sophie

Je suis une personne douce et généreuse qui a besoin de croire que dans ce monde si dur le moindre bonheur est bon à prendre c'est pour ça que je passe mon temps à donner, je ne parle pas de choses matérielles mais du don de soi... c'est facile de donner un peu de bonheur il suffit d'un sourire, je ne parle pas de ces sourires moqueurs qui esquissent un vice du coin des lèvres mais de celui qui vient du coeur et qui s'accompagne avec les yeux et une sorte de chaleur rassurante, d'une attention, pas celle qui attend le faux pas en convoitant un quelconque pouvoir, mais celle qui saura se mettre en recul pour laisser toute la place à l'autre de se sentir bien en lui ayant rappelé qui il est... J'ai été blessée très jeune,j'avais 13ans et mon grand frère incarnait pour moi le Mentor à qui je voulais ressembler...mais un beau matin tout s'est brisé...le télèphone a sonné et quelques heures plus tard nous attendions devant le samu pour savoir si celui-ci allait rester en vie...plusieurs mois ce sont écoulés derrière une vitre à attendre qu'il ouvre les yeux qu'il bouge une main...un signe. Pendant cet enfer, mes parents ont décidés de divorcer, alors j'ai voulu partir loin de tout ça un moment, j'en avais marre d'attendre qu'il se réveille et vienne me soutenir, j'ai fuis deux mois. A mon retour ma mère avait déménagé à 400Km de mon père, celui-ci s'était mis à boire et moi je rentrais dans une maison qui n'était pas la mienne et dans un collège où je ne désirais pas d'amis..là-bas, ma maison était vendue les souvenirs restaient dans ma tête mais les odeurs semblaient m'échapper; 1 an passa et mon frère évoluait petit à petit, pendant plus d'un an je venais tous les week-ends affronter cette dure réalité ou notre seule complicité s'echangeait dans nos regards, et nos sourires, avec pour paysage, un tuyau dans sa gorge, trois autres dans son ventre et une sonde pour qu'il puisse uriner, ne pesant plus que 42Kg pour 1m80.. L'école n'avait plus aucun interêt, les camarades de classe me dégoutaient, sûrement parce que j'étais malade de jalousie de les voir pleurer parce qu'ils étaient privés de sorties ou autres..Pour moi ce n'était que des futilités, mon univers était lui bien plus douloureux, mais je n'en pleurais pas. D'abord il aurait fallu que je sache densifier mes pleurs,pleurer pour mon frère ok, mais quand je vois ce qu'il vit, est ce que je peux me le permettre? Pour mes parents qui n'existent plus vraiment? papa à 400 bornes, maman constamment à l'hopital, devrais-je pleurer plus que ma maman qui veut sauver son fils et qui par conséquent est excusable de m'avoir abandonnée?....Pleurer plus que papa qui a perdu sa famille et qui noie son chagrin dans l'alcool?.... C'est comme ça que j'ai appris à me préoccuper plus des autres et à m'oublier...En effet quand on regarde le monde s'écrouler autour de soi, on veut sauver le monde et on ne pense plus à soi... Et maintenant, me direz-vous?... Je n'ai toujours pas réussis à sauver le monde...et ma famille est toujours aussi mal!!!J'ai même voulu prendre mon frère avec moi, nous vivons sous le même toit...je pensais soulager ma mère, rassurer mon père, mais surtout offrir à mon frère une vie normale entouré de jeunesse.. mais ça n'a servi à rien toute la famille est encore aussi mal et moi je commence a penser que je ferais mieux de penser à moi???... Voilà qui je suis... si vous me croisez dans la vie vous verrez cette fille ambitieuse et combattante bourrée de positivité, dont la réputation précède , mais au fond de ses yeux vous chercherez à percer se mystère qui fait qu'il y a une cassure dans son regard........