureaucraties locales. Depuis que la mise en vente de matières premières et de biens manufacturés est soumise à l’autorisation et à l’administration électronique, le royaume tout-puissant du cyberespace contrôle la logistique physique de la production. Si un tel pouvoir n’était pas laissé au cyber-royaume, le déficit de communication ruinerait alors l’efficacité (et par conséquent le profit) d’une production complexe, de sa distribution et de sa consommation. Même problème pour l’armée; la cyber-élite a la haute main sur les sources d’information et sur leur diffusion. Sans commandement et sans contrôle, l’armée serait immobilisée ou, au mieux, réduite à une dispersion chaotique dans un espace localisé. Ainsi, toutes les structures sédentaires passent-elles au service des nomades.

L’élite nomade elle-même est infiniment difficile à saisir. Déjà en 1956, quand C. Wright Mills écrivait L’élite du pouvoir, il était clair que l’élite sédentaire avait compris l’importance de l’invisibilité (un net changement comparé au flou des indicateurs spatiaux en vigueur dans l’aristocratie féodale). Mills ne put obtenir d’informations directes sur l’élite; il dut s’en tenir à des hypothèses à partir de l’étude de catégories empiriques (le registre social, par exemple). Dès lors que l’élite contemporaine quitta les zones urbaines centralisées pour la déterritorialisation du cyberespace, le dilemme de Mills ne fit que s’aggraver. Comment procéder à l’évaluation critique d’un sujet quand celui-ci ne peut être ni localisé, ni examiné, ni même vu? L’analyse de classe atteint un point de non-retour. Subjectivement, cela crée un sentiment d’oppression dans la mesure où il est difficile d’identifier l’oppresseur, mais plus encore d’en admettre l’existence. De toute évidence, la cyber-élite n’a rien à voir avec une classe – à savoir un rassemblement de personnes ayant des intérêts politiques et économiques communs –: elle est la conscience téléchargée de l’élite militaire. La cyber-élite est désormais une entité transcendante qui ne peut qu’être imaginée. On ignore s’ils ont intégré des motivations programmées. C’est possible; mais il est possible aussi que les actions prédatrices entament leur solidarité, ne leur laissant pour base d’unité que les seules voies électroniques et les banques d’information. L’imagination paranoïaque est le fondement de mille théories conspiratrices – et toutes sont vraies. Jetez les dés!

Le développement d’un pouvoir nomade absent et potentiellement imprenable, et la vision a posteriori des ruines de la révolution, ont radicalement modifié les formes de l’expression contestataire. Traditionnellement, pendant les périodes de désenchantement, les stratégies de retraite dominent. Pour le producteur culturel, le paysage de la résistance se peuple de nombreux exemples d’intervention cynique. On pense par exemple à Baudelaire. Dans le Paris de 1848, il combattit sur les barricades, porté par l’idée: «la propriété c’est le vol», pour se tourner, après l’échec de la révolution, vers un nihilisme cynique. (Baudelaire ne se rendit jamais totalement. Son recours à la stratégie coloniale inversée du plagiat rappelle fortement la notion de «la propriété c’est le vol».) Le premier projet surréaliste d’André Breton – associant la libération du désir à la libération du travailleur – s’effilocha avec la montée du fascisme. (Il faut également rappeler les désaccords entre Breton et Aragon sur le rôle de l’artiste comme acteur révolutionnaire. Breton ne put jamais abandonner l’idée que le soi poétique était le récit par excellence.) Dans les années trente, il se tourna de plus en plus vers le mysticisme et finit par se retirer totalement dans le transcendantalisme. Cette tendance, où l’on voit le travailleur culturel désenchanté battre en retraite vers l’introspection, pour éviter la question illuministe – «Comment traiter de la question sociale à la lumière d’un pouvoir sadique?» –, correspond à la représentation de la vie par le refus. Non que la libération intérieure soit indésirable ou inutile, simplement elle ne peut être ni singulière, ni privilégiée. Se détourner de la révolution de la vie quotidienne et placer la résistance culturelle sous l’autorité du soi poétique a toujours conduit à un type de production culturelle facile à commercialiser et à bureaucratiser.

Pour les post-modernes américains, le modèle du soi poétique du dix-neuvième siècle (tel qu’il est défini par les Décadents, les Symbolistes, les Nabis etc.) devient synonyme de complicité et consentement, dès lors qu’il est considéré comme pure catégorie. La culture de l’appropriation a éliminé et rejeté cette option. (Elle sert encore de point d’intersection et certains l’ont utilisée pour accéder à d’autres discours.) Bien qu’il ait besoin d’une révision, le mot d’ordre d’Asger Jorn – «L’avant-garde ne se rend pas» – reste d’actualité. Les ruines de la révolution et le labyrinthe de l’appropriation ont vidé la dialectique de sa certitude réconfortante. La partition marxiste, où les moyens d’oppression étaient clairement identifiables et la voie de la résistance unilinéaire, a sombré dans le gouffre du scepticisme. Mais ce n’est pas une raison pour se rendre. Le surréaliste banni, Georges Bataille, proposait une voie qui est loin d’avoir été totalement explorée: cesser d’affronter au quotidien l’esthétique de l’utile, mais attaquer à revers, par le biais de l’économie non rationnelle de la perversion et du sacrifice. Une telle stratégie favorise le croisement entre perturbation intérieure et extérieure.

De Baudelaire à Antonin Artaud, le mouvement de désenchantement a incité ses praticiens à concevoir cette économie du sacrifice. Cependant leur conception se limitait trop souvent à un théâtre ou à une tragédie élitaire, réduite de ce fait à une exploitation “artistique”. Et pour compliquer encore les choses, la présentation artistique de la perversion était toujours si rébarbative, que les lieux de sa mise en œuvre étaient de ce fait souvent désertés. Artaud eut cette intuition fulgurante d’un «corps sans organes», dont il ne soupçonna sans doute pas la vraie nature, mais il l’a restreinte à la tragédie et à l’apocalypse. Pourtant les signes et les traces du corps sans organes sont visibles en ce bas-monde. Le corps sans organes n’est pas une esthétique ésotérique, c’est Ronald MacDonald; après tout, la comédie et l’humour sont des moyens de résistance qui occupent une place critique. C’est sans doute la plus grande contribution de l’Internationale situationniste à l’esthétique post-moderne. Le Nietzsche dansant existe.

A la retraite esthétisante vient s’ajouter une option plus sociologique, chère aux résistants romantiques. Cette version primitive de la disparition nomade consiste à se retirer sans plus d’illusions dans des lieux, échappant à la surveillance, tels que les déserts culturels ruraux, ou les banlieues urbaines déterritorialisées. Le principe consiste à acquérir une certaine autonomie en échappant à l’autorité sociale. Dans les sociétés de clans, la culture reste intacte parce qu’elle est introuvable et les participants sont plus libres. Mais à la différence de ces sociétés qui se constituent sur un territoire donné, les communautés transplantées sont toujours sujettes à la contamination par le spectacle, le langage ou même la nostalgie de leur précédent environnement. Elles sont instables par essence (ce qui n’est pas forcément négatif). Mais il reste à prouver que ces communautés ou ces réserves pour désillusionnés et vaincus (comme celles des années soixante et du début des années soixante-dix aux États-Unis) peuvent devenir des bases effectives de résistance. Et si c’est le cas, ne seraient-elles pas rapidement découvertes et détruites, ou dureraient-elles, de fait, assez longtemps pour “aboutir” à une action quelconque?

Autre mythe du xixe, persistant au-delà de sa durée naturelle de vie: le mouvement ouvrier. À savoir que l’on puisse encore croire que la résistance par excellence est un corps organisé d’ouvriers arrêtant la production. La notion de syndicat, tout comme celle de révolution, a été anéantie, et il se peut même qu’elle n’ait jamais existé dans la vie quotidienne. L’ubiquité des grèves brisées, des réintégrations et des licenciements montre bien qu’un syndicat n’est rien d’autre qu’une bureaucratie ouvrière. Outil disciplinaire du pouvoir nomade, la fragmentation du monde – en nations, régions, monde industrialisé et tiers-monde – a rendu les mouvements ouvriers nationaux anachroniques. Les sites de production sont trop mobiles et les techniques de gestion trop flexibles pour que l’action ouvrière ait encore une quelconque efficacité.Si les ouvriers s’opposent aux exigences d’une entreprise à un endroit donné, on trouve rapidement un bastion ouvrier de rechange. Le mouvement des usines Dupont et General Motors à Mexico est un bon exemple de cette capacité nomade. La colonie ouvrière de Mexico a permis la réduction du coût unitaire en éliminant les standards de salaire des pays riches et les bénéfices des employés. L’efficacité du monde de l’entreprise a un prix: une intensification de l’exploitation rendue possible par la fragmentation intensive du temps et de l’espace. La taille du bastion ouvrier tiers-mondiste, son désespoir, et la complicité des systèmes politiques, privent le travail organisé de toute base de négociation.

Les Situationnistes ont tenté de résoudre ce problème en rejetant à la fois le travail et le capital. Prolétaires, bureaucrates, employés de service, tout le monde aurait dû déserter le travail. Quelle que soit la sympathie suscitée par un tel concept, sa réalisation présuppose une impossible unité. La notion de grève générale était bien trop limitée; elle s’embourba dans des luttes nationales, ne dépassa jamais Paris et ne causa finalement que peu de tort à la machine globale. Pour des raisons similaires, l’espoir d’une grève d’élite, se traduisant par un mouvement d’occupation, est restée également une stratégie sans lendemain.

Le plaisir situationniste pour l’occupation est intéressant en ce qu’il représente une inversion du droit aristocratique à la propriété ; ce qui le rend d’emblée suspect si l’on considère que les stratégies modernes ne sont pas censées se contenter d’inverser les institutions féodales. Les révolutionnaires de la première Révolution française s’étaient approprié la relation entre occupation et propriété, propre à la pensée sociale conservatrice. La libération et l’occupation de la Bastille furent significatives, moins pour les quelques prisonniers libérés, que parce qu’elles signalaient que l’accès à la propriété par l’occupation était une arme à double tranchant. Cette inversion fit de la notion de propriété la justification acceptable des massacres. Durant le génocide irlandais des années 1840, les propriétaires terriens anglais se rendirent compte qu’il était plus profitable d’utiliser leurs terrains pour élever du bétail d’abattage que d’y loger les métayers qui y résidaient traditionnellement. Quand la maladie de la pomme de terre se déclara, détruisant les récoltes des fermiers locataires et les laissant sans ressource pour payer leur loyer, leur éviction en masse commença. Les propriétaires anglais demandèrent et obtinrent l’aide militaire de Londres pour chasser les fermiers et s’assurer qu’ils ne reviendraient pas occuper la terre. Bien entendu, malgré les loyers impayés, les fermiers avaient cru obtenir le droit de rester là où ils avaient vécu pendant des générations. Malheureusement, ce droit à la propriété par l’occupation leur fut refusé; ils étaient désormais “en trop”. Des lois furent votées pour leur interdire d’émigrer en Angleterre, et on les laissa crever de faim et de froid par milliers dans l’hiver irlandais. Certains purent émigrer aux États-Unis et survécurent, réduits à l’état de misérables réfugiés. Au même moment, sur le nouveau continent, le génocide des natifs américains avait commencé, justifié en partie par l’idée selon laquelle les tribus natives ne possédant pas la terre, tous les territoires étaient libres; ainsi, une fois occupés (investis d’une valeur sédentaire), ils pouvaient être «défendus». Il va sans dire que la théorie de l’occupation a laissé un souvenir plus amer qu’héroïque.

Durant la phase post-moderne du pouvoir nomade, les mouvements ouvriers et d’occupation n’ont pas été mis au rebut de l’histoire, mais ils ont perdu de leur force. S’étant détaché de ses bases nationales et urbaines pour arpenter les routes électroniques de l’absence, le pouvoir de l’élite échappe désormais aux stratégies de perturbation fondées sur la contestation des forces sédentaires. Les monuments architecturaux du pouvoir sont factices et vides; ce ne sont plus que des bunkers pour complices et consentants. Les places-fortes n’abritent plus que des traces du pouvoir. Comme toute architecture monumentale, les bunkers sont la marque de la détermination, de la continuité, de la marchandisation et de la nostalgie réduisant au silence la résistance et le mécontentement. Leur occupation ne désorganisera pas pour autant le flux nomade. Tout au plus occasionnera-t-elle quelque perturbation, masquée par la manipulation médiatique; si le bunker a une valeur particulière (le siège d’une bureaucratie, par exemple), il sera aisément repris par la machine de guerre post-moderne. Bien entendu, il est impossible de s’emparer physiquement des biens électroniques de valeur à l’intérieur du bunker.

Le réseau qui relie les bunkers, c’est la rue. Elle a si peu de valeur pour le pouvoir nomade qu’elle est abandonnée aux classes inférieures. (Une seule exception: le plus grand monument jamais édifié à la gloire de la machine de guerre: le système des autoroutes. Toujours précieux et bien défendu, cet espace ne tolère pas la moindre perturbation.) En laissant la rue aux classes les plus défavorisées, on est sûr qu’elle deviendra le lieu de l’aliénation profonde. La police, mais également les criminels, les drogués et même les sans-abris sont les vecteurs de perturbation de l’espace public. Aidées par le spectacle médiatique, les forces de l’ordre se servent de l’apparition de cette sous-classe pour construire de toute pièce une perception hystérique de la rue, dangereuse, malsaine et inutile. Les promesses de sécurité et d’intimité attirent des hordes de naïfs dans les espaces publics privatisés que sont les galeries marchandes. Un protectionnisme qui se paye par l’abandon de la souveraineté individuelle. Seule la marchandise garde ses droits dans la galerie. Du coup, les rues et les espaces publics tombent en ruines. Le pouvoir nomade s’adresse à ses disciples par l’auto-suggestion des médias électroniques. Plus le public est réduit, plus grand est l’ordre.

L’avant-garde ne se rend pas; pourtant, le caractère restreint des vieux modèles et des sites d’opposition tend à repousser la résistance sur la voie de la désillusion. Il est important de faire le siège des bunkers; mais le lexique de la résistance doit intégrer les moyens de la perturbation électronique. Autrefois on affrontait l’autorité de la rue par les manifestations et sur les barricades; aujourd’hui il faut affronter l’autorité de l’espace électronique par la perturbation électronique. Les stratégies spatiales ne sont sans doute plus décisives, mais elles demeurent un support nécessaire, ne serait-ce que dans le cas d’une perturbation à grande échelle. D’autant qu’elles sont connues, contrairement aux stratégies de l’électronique qui doivent encore être développées. Il est grand temps de s’intéresser à la résistance électronique, aussi bien vis-à-vis du bunker que du champ nomade. On connaît peu de choses de l’espace électronique; pour engager un tel pari, il faudra être prêt à affronter les ambiguïtés hasardeuses et les imprévus d’une résistance qui n’a encore jamais été éprouvée. Mieux vaut affûter les deux tranchants de l’épée.

La résistance au pouvoir nomade se joue dans le cyberespace et non dans l’espace physique. Le parieur post-moderne est un joueur électronique. Un petit groupe de hackers* bien organisé pourrait lâcher des virus, des vers et des bombes logiques dans les banques de données, les programmes et les réseaux de l’autorité, introduire la force destructrice de l’inertie dans le royaume nomade. À un niveau global, l’inertie prolongée équivaut à la mort de l’autorité nomade. Cette stratégie ne nécessite ni une action de classe unifiée, ni une intervention simultanée en différents points. Les moins nihilistes pourraient réactiver la stratégie de l’occupation en prenant en otage non plus des biens mais des données. Quel que soit le moyen choisi pour perturber l’autorité électronique, l’enjeu est de désorganiser totalement le contrôle et le commandement. Tout capital neutralisé au sein du complexe militaro-industriel se transforme en voie d’eau économique – matériel, équipement et pouvoir ouvrier n’auraient plus aucun moyen de se déployer. Le capital finissant s’effondrerait sous son propre excès de poids.

Ce n’est qu’un scénario de science-fiction, mais il met en lumière quelques problèmes qui doivent être pris en compte. Le plus évident est que ceux qui s’engagent dans la cyber-réalité sont généralement des groupes dépolitisés. La plupart des infiltrations dans le cyberespace ont été soit du vandalisme ludique (comme le programme espiègle de Robert Morris, ou la chaîne de virus PC Michaelangelo), soit de l’espionnage politique malencontreux (le piratage d’ordinateurs militaires par Markus Hess, vraisemblablement accompli pour le kgb), soit encore une revanche personnelle contre une autorité particulière. Le code éthique des hackers décourage tout acte de résistance dans le cyberespace. Même la Legion of Doom (un groupe de jeunes pirates qui semèrent la panique dans les Services Secrets), se targue de n’avoir jamais endommagé un système.Leurs seules motivations étaient la curiosité et la foi dans le libre accès à l’information. Au-delà d’un intérêt très ciblé pour une information décentralisée, l’action ou la pensée politique n’a jamais vraiment pénétré la conscience de ce groupe.

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PLACARD X PARIS

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[V.O.S.T] 2.0

V.O.S.T. / DubbingInstallations, performances & videoprojections on the dubbing theme.Sunday, the 24th of june 2007Installations: 5:00 PM to 8:30 PMVideoprojection and performances: 8:30 PMCinema de L...
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UNPOLISHED PORTIONS / H2C 2007

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LEPLACARD LIVE SESSION @ BARCELONA / OFF SONAR

RYbN @ N___I___U ::: 170607 ::: 16h00 to 17h00 :::see : NIU WEBSITEsee also : PLACARD WEBSITE...
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