La piqûre de l'electro povera Lancinant (comme un bourdonnement non identifié), dérangeant (comme une mouche dans un lait fraise), énervant (comme un moustique dans une chambre à coucher) l'album de SC risque avec ce rythme de fragmenter tout notre hardware musical. dans le paysage de l'electro, il opère une sorte de geste raciniel pour lequel nous sommes dépourvu d'équivalent. Atypie au degré zéro ; avant que d'être un produit musical, iwannabeyourfavoritebee, est un objet mental, issu d'une âme travaillée, solitaire et anormalement sereine. dans cet état du remix généralisé, SC introduit rien moins qu'une électrolyse de nos sons système, ce sampling hallucinant prenant la forme d'un grésillement terminal dans le studio de nos stockages. Il introduit la neige numérique.Soit des situations studio-domestiques (tout doux, effeuillage, jardinage, nu sous la neige...). Soit des personnages comme autant de "magic-mineurs" (martial, bastien, popo l'escargot, l'abeille la favorite...). Soit de la musique pratiquée comme des captures d'écran. Telle une tâche de ketchup mise en boucle, iwannabeyourfavoritebee inocule une sorte d'easy-listening obsessionnel, où la mousse à raser devient notre acid test...Cet album dans le tourment-tournoiement de ses sillons exerce une montée progressive d'une espèce de neige à raser. Les volumes informatiques partent en volutes hypnotiques, se dispersent en maelströms des minima, se résume au plus petit dénominateur séquentiel. "Safe at home". SC est l'auteur d'une combinatoire aigre-douce, comme de la musique chinoise renversée sur une playstation, comme une coccinelle élisant domicile dans un slip kangourou.Il y a encore quelque chose de simultanément ordinaire et fatal dans cet album. Parce qu'hyper ordinaire, complètement fatal ; comme le 220 volts planant au bord de nos moquettes. Ne pas mettre les doigts dans la prise, on risque une morsure sans retour. SC c'est un peu Alan Vega descendu de sa Norton loin des speedway et tombé dans une yaourtière. Une electro au microscope, les yeux rivés sur des quickcam. c'est ici que SC tente encore un incommensurable geste de rédemption, loin de toutes promesses rock'n'rolliennes, sans la débauche des fastueuses attitudes, celle d'une économie liminaire où la musique ne veux plus strictement rien dire, où tout l'ensemble de son idéologie passe à la dissection : où l'englobant musique n'est plus qu'une mouche au ailes arrachées. Et Martial la gobe, et Bastien la pique au bout de son "canif de l'amour qui vous tuera demain". Cette subtile blessure risque de devenir immense, fait le voeux de nous être fatale. SC irrémédiable, maître-ès nirvana devenu démangeaison, campe désormais ce personnage atrocement doux de la transmutation binaire. Il fallait que cela nous arrive. 1997 FP
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