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Mon premier est à l’avant-scène du jazz le plus ouvert depuis vingt ans. Saxophoniste certes, mais surtout chef de bande, Julien Lourau s’est illustré au sein de collectifs dont le Groove Gang, qui replacera dès 1992 le jazz sur la piste de la danse, mais aussi aux côtés de Marc Ducret, Henri Texier, Abbey Lincoln… Si son champ esthétique apparaît éclectique, allant se frotter aux formes les plus diverses, de l’electro à la rumba, cet éminent improvisateur n’en demeure pas moins fidèle à une idée certaine du jazz, une liberté de tons plus qu’une tradition campée sur ses positions, qu’il n’a cessé d’honorer à travers des projets aux frontières de tous les registres. Là où s’invente la bande-son actuelle, là où se situe l’enjeu de Julien Lourau, qui creuse toujours plus profond le même sillon, celui d’une curiosité sans limites.Mon second est à l’avant-garde des musiques électroniques depuis plus de quinze ans. Au début des années 90, Jeff Sharel s’achète un synthé Rolland et un S950. C’est le début des aventures dans la technopshère, pour cet amateur de grooves au pluriel, de la house du genre bien deep à la techno plus mélancolique. De DJ set sur les scènes du monde entier en remixes afro dont celui du Ariya de Tony Allen, cet ancien élève des Beaux-Arts et amateur d’art brut développe un sens aigu de la construction, plus designer au long cours que sampler à la petite semaine. Tout ce qui fait la différence de son style quand il se met aux manettes de ses propres projets, comme sur Tribute Final, un premier disque où le Miles électrique croise le dub hypnotique de Tikiman… Comme sur Résistances, un second opus fait de chair et de sens.Mon tout forme Brighter Days, une entité née dans l’énergie de la scène, au Cithéa, à l’aube du millénaire. En fait, une histoire de complicité qui remonte à 1998, lors du Gambit de Julien Lourau, où Jeff Sharel fut convié. « Nous étions sur la même fréquence. » Dix ans plus tard, ils n’ont jamais cessé d’instruire ce dialogue, une créativité cultivée aux courants alternatifs pour cette paire parfaitement complémentaire. Ce que disait déjà à sa manière le double album Fire & Forget, où le second mettait en sons et en perspectives les idées du premier. Ce que précise cette galette, un work in progress dont le répertoire s’est élaboré au fil des années, d’allers en détours, tant et si bien qu’ils le cosignent d’une seule plume. De quoi s’agit-il ? « De jours meilleurs » si l’on s’en tient au titre, un hommage non dissimulé au classique house de Cajmere et Dajae. De lendemains qui swinguent autrement si l’on tend l’oreille. Brighter Days donc, un jeu de multipistes, des kilomètres de bandes originales où il a bien fallu trier pour en tirer la quintessence, entre les sessions live et les prises studio, entre les souvenirs de bons trips comme le carnaval haïtien et les hommages à certains de leurs héros, Superman et Chico Buarque. De la force tellurique du Candomblé à la légèreté magnifique de l’anthem Gypsy Woman. Julien Lourau et Jeff Sharel y proposent une relecture en temps réel de leur histoire, d’un duo « Sax Machine » concocté en Corée à des amis enregistrés à New York ou à Paris, une batterie superlative et une guitare saturée par ici, une basse implosive et un Rhodes psyché par là … Sans oublier des cordes sensibles, celles entre les lignes d’une section de violon et violoncelle, celles plus en avant de voix littéralement haut perchées, terriblement sensuelles. Tous ceux-là se retrouvent dans ce projet mutant, une plongée dans la matière première qu’est le son, boucles qui ne tournent pas en rond et beats qui appuient sans forcer là où ça fait du bien, sous forme d’échantillons ou au gré des effets insufflés au saxophone. Pour finalement aboutir cet ovni rétrofuriste, susceptible dans un même élan de vous faire décoller la tête et les jambes…Jacques Denis Photo by GALA Artwork by Mihael