Ce que Timothée PANGA,originaire du Congo,a en commun avec tous les artistes de l'univers,c'est sa prédilection pour le corps de la femme et les parties qui se prêtent le mieux à une interprétation symbolique: le ventre, les seins, le sexe. Mais au lieu de les figer dans une rigidité formelle et de leur conférer des attitudes hiératiques comme aime le faire la sculpture de son pays d'origine, il prend plaisir à arrondir et étirer les formes,à leur donner des allures de fruits voluptueusement gonflés,à intensifier leur sensualité , à agencer les volumes comme des pièces librement combinables, à la manière des muscles des participants aux jeux olympiques tels qu'ils sont reprsentés sur les vases grecs. Il donne aux visages, stylisés à l'extrême, - et qui, par leur apparente impassibilité ont l'allure solennelle de figures totémiques - une sorte de cencentration mentale qui pourrait faire croire que, dans leur esprit et dans leur chair, ces femmes sont plongées dans la réflexion sur ce qu'on appelle pudiquement "l'objet du désir" (où" le sanctuaire du plaisir " comme Panga appelle une de ses toiles ) . Comme dans l'idéologie occidentale , la tentation se présente sous la forme d'une pomme, mais elle représente pour Timothée PANGA non pas le bien ou le mal, mais le mâle que la femme convoite et craint à la fois, ce qui fait naître en elle côte à côte frustration et excitation... Toute la concentration mentale des figures qu'il peint est axée sur le choix à faire, la décision à prendre; le corps souhaite se prêter à la volupté, mais la raison, comme dit Shakespeare, force à la réflextion et empêche de passer à l'action. Faut-il reconnaître dans cette interprétation l'influence qu'il a subie de l'enseignement et du contact avec l'art occidental ( il a étudié à l'Académie de Bruxelles)? Et faut-il voir dans le fait qu'il peint exclusivement des femmes - lovées parfois sur elles-mêmes dans ses peintures récentes aux couleurs beaucoup moins contrastées, l'idée qu'elles pourraient se satisfaire de leur propre corps? Dans ce cas, elles pourraient se passer d'hommes et la peinture insistante de Panga pourrait refléter une tentative d'exorcisation... Timothée PANGA appartient à cette classe nouvelle d'artistes qui combinent dans leur être l'apport de deux civilisations, amalgamant dans leur oeuvre des sensibilité des idéologies, des réminescences dont l'osmose ne peut qu'enrichire le patrimoine commun. Son intégration dans la peinture mondialisante actuelle ne consiste pas en l'adoption d'un style ou d'une vision qui iraient contre sa nature : elle résulte au contraire d'une interprétation harmonieuse de souvenirs ancestraux et d'acquisitions extérieures récentes. Elle aboutit à une forme d'art à laquelle nous devrons nous habituer, mais qui porte déjà la marque d'une originalité inhabituelle. WIm TOEBOSCH. AICA.