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Splendor in the Grass n’est pas un groupe anglo-saxon.Splendor in the Grass est le nom d’un film réalisé par Elia Kazan en 1961, avec Warren Beatty et Natalie Wood, film qui tire son nom d’un poème d’un auteur anglais, William Wordswoth, écrit en 1807. [Histoire de dire que l’on peut faire du rock et aimer la poésie britannique du début du 19ème !]
Mais Splendor in the Grass ne s’appelle pas comme ça juste parce que c’est joli, même s’il est indéniable que c’est joli. Cela n’est, en fait, en rien fortuit tant le cinéma imprègne l’univers du groupe. Mais pas tout à fait le cinéma de Philippe Clair ou de Max Pécas. Pas exactement celui de l’âge d’or hollywoodien non plus. Plutôt celui des années soixante et soixante-dix. Américain, qui plus est.
Mais Splendor in the Grass n’est quand même pas un groupe anglo-saxon.
Quant à la phrase du type «le cinéma imprègne l’univers du groupe », on vous l’a déjà faite à maintes reprises. Oui, mais, en l’occurrence, elle ne sert pas juste à faire pompeux, elle recouvre une réalité. Ainsi, chaque morceau est écrit comme une histoire en soi, dissociable des autres. Chaque titre peut s’entendre comme un court-métrage sonique. Leur auteur n’y est pour rien, il ne le fait même pas exprès. C’est comme ça qu’il écrit, c’est tout. Tout comme le fait qu’il ne puisse s’empêcher de teinter ses mots d’ironie, de second degré ou d’humour noir, comme en quête désabusée de ses illusions perdues [on dirait un bout de poème anglais du 19ème ou bien ?]. Et finalement, d’apparaître perpétuellement sur un fil entre légèreté et gravité, tout en contraste et en décalage. Comme si cela ne suffisait pas, il n’écrit qu’en anglais ! Et là encore, ce n’est même pas véritablement un choix, mais cela s’impose à lui comme une évidence, tant il s’est nourri de culture anglo-saxonne, tant il est attaché à la musicalité de ces mots et à la facilité de réappropriation en bouche qu’ils permettent.
Alors, ses quatre comparses, qui ne sont pas non plus anglo-saxons, n’ont pas eu le choix.
Ni le choix de la filiation géographique de leur musique… Ce qui, en soi, n’est pas grave, car c’est le choix qu’ils auraient fait de toute façon, gavés eux-mêmes d’influences extra françaises, aussi disparates que de bon goût [des Beatles à Radiohead, de Gomez aux Floyd…]. N’y voyez pour autant aucun snobisme. On ne saurait être snob quand on vit dans une maison défraîchie du bassin d’Arcachon !
Ni le choix de l’absence de formats prédéfinis de leurs morceaux… Ce qui, en soi, n’est pas grave… [vous connaissez dorénavant la suite]. Pour habiller joliment et diversement les chansons, pour maintenir une cohérence entre texte et musique, ces non-snobs ont jeté les conventions aux orties. Pas de structures couplet / refrain / couplet ici. Pas de cantonnement à un style musical précis non plus. En effet, comment raconter différentes histoires en restant englué dans une tendance, bordé par les limites que celle-ci impose ? Du folk à la pop, de l’électro au rock, leur musique est en perpétuelle évolution, ayant comme seul objectif la recherche de l’atmosphère qui convient le mieux au propos à illustrer. Et pourtant, on évite l’écueil récurrent de la disparité. A vouloir faire trop riche, on fait parfois touffus. Pas de ça ici. Mais une cohérence dans la diversité, avec peut-être pour fil rouge une capacité à composer des ambiances atmosphériques, aériennes, éthérées comme il est tendance de dire [à ceux qui ignoreraient la définition exacte de ce terme en vogue, nous renvoyons à la définition suivante : qui est de la nature de l’éther, fluide et subtil].
La passerelle est ici toute trouvée pour enchaîner sur l’inévitable CV des musiciens. Ok, mais on fait ça vite, alors. Fondé sur les ruines d’un projet précédent [le genre qui splitte juste quand cela commence à vouloir décoller] dans lequel on retrouvait quatre des cinq membres du groupe, Splendor in the Grass se compose donc de musiciens aguerris à tous les postes [à la louche, histoire de dire : plusieurs guitares, piano & Fender Rhodes, batterie, basse et programmation], ce qui en fait un jeune groupe qui n’en aurait pas les défauts les plus habituellement criants. Et qui a également eu la bonne idée de travailler son répertoire plus que ses mèches de cheveux !
A ce point du texte, vous vous dites « ok, encore un énième meilleur groupe du monde, mais, en vrai, qu’est-ce qui lui manque donc ? ». Et là , nous évitons de vous faire la traditionnelle réponse du style « Rien. Si ce n’est la rencontre avec le grand public ». Pour vous dire tout de go, ce qui manque cruellement à ces non jeunes gens, c’est de bouffer de la scène ! Parce qu’en bons arcachonnais perfectionnistes qui se respectent, ces cinq gaillards ont eu du mal à quitter le garage de leur fameuse maison défraîchie, pour aller frotter leurs compositions à un auditoire. Le temps est presque venu pour cela. Ne reste qu’une dernière étape : celle d’un travail approfondi sur l’appropriation de l’espace scénique. Ce qui se fera, puisqu’il s’avère que leur musique n’est pas intéressante que sur cette bio, par le biais du programme professionnel dispensé par Le Coach [sous la houlette de l’excellent Philippe Albaret], structure reconnue pour la qualité de son travail d’accompagnement d’artistes en développement.
Splendor in the Grass n’est donc pas un groupe anglo-saxon.