"Go naked for a sign!"
Muhammad Ali ne pouvait qu'être le sportif du siècle et de l'Humanité. Car tout au long de sa vie et de sa carrière, il " secoua le monde ".
" ...Il livre son combat pour l'éternité en 1974 à Kinshasa, au Zaïre. Lové dans les cordes, Muhammad Ali ne danse pas. Mais sans doute ne s'appartient-il plus dans cette nuit zaïroise où la foule lui ordonne d'exorciser le diable Foreman : " Ali Bomaye ! Ali Bomaye " (bats-le ! bats-le !). Avant le combat, il a dit comme un augure : " Ce sera peut-être le dernier combat de ma vie. Je me moque de la douleur. Je le frapperai jusqu'à ce que la souffrance me tranche les mains. "
Alors, sous le déluge des coups de George Foreman, il encaisse la furie de la bête fauve avant de lui donner le coup de grâce... Car Foreman est un autre homme en sortant du ring de Kinshasa, le rustre rencontre Dieu dans un vestiaire de San Juan de Porto Rico quelques mois plus tard. Il devient pasteur. Quelque chose s'est passé... Bientôt c'est l'apocalypse sur le stade du 20-Mai, à Kinshasa. L'orage qui grondait s'abat sur l'arène délaissée par les boxeurs dans un parallèle saisissant avec une autre envolée vers les sommets : le saut record de Beamon à Mexico six ans plus tôt.
Quelques combats plus tard, quelques rounds de trop, et Ali perd le ministère de la parole, frappé par le syndrome de Parkinson. Il ne peut plus parler, il fera donc des apparitions. Comme à Atlanta, un soir de juillet, où il embrase d'un geste mécanique la vasque olympique. Qu'importe, la flamme, elle, brille toujours au fond de ses yeux.
Frédéric Sugnot (l’Humanité)