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envoyé par Crues

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Faut que j’vous raconte …Le concert de « Funk the World » était programmé. Les équipes de rappeurs, les amis, les passants et les habitués, beaucoup s’étaient donnés rendez-vous hier soir (vendredi 18 avril) à « la k-fet », petite salle de concert de la Fac d’Orsay gérer par une association étudiante.Le paysage était il trop hip-hop pour certain ? Trop de bruits, trop de baggies, trop de couleurs peut être… A l’image d’une société à deux visages, deux mondes se sont confrontés hier…Aux armes citoyens, les autres, les mains en l’air …Récit presque ordinaire d’une soirée, de l’autre coté de la barrière… Simple reflet d’un système construit sur le péché d’orgueil.22 heure, je rejoint la kfet d’Orsay ; lieu peu familier mais qui accueillait pour l’occasion l’essentiel d’une famille musicale qui m’est chère. Plus d’un étaient au rendez-vous ! La crème du rap Ulissien, venue soutenir la famille. Tous réunis en un seul but, partager avec des musiciens et leur public une passion pour la scène, pour les mots… Une seule idée ! Passer un bon moment et l’espace de quelques morceaux laisser parler ce qui en fait ne peut que se sentir : « la vybz ».Il se fait tard, la prestation Percu et Bass qui précédait Funk the World s’achève. L’ambiance est détendue, on se croirait à la maison... Mais ça c’est une impression personnelle car si je me sens comme un poisson dans l’eau pour d’autres faut-il croire c’est loin d’être le cas . L’étranger fait peur parait –il et pourtant le danger n’est pas toujours où il est facile de l’imaginer.Alors que l’un des artistes se trouve dans la salle, proche du comptoir , un joint a la main, un jeune (est-il de l’association ou non ? ) responsable du bar s’approche, sans doute dans l’intention première de mettre en garde contre l’interdiction de fumer, il en sera tout autrement . Non content de rappeler au jeune artiste Ulissien qu’il n’est pas « chez lui », il lève la main contre ce dernier et le gifle.L’artiste est provoqué, le publique en partie Ulissien et tout d’un coup sur le qui vive, une poignée de subversifs cherche à mettre leur grain de sel à ce conflit naissant, chacun a sa manière, toutes les conditions sont réunies pour échauffer les esprits, et pourtant rien aurait pu présager ce qui nous attendait.Car voila, avant tout là pour partager de la musique, l’artiste agresser fait vite passer le mot : « Le concert doit être préserver ». Dès lors certains rappeurs se mobilisent. Première initiative, le problème se règlera dehors, et pour l’essentiel, personne ne devra répondre à l’acte par l’acte. Il est dans la conscience collective, un fait incontournable : la mauvaise image du rap et de ses porte drapeaux est une barrière que tous veulent dépasser et cela ne pourra se faire que dans le contrôle.La situation qui habituellement aurait vite dégénérer est donc contenu, « l’agresseur » est éloigné les esprits n’attendent plus que le passage de leur groupe pour qu’enfin l’atmosphère retrouve de sa sérénité.Après quelques longues minutes d’attente le groupe finit enfin par se mettre en place, Babo le leader des FTW en quelques phrases explique pourquoi leur présence : la musique, le partage, l’échange en un concept, un groupe, Jazz Funk aux allures Roots Rock Reggae et aux airs de hip-hop. Voila ce qu’ils sont venus montrer, une alliance non pas contre quelqu’un, mais pour une passion.Ce qu’il ne sait pas encore c’est que d’autres anonymes, impressionnés sans doute par une situation sur laquelle « dans leur propre chef lieu » ils n’ont aucun pouvoir (si ce n’est celui de faire confiance a l’étranger mais n’était ce pas trop demandé.. ?), ces derniers ont déjà fait appeler la cavalerie.On nous annonce qu’il n’y aura donc qu’une chanson, par ordre du doyen contacter au préalable la soirée devra prendre fin au plus vite. Ironie du sort ce dernier quelques jours auparavant s’inquiétait de voir surgir un peu partout et particulièrement aux Ulis des affiches visant à promouvoir le concert. Oiseau de mauvais augure bercé de stéréotypes, allez savoir pourquoi certains s’engagent dans des projets auxquels ils ne croient pas. Etions nous une fois de plus une part d’un grotesque quotta ? Ce soir là en tout cas ce serait en grande pompe que l’on se verrait remercier de notre venue. On nous prévient de l’arrivée de la police.Loin d’une simple petite visite de routine la Kfet se retrouve rapidement encerclée. En un dernier élan Babo propose un final, une chanson où il invite tout les rappeurs a venir les rejoindre, le message est clair, il ne faudra que quelques secondes avant que la minuscule scène ne soit envahie par une quinzaines d’artistes Ulissiens ralliés à la cause. Ce soir derrière les conflits de comptoirs et le manque de valeur de certains on se bat encore et toujours pour des principes fondamentaux, l’égalité des chances et la liberté d’expression.La lumière parfois s’éteint mais la musique envahit de nouveau la salle alors que se joignent a nous de nouveaux spectateurs tout de bleu vêtus. Mais je ne regarde que devant moi il se passe quelque chose sur cette scène, tous sourient, tous sont unis, et c’est micros coupés qu’ils élèvent leur voix. Pas de parole juste un écho, celui d’une force pure qui ne jaillit que de l’union. Les bonnes comme les mauvaises choses ont une fin et la soirée s’apprête encore à prendre un nouveau tournant. Je quitte le préfa et me dirige vers la sortie non loin de la porte je croise Marco sur son fauteuil roulant qui attends sans doute pour sortir mais la lumière s’éteint. J’entends comme un bruit de fracas, une détonation. La lumière a été éteinte une seconde de trop. Les « agresseurs » deviennent les agressés et nous voila victimes d’un énième excès de zèle des forces policières.Il aura suffit d’un coup de fil pour donner un coup de pied dans « une fourmilière prête aux débordements ». Mais à quel prix ? Et pourquoi ? Des effectifs avaient-ils étaient prévus pour une débandade autoprogrammée ou s’étaient-ils tout simplement conviés à une partie de Flash Ball dont nous serions les cibles?En tout cas, tout va très vite. Les bombes lacrymogènes ont fait évacuer la salle à grand fracas. Des jeunes cris, essayant de rappeler la présence de Marco, mais trop tard. Celui-ci est au sol, son fauteuil à terre… Je n’ose me demander comment il a franchit les quelques marches … Dehors c’est la débâcle, devant la gravité de la situation chacun gère a sa manière. Là ou certains se verraient bien riposter, d’autres quittent au plus vite les lieux. Mais encore fallait il choisir le bon chemin ! Je jette un œil autour de moi et je crains pour les miens, pour les autres aussi, sans autres choix que de partir pour éviter l’inconscience humaine.Tous Flash Ball dehors les policiers y vont à cœurs joie. Ils tirent à bout portant, à l’aveuglette… L’un de nous laisse échapper sa crainte qu’ils ne tirent à balles réelles, mais je n’attendrai pas de savoir, je m’éloigne. Tout le monde court, s’inquiète de n’avoir vu revenir un proche… Il y a encore un attroupement sur le parking, les musiciens chargent les voitures à tout va ; sous mes yeux se déroule alors une scène ahurissante. Babylon dans toute sa splendeur ! « Une barrière » de policier munit de chien vient de surgir de derrière la kfet, armes et boucliers aux poings… Spectateurs incrédules de la violence policière, les plus proches semblent lever les mains en une prière… Improbable recherche d’indulgence devant l’imprévisible.A cet instant se demander qu’elle était leur cible était devenu secondaire, nous avions tous déjà compris que cette débâcle n’aurait servit personne.Paradoxe de cette soirée c’est devant l’insécurité que nous devenions tous égaux. L’espace d’un instant, tous étaient passés dans notre monde, celui ou l’on ne se sait à l’abris qu’au pied de chez soi, peu importe le lieu.Occasion rêvée d’assouvir quelques frustrations enfouies ?Finalement loin de nos tours nous étions à leur merci. Les excuses on pouvait s’y attendre, seraient en béton armé.Nous sommes au beau milieu de la nuit, le téléphone sonne chez la nouvelle Maire des Ulis, on lui annonce que suite à des débordements policiers on craint des représailles dans les quartiers.J’ai rejoints la gare a plus proche, je vois passé a toute vitesses trois ou quatre voitures de Police en direction des Ulis. D’ici demain cette histoire sera dans toutes les bouches.Affaire à suivre.BLESS , LOVE & UNITY LA FAMILLELil'Bird.

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Aux armes citoyens, les autres les mains en lair . Faits divers au gout amer ..

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Posted by Lil'Bird on Mon, 21 Apr 2008 03:03:00 PST