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Pour donner corps et âme à la longue suite musicale d'Hurle-Vent, premier album-concept de La Fille dOctobre, il fallait une osmose parfaite entre le chant délicatement rageur de Malaurie Duffaud, les compositions foisonnantes de Christophe Houssin et l'imagination lyrique des textes de Franck Harscouët.
Véritable Hydre à trois têtes investie d'un bout à lautre de la création d'Hurle-Vent, La Fille dOctobre peut apparaître comme le groupe passerelle entre une chanson française sensible et mélodique, un rock orchestral et fougueux et une certaine manière d'aborder la musique comme un art cinématographique. Une musique faite d'images et de sentiments où glissent pêle-mèle les ombres de quelques héroïnes tragiques, de Jane Eyre à Tess dUrberville entre deux fantômes tout droit sortis du château de Gormenghast de Mervyn Peake.
Hurle-Vent est un long chant du cygne amoureux, une chevauchée intérieure rythmée de cordes et de cloches, déchirée de guitares électriques et envahie de choeurs d'outre-tombe. Exaltant une certaine forme de romantisme fantastique, chaque chanson se déroule devant nous comme les séquences d'un film tour à tour cruelles et émouvantes, j'usquau dénouement final.
Tout commence dans Sous les Nénuphars par la mort annoncée de cette héroïne noyée dans un étang. Demblée la douleur est livrée, tout comme est exprimée la volonté vivace de s'en sortir. « Ce moment sera dur à vivre/ prie pour moi que je sois forte », dit-elle. Alors que la mort s'installe, les séquences suivantes, régulièrement rythmées d'interludes musicaux en guise de pierres du Petit Poucet, font figure de chemin mental qui amènera l'héroïne à une sorte d'acceptation : de l'introspection muette et douloureuse du Crâne Corbeau aux menaces guerrières de Trop d'Amour Tue, en passant par le désir proclamé d'abandonner toute loi spirituelle qui écrase l'individu (Sur ma Lune), l'héroïne redresse peu à peu la colonne de ses forces mentales et ose enfin rêver d'un retour à l'amour (Peau d'Ane est de Retour), faisant même acte de bravoure et gaiement feu de tous bois pour le retrouver (7 Lieues) dû-t-elle se transformer en mythique séductrice (Madame Casanova).
Comme une douleur chauffée à blanc, la rage sentimentale de l'héroïne plongée au fond d'elle-même peut alors refaire surface dans une force inversée : le personnage solaire de Fugue au Clocher, « prête à mourir pour une éternité », vient habiller l'ancienne furie d'une sainteté presque angélique ; le « nettoyage » moral par l'abandon de l'enfance nostalgique (l'Orage ) et la destruction radicale des vieilles amours (Tout doit Brûler) conduit enfin l'héroïne à l'acceptation sereine du grand départ, pleine d'une spiritualité retrouvée (Le Passage des Saisons). Comme point d'orgue à la fin du parcours, l'âme souvre enfin au monde et senvole à la nuit tombante, touchée par la grâce mélancolique de cet amour tant réclamé même si Rien ne Dure « car nos rêves les plus fous / sont des chimères abandonnées au trou »
C'est sur scène à Paris que l'on retrouvera bientôt le trio infernal de la Fille d'Octobre, dans une spectacle foisonnant, prolongement fantasmatique (augmenté de nouvelles chansons) de leur essai discographique. Le talent protéiforme de Malaurie Duffaud, interprète dans tous ses états, chant, danse et comédie, de Christophe Houssin, compositeur, musicien et directeur musical, et de Franck Harscouêt, auteur et scénographe... sera plus que jamais sur son pied de guerre !