EtHiK aka HoPGoBliN

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1991, la compil' Yo Rap. Première rencontre, assez dure, mes oreilles ne suivent pas le son apocalyptique du Bomb Squad. Trop jeune et pas encore assez mature pour écouter Public Enemy. Dans ma province normande, y a pas grand chose à se mettre sous l'oreille alors comme tout péquenaud pré pubert paumé dans son patelin, on écoute de la dance... l'âge idiot... Déjà de bons moments passés en compagnie de Solaar et De La Soul -quelques titres nous parviennent quand même- lorsque Snoop et IAM investissent mes oreilles en 94 (décidément...). C'est le déclic! Public Enemy (give it up! give it up! give it up, yo!!!), Warren G, NTM et 2pac enfoncent le clou... il n'y a plus aucune issue, le rap s'impose de lui même et fait de moi un vértable junkie. De découverte en découverte, souvent grâce à des suggestions pertinentes, la curiosité s'aiguise et progressivement mes goûts se construisent: ce sont les faiseurs de son qui retiennent de plus en plus mon attention. Dj U-Neek, Johnny "J", Dr Dre, Dj Quik, Daz, Warren G, Sam Sneed, Dj Muggs... les maestros du son west coast sont les premiers plébiscités. Puis j'en viens à écouter un certain Easy Mo Bee sur un certain Ready To Die (d'un certain B.I.G.). Ce producteur de génie (LE son des "mid 90's" selon moi) notamment auteur de "Str8 Ballin'" et "Temptations" pour 2pac provoque chez moi un attrait soudain pour la côte Est. Pour ne pas briser ma "G-funkitude", on y va en douceur passant d'abord par Biggie et Erick Sermon. Le premier fait du gangsta façon New York, tout comme le second dont les productions funky rappellent la côte Ouest mais pas uniquement. Il se dégage un truc indescriptible et puissant dans ce son East, quelque chose d'authentique que je veux absolument développer dans l'écoute. C'est là que s'opère les rencontres décisives: Prince Paul, Dj Scratch, the RZA, A Tribe Called Quest, Jay Dee, Pete Rock, Dj Premier, Ski et Large Professor colonisent les territoires de ma discothèque et de mes oreilles. A partir de ce moment là, l'achat de disques s'apparente à une véritable chasse à la prod: un son de Premier ou de Large Pro sur l'album (et quand t'en a 3 de chaque plus une de Pete Rock, ça te donne le meilleur album de rap jamais conçu, merci Nas!) et le disque part directement à la caisse! Ils ne se loupent jamais et en plus ils travaillent avec de vrais rappeurs. Le pur kiff... Et forcément ça commence à travailler l'esprit, à donner des envies du genre "Ouais, j'aimerais bien faire comme eux!": créer des lignes de basse aussi efficaces que celles de Johnny "J", conférer aux prods une puissance comparable aux beats d' Easy Mo Bee, une efficacité sonore digne de Dj Premier ou encore de Mf Doom, acquérir la polyvalence de Large Professor et de Jay Dee, développer une créativité sans limites tel RZA, El-P ou Madlib, avoir le sens du sample de Pete Rock, ou celui des arrangements comme Dr Dre et Dj Quik. En bref, une synthèse de ce qui à mes oreilles se fait de mieux en matière d'instru: on appelle ça des références ou encore des influences -voir encadré à ce sujet. Pour éventuellement y parvenir, il faut déjà commencer à pratiquer. Tout commence en 2004. C'est en compagnie de Riot que l'aventure commence. Après quelques mois de perfectionnement et une intronisation inespérée au sein de Radio Campus Toulouse -éternels remerciements à Thomas sans qui rien n'en serait là- les premiers titres intéressants et les premières rencontres se produisent: des productions aux noms bizarres retiennent l'attention de rappeurs et de dee jays qui ont des noms tout aussi bizarres (quand on est artiste, on cultive l'originalitude): I2C, Sider One, Ekyone, Dj Mayday, Dj Nice, Djeep, Dj Ritmin' Riot et Alcatraz participent un soir de décembre 2004 au premier live de l'existence de So Many Wayz. Cette soirée inoubliable marquera la genèse de notre premier projet collectif: "Diction Sans Contrat". DSC: un album, une compile -chacun définit ce disque comme il le souhaite-regroupant sur des productions estampillées Riot et Ethik les textes de Sider, de Rêve2Goss (Ekyone, SomeOne et Chomyx) d'I2C (Mr Han"s Da Flow) et de Mani, ainsi que les scratchs percutants de Dj Skandela et Dj Ritmin' (I2C). Ce premier opus se voit aussi gratifié de la participation de musiciens: Monsieur D à la flûte, Rémi à la gratte, et El Papillon au saxophone. Diction Sans Contrat puise son inspiration dans une vision du monde teintée de méfiance à l'égard des rapports de forces qui engagent les hommes et la planète, mais aussi dans une reflexion sur l'existence de l'être humain en tant qu'individu et plus précisément en tant qu'artiste. La couverture signée du génial Dran (www.dranshow.com) y évoque une planète à l'agonie qu'une armée de rats s'empresse de quitter avec les moyens du bord (boîte de conserve, carton de pizza...). L'image du rat fait référence à l'idée d'anticipation et d'instinct, à des expressions courantes telles que "les rats quittent le navire". Le navire en question s'appelle Terre... Mais ça ce n'est un scoop pour personne. Entièrement autoproduit, cette première expérience à travers DSC nous a apporté le plaisir de mettre en place un projet commun, et nous a familiarisé avec l'aspect technique de la réalisation (un grand merci à El Papillon pour sa patience et sa passion de la musique). En attendant de nous retrouver à pour un nouveau projet -celui ci sera international, Sider One étant connecté en Amérique Latine-, chacun progresse à sa manière, "experience's the best teacher" pour citer Guru. Les projets en cours, les collaborations à venir, l'envie de vivre pour et par la musique, autant de choses qui me donnent la volonté de faire de mon art un pilier de mon identité. La musique, mon éthique...