-Maso ? Sadique ?
-Non, sadien, voyez voir ! Mais qui passera la ligne pour me jetter la
pierre en jurant qu'il ne s'y reconnait pas... AH AH Ah Ah ah! (rire diabolique)
"[...] J’ai un amour-propre effrayant. Je suis susceptible et
rancunier comme
un bossu ou comme un nain, et cependant, j’ai vécu
des minutes où si
j’avais reçu une gifle, j’aurais bien pu
en être heureux. Je ne ris
pas: sans doute aurais-je été capable de
découvrir même là une sorte de
jouissance - jouissance du désespoir, cela
s’entend, mais c’est dans le
désespoir que nous arrivent les plaisirs les plus
brûlants, surtout si
l’on ne ressent que trop l’impasse où
nous sommes tombés. Et là, cette
gifle - comme elle vous écrabouille la conscience, de voir
quelle
crotte on vient de faire de vous. L’essentiel, quoi
qu’on qu’en en
dise, c’est quand même cela, que c’est
moi le premier coupable de tout,
et, le plus humiliant, c’est que je suis coupable sans
péché, pour
ainsi dire, selon les seules lois de la nature. Parce que,
d’abord, je
suis coupable d’être plus intelligent que tous ceux
qui m’entourent.
(Je me suis toujours senti plus intelligent que tous ceux qui
m’entouraient, et quelquefois - me croirez-vous? -
j’en ai même éprouvé
des scrupules. Du moins, toute ma vie, ai-je regardé pour
ainsi dire de
biais, et me suis-je toujours montré incapable de regarder
quiconque
droit dans les yeux.) [...]"
Les Carnets du Sous-sol (F. Dostoïevski)