La naissance d’"Accord de coeurs", c’est l’histoire de 2 histoires.
Première histoire :
Nous sommes en 2006 : elle s’appelle Stéphanie, elle vient tout juste d’avoir 24 ans.
Entamant à peine sa vie de femme, elle récolte enfin les premiers fruits de ces longues années d’étude, qui lui ont permis d’obtenir son diplôme de kinésithérapeute et de susciter la fierté des siens.
Avril 2006, quelques muscles d’un de ses mollets ne répondent plus. Dans quelques semaines, ce seront ses deux mollets, puis les deux jambes, le tronc, les bras, les muscles respiratoires.
Mai 2006, elle utilise une canne, bientôt deux, puis un fauteuil roulant manuel puis électrique. Une maladie incurable à ce jour, allait la précipiter brutalement dans le milieu médical, mais pas du côté auquel elle avait tant rêvé.
Décembre 2006, un an après ce qui allait être son dernier Noël en famille, elle est totalement paralysée, prisonnière.
Prisonnière d’un corps qui ne lui appartient déjà plus, d’un appareil lui insufflant l’air qu’elle n’a plus les capacités d’inspirer et d’un autre lui administrant directement dans l’estomac, des nutriments sans goût que sa déglutition dangereusement déficiente, ne lui permet plus d’avaler.
Sa vue, son ouïe et son toucher sont efficaces, mais si peu utilisables. Elle ne peut plus parler. Ses fonctions intellectuelles intactes et sa personnalité riche et vive ne sont véhiculées par aucun son, aucune intonation… aucun mot. Seuls quelques mouvements des yeux et du menton la rattache encore à sa motricité passée.
Deuxième histoire :
Ils s’appellent Anne, Christine et Thierry.
Tous trois travaillent dans un établissement médical, un établissement spécialisé dans la prise en charge du handicap…. L’établissement où travaillait Stéphanie… l’ établissement où est hospitalisée Stéphanie.
Tous trois ont en commun cette motivation de donner sans recevoir, empathie désintéressée s’appuyant sur une sensibilité exacerbée.
Tous trois ont de nombreuses fois dans leur passé et présent respectif appliqué ce précepte.
Tous trois sont unis par une profonde amitié.
Les deux histoires convergent symboliquement le 31 Mars 2007, jour d’un concert caritatif, organisé à l’initiative de notre trio, aidé par de nombreux bénévoles et par l’association « Ceux qu’on aime ».
Les recettes record récoltées ce soir là , venant en complément de la somme urgemment allouée par la Maison départementale des Personnes Handicapées, permet à Stéphanie de pouvoir dire « j’ai mal », « merci » ou « je t’aime ».
L’association « Accord de Coeurs » était née dans les trois têtes, elle était en gestation dans les trois âmes depuis toujours.
Le bureau devait naturellement être composé de ce triptyque.
Le 23 Juin 2007, Stephanie s'éteint.... doucement... décemment... entourée de ses proches.... terme prévisible d'une souffrance trop longue... d'une vie trop courte...
Chacun d'entre nous est, parait-il, dépositaire d'une mission au cours de son passage sur terre.
Certains sont malheureux de ne pouvoir la découvrir et la cherchent durant toute leur existence.
Stephanie avait trouvé la sienne, depuis longtemps déjà : consacrer sa vie à améliorer celle des autres handicapés, malades…
Ce 23 Juin 2007, elle nous a confié sa mission... tout en confirmant la nôtre... bien plus qu'un relais... un cadeau..
Ce 23 Juin, si elle avait pu, elle nous aurait dit..
- « Continuez..... poursuivez le chemin sur lequel vous êtes... pour lequel vous êtes faits... »
- « A vous de jouer maintenant.... »
Qu'en est-il de toutes nos histoires depuis ce 23 Juin ?
La première, celle de Steph, ne s'est ainsi pas totalement achevée.
La seconde, celle d'Anne, Christine et Thierry s'est enrichie, solidifiée.
Celle d'Accord de Coeurs y puisera ses racines, sa vibration, sa mission...
Il s’agira de croiser d’autres Stéphanie, d’autres histoires : aider ce paraplégique à financer l’achat d’un fauteuil électrique, ce non voyant à bénéficier d’un chien guide, permettre à cette autre association caritative de mener à bien un projet.
- "Et si toi, si tu participais à une de ces histoires".
- "Tu viens avec nous ?"