Oubliez la hype. Oubliez ce qu'on vous a raconté sur la nouvelle scène rock parisienne Celle qui s'est montée il y a dix minutes. Ouvrez juste vos oreilles. Ne serait-ce que pour entendre la voix de Steph surfer en douceur sur des guitares nerveuses.
Ils s'appellent Fingerless. Deux gars, une fille. Ni pseudos rockers de garage, ni punks à skate, ni poseurs dont la coupe de tifs passent avant les riffs. Qui répètent, composent, rament, tournent et enchaînent les scènes ensemble depuis 1998.
A leur palmarès, cinq EP, avec un passage, fin 2005, au studio du Marais sous la houlette de Thierry Lacroix (Dolly) pour présenter trois titres sur lesquels on peut notamment retrouver Manu (Dolly) aux chœurs et Matt Friedrich à la co-réalisation ainsi que sur quelques guitares. Beaucoup de live, de premières parties (Dolly, Daisybox, Wampas, Kaolin, Vendetta), de passages dans des festivals dont un petit tour à Solidays. Une tournée avec la OuiOui Party de Ouï FM. Une invitation à intégrer l'écurie du tourneur suisse, Silver Agency, sur la foi d'un concert au Garden Festival de Genève. Un concert à la Maison de la Radio diffusé en direct sur Le Mouv’…
Sur disque, ces trois-là jouent les timides, les doux. Ou presque. Racines plantées du côté du rock des années 90, mélancolie à fleur de peau sans vous pleurer sur l'épaule, touches de pop rêveuse, guitares hypnotiques, le cocktail Fingerless est subtil. On ne le résume pas en deux influences évidentes et mal digérées. Même délicatesse côté paroles. Non, Steph ne se déballe pas à coups de textes piochés dans le journal intime de ses 13 ans. Ce qui ne l'empêche pas de déranger quand elle se penche sur nos (ses ?) petites déviances intimes.
Sur scène, ces trois-là explosent. Leurs sales manies ? Titiller le tympan, distiller des mélodies abrasives qui enflent, faire monter la mayonnaise insidieusement avant de tout vous faire éclater à la gueule, comme une bonne baffe sonore adrénalinée. Oui, ce mot n'existe pas. Mais il leur va mieux qu'un jean déglingué.
Ouvrez vos oreilles. Oubliez la hype. Ils s'appellent Fingerless.
Isabelle Chelley (Rock'n'Folk)