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darfour 1er octobre 2006 (0046)
Non, le Moyen-Orient n'est pas seul à me tourmenter. Je pleure sur d'autres martyres, comme celui du Darfour, où pour une fois les Occidentaux ne sont pas fauteurs de guerre.Le Darfour, c'est l'ouest du Soudan. Dans les conversations je constate que peu de gens situent bien le Soudan. Schématiquement, un vaste pays d'Afrique Orientale.Il commence à l'Éthiopie et à la Mer Rouge juste en face de La Mecque. Il longe l'Égypte au nord. Il s'étend à l'ouest jusqu'au Tchad, frontalier du Darfour justement, et jusqu'à la République Centrafricaine. Au sud il longe la République Démocratique du Congo (ex-Zaïre), l'Uganda et le Kenya. Puis il remonte le long de l'Éthiopie et de la Mer Rouge à l'est. Ainsi tourne-t-il sans fin autour du Nil qui le traverse du sud au nord, sa capitale Khartoum, fameuse par quelques épopées hollywoodiennes, plantée au confluent du Nil Blanc et du Nil Bleu.Le problème du Soudan est moins sa vasteté (5 fois la France) que sa pauvreté économique et surtout la complexe diversité de sa population. Jadis déjà multi-culturelle mais entièrement noire, la population fut plus ou moins chrétienne du 6e au 13e s. Ensuite, le métissage et l'islamisation par les Arabes atteignirent des proportions telles qu'on peut dire qu'à partir du 15e s. le Soudan a été arabisé et musulman. Néanmoins, une minorité soudanaise non négligeable est restée chrétienne ou animiste (religions africaines), en rebellion presque permanente, surtout au sud, contre le gouvernement musulman depuis des siècles.L'arabe est la langue officielle, mais 32 langues africaines inintelligibles entre elles y sont également parlées. On imagine facilement les conflits qu'une humanité aussi hétérogène, où les rancunes et les peurs sont ancestrales, peut engendrer. Et pourtant, au Darfour, ce n'est pas une rebellion de non-musulmans contre le gouvernement mulsulman qui cause la désolation, mais une guerre entre tribus musulmanes à laquelle se superpose une guerre entre ambitieux musulmans locaux, ces tribus et ces ambitieux locaux combattant en même temps le pouvoir musulman de Khartoum... Une situation islamo-islamique tellement compliquée qu'elle est indescriptible dans l'espace minuscule d'une entrée de blog. Je ne peux que résumer ce que les témoins, hélas et unanimement, rapportent du Darfour: massacres, ruines et déportations.J'ajoute, à propos du Soudan en général, que la partie arabe ou arabisée de sa population colonise littéralement la partie noire encore attachée à ses racines africaines. Ainsi Al-Qaeda, dont l'idée-clé est qu'il faut par tous les moyens empêcher l'Occident de procéder à la re-colonisation des pays musulmans, est-elle prise en flagrant délit d'hypocrisie au Soudan, où l'Islam colonise les peuples non-islamisés. L'image de la paille et de la poutre (entrées 0042 et 43) s'applique à l'Islam comme à Rome et partout ailleurs. Pour comble de contradiction, ou peut-être simplement parce qu'il est en panne d'argument pour empêcher un parachutage de casques bleus qui stopperaient (rien n'est moins sûr) le martyre du Darfour, Khartoum accuse l'Occident de vouloir re-coloniser le Soudan. Résultat: l'ONU lui-même, dont le secrétaire général est un noir, Kofi Annan (ghanéen), hésite à intervenir et le Darfour continue d'être ravagé.
Khartoum a quand même tenté d'arrêter cette guerre du Darfour, mais n'a pas pu y parvenir. On dit même qu'il arme de kalachnikovs les milices Janjawid (en arabe: cavaliers du diable) qui tuent et persécutent les pauvres civils darfourites. Mais on dit aussi que c'est faux, que la situation est à ce point obscure qu'il est impossible de déterminer d'où viennent armes et munitions et qu'en fait, tout cela arrive simplement et tragiquement du fait de brigands ivres de sang qui s'abritent derrière le Coran. On en a vu d'autres s'abriter derrière la Bible, ou Marx... Le péché parcourt le monde sous des parapluies de toutes les couleurs.Peut-être cette triste affaire finira-t-elle quand tous les Darfourites seront morts ou retournés à l'esclavage? Le Soudan comme l'Irak, l'Afghanistan, le Liban, la Palestine, Israël, m'empêche de dormir.COMMENTAIRE:
16Oct06 46C9
Le drame du Darfour est certainement le plus grave désastre actuel avec l'Irak, où — comme on vient de l'apprendre d'une enquête d'organismes des plus compétents — la guerre a fait environ 650.000 victimes civiles de 2003 à 2006 (Mr Bush a déclaré que c'était un mensonge, car son chiffre de victimes à lui n'est que de 30.000). Ce qu'il y a de plus saisissant entre les deux [le Darfour et l'Irak], c'est la différence d'attitudes des nations politiquement concernées selon que l'hypocrisie de rigueur les conduit à beaucoup parler de l'Irak et à très peu parler du Soudan. Les media sont une calamité dans le cadre des péchés [de proportions] planétaires, mais dans ce cas particulier ils font ressortir (bien malgré eux sûrement) les froids calculs politiques dont résultent le mutisme ici et le bruit là .
Depuis 2004 le génocide au Darfour aurait fait, selon la Maison Blanche, plusieurs centaines de milliers de morts. Cette même Maison Blanche, dont le président chante pieusement des cantiques chaque dimanche à l'office évangélique, ne fait pourtant rien pour faire cesser ce massacre dans lequel le dictateur du Soudan Omar Hassan al Bashir porte une responsabilité considérable. Bashir est quasiment inconnu du public alors que Saddam Hussein, qu'on juge pour ses crimes, a fait infiniment moins de victimes dans la population irakienne.Tout ce qu'a fait Mme Condolezza Rice, ministre des affaires étrangères, c'est de réclamer à l'ONU l'envoi d'une force "de paix" de 20.000 hommes, mais sans offrir la moindre participation américaine. Le gouvernement américain s'imagine que le monde va s'empresser de le satisfaire dès qu'il a parlé! Les réactions ont été plutôt le contraire. Tout récemment, rappelez-vous, une grande réunion à l'ONU de New York a rassemblé des aboyeurs de type Chavez [Vénézuela] et Mahmoud Ahmadi-Nejad [Iran], mais les media ont très peu sinon même pas du tout souligné la présence à New York d'Omar Hassan al Bashir du Soudan, responsable de 2 millions et demi de morts chez ses compatriotes, qui a répondu à Mme Condo Rice qu'il déclencherait une jihad [guerre sainte] aux USA mêmes, si l'ONU envoyait des troupes au Soudan. Il a, ce disant, rejeté le terme de génocide comme une "pure fiction inventée par les juifs sionistes."Il y a des faits aussi frappants et scandaleux, comme le silence de grandes capitales musulmanes: Le Caire, Rabat, etc. devant le désastre du Darfour, région où vivent des frères musulmans. Signalons quand même que cette situation de lâcheté entre frères change, mais malheureusement pas dans le bon sens et même de façon cynique et, comme vous diriez, vous français, ubuesque. Un légiste égyptien déclarait voilà un mois au "New York Times" que si le monde arabo-musulman était aussi monté contre l'Occident, c'était justement à cause de situations catastrophiques comme la Palestine, l'Irak, l'Afghanistan, le Liban, le Darfour... Oui, partout dans le monde musulman on rend l'Occident responsable des la situation au Darfour comme si les milices arabes qui massacrent, déportent ou ruinent les paysans noirs musulmans de cette province soudanaise, avaient été envoyées là par les nations américano-européennes! Pour une fois que les Occidentaux sont innocents d'un désastre humanitaire! En fait, tous les gouvernements arabes sont embarrassés, mais prennent parti pour le dictateur du Soudan Omar Hassan al Bashir envers et contre tout... Alors, un mensonge de plus ou de moins! J'ai vu dans votre blog que vous défendiez Mahmoud Ahmadi-Najad, mais il peut être aussi menteur que tout le monde.Un autre fait complique la situation, c'est la position très réservée de la Russie. La Russie est contre l'envoi d'une force de casques bleus au Darfour, parce qu'elle se dit que si elle encourage cette intervention militaire, elle ne pourra plus s'opposer à l'envoi de casques bleus en Tchétchénie. Comme vous voyez, c'est une affaire très difficile.Pour compliquer un peu plus la situation, rappelons qu'il existe déjà une "force de paix" au Darfour, mais pas une force des Nations Unies. C'est une unité de 7.000 hommes de l'Union Africaine, sous-équipée et peu motivée, de sorte qu'elle laisse faire, impuissante ou sans vrai désir d'intervenir. Les nations africaines sont de toute façon impuissantes à protéger leurs frères noirs du Darfour. À l'ONU on pense qu'une force de casque bleus ne fera pas mieux.Kofi Annan, maître de l'ONU, quoique noir lui-même, pense à de fameux échecs de l'ONU déjà , au Rwanda où l'ONU s'est montré incapable d'empêcher le massacre des Tutsis par les Utus, en Bosnie où le massacre des Musulmans par les Serbes chrétiens a duré aussi très longtemps. Sans nul doute, il a peur d'aller vers les même échec au Darfour. Et puis il va quitter l'ONU en décembre... Il ne souhaite pas se compliquer l'existence au moment de partir à la retraite. Je vais cesser ici d'énumérer tous les facteurs de complications dans cette tragique affaire.Quelque chose que le gouvernement des USA pourrait faire, c'est le gel des avoirs de la clique soudanaise, responsable de la situation au Darfour. Cette clique et même l'État Soudanais ont des comptes en banque un peu partout aux USA. Mais pour effectuer ce gel il faudrait à la fois une volonté et une motivation politiques que, pour des raisons obscures, la Maison Blanche n'a pas. Oui, il y a beaucoup de choses obscures dans cette affaire, une obscurité que vous avez raison de souligner dans votre blog, parce que, même si l'on se dit qu'en fait personne ne veut intervenir dans une région du monde dépourvue de tout intérêt, un certain nombre d'éléments restent incompréhensibles à l'historien que je suis. Peut-être, en effet, s'agit-il, comme vous le dites, que d'une histoire de brigands locaux cherchant à rançonner toute une province. Vous êtes le premier à faire cette annalyse et je la trouve intéressante. Ce qui me frappe en vous, frère Michel, c'est une étonnante clairvoyance que je remarque depuis que vous avez commencé ce blog. Indiscutablement, il y a derrière vous une Lumière [...]La Révélation d'Arès condamne religion et politique ensemble, parce que l'une et l'autre laissent toujours faire le mal, quand celui-ci les arrange. C'est une fois de plus très évident au Darfour.H.J.S. New York, Fonctionnaire de l'ONU (Le commentaire a été envoyé en français par son auteur).