Influences et émancipation
« Depuis longtemps, Servoz Bellec observe et peint les anciens. Un cheminement nourri aussi d’arts premiers et plus particulièrement du RITUEL MYTHIQUE du masque et tout ce que cela représente comme trace mystérieuse et magique.
Il s’en inspire longuement et retrace à travers sa peinture l’esthétique et la profonde beauté de certaines tribus d’Afrique (malheureusement disparues).
Nous pourrons souligner aussi la passion du peintre poète pour ce nouveau musée du Quai Branly et son admiration pour cet aventurier du primitif : Jacques Kerchache.
Dans les masques de Servoz Bellec, nous pouvons avancer sans nous tromper qu’il y a bien sûr l’influence du système Dadaïste des premières époques avec Tristan Tzara et du peintre Hans Richter dans ses « Portraits Visionnaires » (vers 1917), du poète Alfred Jarry et son sens de l’absurde et tous ces artistes qui finalement inventèrent le Surréalisme.
A ce propos, Servoz Bellec rencontrera, en 1981 à Paris … Louis Aragon !
Mais n’oublions pas que Jack Servoz Bellec a un long parcours de mime-danseur, d’où l’influence d’une réelle présence théâtrale qui se perçoit très bien dans ses dernières ,,uvres.
L’artiste a beaucoup voyagé et longtemps observé les cultures du monde : dans les années 80 au Japon, avec les danses bûto (danses des ténèbres avec ses danseurs aux visages graves.), où Servoz Bellec participe à diverses performances avec le célèbre danseur Min Tanaka, qui partage avec lui la même passion pour Antonin Artaud.
Puis en Inde avec un spectacle qu’il présentera dans toutes les grandes villes du pays et où il observera le rituel et le maquillage des danseurs de Kathakali dans les profondes forêts du Kérala …
Et plus tard au Mexique, avec son art populaire et mural et ses poètes : Octavio Paz et José Gorostiza.
Là nous arrivons aux graffitis américains ou plus spécialement aux artistes contemporains new yorkais :Avant tout Polloc, Keith Haring mais surtout Jean Michel Basquiat et ses influences « sauvages et vaudous » et en repassant par la France avec peut-être Robert Combas, qui a su mélanger avec humour, la vie quotidienne aux références mythologiques …
Donc Servoz Bellec est un artiste éclectique, bien sûr imprégné de ses racines celtes (certains de ses amis l’appellent le « Celte Noir ».)
Mais revenons à ses mystérieux portraits dont certains, en 2006, respiraient l’empreinte des géants comme Matisse, Pablo Picasso ou Manolo Valdés et surtout Emile Nolde dont Servoz Bellec va copier de nombreuses aquarelles afin de saisir sa stupéfiante lumière.
C’est en mars 2007 que Servoz Bellec expose Place des Vosges à Paris et que les collectionneurs et acheteurs d’art reconnaissent son ,,uvre comme une valeur sûre. ..Servoz Bellec après l’art de la danse et du théâtre, va pénétrer en peinture comme en religion. Ce nouveau « BARBARE VISIONNAIRE » a été touché par la grâce. Son parcours est saisissant, assez loin des tendances actuelles, plutôt «HORS CADRE ».
Si nous devions, avec beaucoup de précautions le rapprocher d’un mouvement, ce serait plutôt du groupe Cobra ou des nouveaux expressionnistes avec l’influence, bien sûr, des arts singuliers et de l’art brut.
Servoz Bellec reste un « hors la loi » par rapport à l’art officiel.
Enfin, ce peintre poète danseur de la révolte nous touche en plein c,,ur.
Oui son ,,uvre actuelle est parfois marquée d’une présence sauvage et étrange mais ses nouveaux portraits sont souvent imprégnés d’une beauté profonde ou passé, présent et futur s’entrelacent dans une harmonie sourde et puissante …
Merci encore l’artiste pour ce travail d’émancipation, merci aussi de tenir toujours plus haut le flambeau de notre culture dans cette époque numérique qui place la télé réalité et les people show au centre de ses intérêts.
Voici donc le cri d’un authentique dans cette jungle étouffante, ce désert torride, cet océan glacé d’où nous venons, avec ses têtes fêlées, ses têtes brûlées, ses têtes d’affamés, ses portraits de mal aimés. »
Bernard Thévenin. - Copyright -