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Né au Rwanda, du côté du lac Kivu, Beniwe a quitté sa terre natale à l’âge de 17 ans.
Enfant, lors des veillées dans la chaleur de la nuit, il entendait les chants nostalgiques des femmes. Plus tard, ce furent les soirées musicales dans les bars, au son de l’inanga, cithare typique du pays des Mille Collines aussi appelée « guitare à mots ».Au fil des années, il s’est construit un univers musical à la fois fortement inspiré de la culture rwandaise et très ouvert sur les sonorités urbaines de la sono mondiale.
Après deux clips et deux précédents albums, qui ont connu un modeste succès, restreint au cercle communautaire ou au public « averti » des musiques du monde, Beniwe s’est donné les moyens d’une production plus ambitieuse, pour sortir en 2007 « Isekere »
La direction artistique en a été confiée à Ridha Beghila, guitariste , bassiste , compositeur, fin connaisseur de la musique rwandaise.
Des featurings remarquables, tout d’abord en duo avec Sonia Rolland, sa prestigieuse compatriote, dans « Muzehe ». Ménélik, rappeur français d'origine camerounaise, balance son flow pour exorciser le souvenir du génocide dans « Ihorere ». Lokua Kanza, en frère de cœur et de chœur vient poser sa voix mélodieuse sur « Tujye Gushora ».
Mais il rappelle aussi qu’il peut faire swinguer, au détour de « Habitaïsha »ou de « Bibiyana », dans laquelle on retrouve indéniablement la patte de Ridha Beghila.Inspirés par l’actualité internationale ou par sa vie quotidienne en France, ses textes interprétés en Kinyarwanda, en swahili ou en français sont empreints de poésie. Sa voix se pose avec légèreté et fluidité sur la musique, laissant deviner des possibilités vocales encore inexploitées…Beniwe avoue être suspendu entre deux cultures, croyant en Imana, le dieu de son peuple mais pratiquant le culte catholique depuis son plus jeune âge. Il reconnaît qu’il y a de la mélancolie dans la musique rwandaise, que celle-ci est pétrie de douceur et jamais « trop » bruyante. Pleine de retenue comme l’éducation rwandaise, qui habitue les enfants à ne pas s’emporter, à ne pas se mettre trop en avant et à respecter autrui.Il retourne fréquemment au Rwanda se ressourcer, aider les siens ou apprendre de nouvelles sonorités. Dernièrement, il a séjourné durant une semaine chez les Batwa de Kinigi pour apprendre leurs chants polyphoniques.
En décembre 2005, c’était pour poser la première pierre du siège de l’association fondée par Sonia Rolland, en soutien aux enfants traumatisés du génocide.
En homme pudique, Beniwe ne s’étend pas sur le sujet.
En 2008, il a le regard tourné vers l’Olympia où il se produira le 12 février, en première partie de Frédéric Lerner et en duo sur le titre « Maïsha Africa », extrait de l’album « ça passe ou ça casse ».par Charlotte LANCOUD
http://www.myspace.com/lancoudcharlotte