Christophe

Sous ce fin rideau, dans cette position d’équerre, le jet d’eau chaude rebondissant sur ma nuque – seule inclinée, rompant la ligne de ce corps pour l’heure droit, alors que je restais immobile, avec un rythme lent et régulier, des gouttes, ruisselant sur mes cheveux humides sur la ligne médiane verticale de mon front jusqu’à l’encoignure de mon nez, le creux de mes sinus, des gouttes donc, une à une, dans leur naissance et avec la force qui les dirigeaient vers le bas, ouvraient une béance soudaine, si perceptible sur mon visage ; et à l’instant de leur détachement, alors que trop lourdes pour se maintenir et préserver cet écart, ce vide qu’elles avaient manifesté, le faisaient éclater et disparaître, avant de perdre elles-mêmes à l’arrivée de la chute leur dernière intimité.
Rien ne point n’est-ce à l’extrémité des solitudes
Là seulement peut-être s’entr’aperçoit-il,
Et laisse la doublure de notre limite
Filtrer la presque grâce d’une instante lumière,
Et alors un temps semble l’éternité
Comme le rayon
Traverser la pellicule du songe.
Mon esprit naissant ne pouvait que souiller
– et tel est mon commencement, un manquement nécessaire à la mesure de l’être.
Je ne pourrai jamais effacer cette déraison, ne pas sentir le viol grésiller dans l’union.
Je me veux dans ta chair, je me veux en toi, et j’apprendrai à m’aimer dans ma honte, jusque dans l’obscénité de ma venue à l’être, jusque dans mon premier amour.
Je m’aimerai impropre, je m'aimerai profane, je m'aimerai brutal,
là, à me haïr même, là,
toujours là, à remuer, indémêlables, sans frontières, la vie et la mort, à les sentir se comprimer, moites, brûlantes, dans l’hospitalité visqueuse de ton vagin
– le refuge et la terreur.
Je m'aimerai. Et après, incontinent, je jouirai
– absolument.
Parfois les notes les plus décadentes s'expriment dans les montages les plus imprévus!