Barbie_Metal

ECRIRE, écrire, écrire, écrire :

"Quand l’estime de soi n’existe pas, donner un peu de votre vie à un minable soulage votre dignité, car se sentir navrant auprès de quelqu’un qui l’est encore plus que vous, vous exempte d’un peu de médiocrité. Le dernier homme qui ait partagé la mienne, ne partageait rien d’autre. Nous n’étions que la combinaison perdante de deux personnes insignifiantes qui pensaient l’être un peu moins ensemble. Nous perdions notre temps à nous dire que nous nous aimions, cela nous paraissait plus glorieux que le perdre simplement que nous l’avions toujours fait, chacun de notre côté.[...]
« Vous êtes pire qu’une chienne, jeune fille, vous êtes son fèces. Oui, vous êtes aussi pédante qu’une défécation de petite bourgeoise diarrhéique, déposée au Biafra. » Se savoir une merde est une chose mais se l’entendre dire en est une autre. Je ne m’en sors pas, excréments, pourritures et déchets, suis-je condamnée à ne jamais m’élever ? La chenille rose à mes côtés ondule laborieusement dans sa seconde peau encastrée. Elle montre du doigt le cadavre gisant au milieu de l’allée, qui se relève. Le malheureux s’est raté. Cette fois il est vraiment résigné, que peut-il faire de plus que se suicider ? La larve avachie à mes côtés, suspendue au goulot de sa bouteille, geint bruyamment. Cette grosse chose dégoulinante me fait pitié à voir. Je cherche au fond de mon sac un mouchoir qui lui permette d’essuyer sa peine. [...]
"Son visage s’illumine, comme celui d’un homme. Mais il a renié cette partie de lui-même, et ça, même s’il l’attire doucement vers lui, en faisant glisser ses doigts entre son cou et ses cheveux, pour lui parler, lui aussi, au creux de l’oreille. Elle rit. Il hésite. Elle le fixe. Il baisse les yeux. Elle est vraiment trop belle. Il sent poindre au creux du ventre un désir, immense, de mourir. Doucement, il se laisse glisser vers elle. Elle l’embrasse, il devrait la repousser mais il ne peut pas. Il tient la mort entre ses mains et sa peau est si douce. Elle n’est pas comme on pourrait l’imaginer, blanche et veinée ou froide comme du marbre glacé. Elle est dorée et son dos est chaud, comme celui des filles sur la plage l’été, qu’il n’a jamais frôlé, mais X fois imaginé, lorsqu’il était encore adolescent, juste avant de devenir un homme avorté. Il a envie de succomber à l’ennemie. Pour la vie. Un second doute la poignarde. Heureusement que Dieu est là pour le rappeler à l’ordre. Ce fils manque encore d’expérience, mais grâce à son diplôme pastoral, à la fin de l’année, il sera enfin libéré du doute et ne le laissera plus jamais le tenter. Ni les vices de la vie, ni ceux de la mort ne le damneront et il vivra, seul, et heureux, retranché de l’autre côté. Il la regarde s’éloigner, comme s’il regrettait. Elle n’a pas insisté. Il reste, là, sage et bien assis. Ainsi soit-il.

(Extrait : "le couloir")

"Beaucoup de rumeurs circulent à propos du Viedortoirs et rôdent autour de ses murs, déguisées en vautours, attirés par le charnier qui encercle la demeure. Certaines résistent et d’autres meurent aspirées par le temps, mais toutes ne sont que des bruits essoufflés de courir sans destinée. En réalité, personne ne sait rien, il n’existe aucun témoignage relatant l’existence dans la maison des vies, puisqu’elles n’en reviennent jamais. Parmi ces murmures blasphématoires il en est un qui chuchote plus fort que les autres que le Vietorium est une maison mortifère incitant les âmes errantes à y sommeiller.

(Extrait : entrée libre et définitive)

"Nous sommes le 20 août 1990, Rika est heureuse. Elle s’amuse, embrasse, sourit, danse, et parfois se met en retrait pour observer cette vie qu’elle aime tant. Elle en profite, car demain elle la quittera pour en vivre une nouvelle, plus vivante, et plus loin que ce village qu’elle n’a jamais quitté. Elle ne sait pas quand elle reviendra, alors, avant de partir, elle a ressemblé toutes les personnes qui y ont de l’importance. Debout, sur la grande marche de la porte d’entrée, elle a une vu imprenable sur son bonheur. Personne ne la remarque seule, et l’air absent, dans son coin. Ce jour là, elle porte sa jolie robe, acheté le matin même pour l’occasion ; elle n’a jamais été plus belle et ne le sera plus jamais. Un moment d’inattention, perdu entre ses pensées et on oubli que la vie peut-être cruelle et on baisse la garde, on se penche un peu trop prêt des flammes du barbecue, on fait chavirer le verre d’alcool, laissé maladroitement par un invité sur le rebord en briques, et la jolie robe toute neuve s’enflamme. On quitte alors sa vie d’avant dans des hurlement et des douleurs atroces et on se réveille une éternité plus tard, dans la peau d’un monstre. Dans la réalité, le monstre ne se transforme jamais, et le prince qui vous serrait si fort en vous murmurant au creux de l’oreille, que votre robe le rendait fou, s’en va."

(Extrait : "on remettra les pendules à l'heure")

"Il y a des vies remplies, d’autres pas et pourtant, ironiquement, ce sont celles-ci qui débordent en premier. Ma vie fut dès le départ, vouée au néant, je le vois bien maintenant que tout est clair : je ne suis rien. Une vie professionnelle réussie de justesse, deux décennies passées in extremis et me voilà face à mon verre et mes dragées magiques à presque minuit, l’heure du crime. Ce soir c’est la fin. Encore faut il partir du principe que le néant est un début et je sais au fond de moi qu’il en a pas. En réalité je n’ai donc même pas l’esquisse d’une histoire à laquelle mettre fin. Mon départ n’en sera donc que plus facile.Mon verre bleu à ma gauche, et mes pilules planquées dans un tiroir du bureau, je me pose la question. C’est à cause de mon manque de courage, je ne me poserai autrement plus de question à ce stade. J’ai, pour me rassurer de ma détermination, déjà, avaler quelques amuses gueules, histoire qu’au moins une fois dans ma vie un truc m’ait amusé. Vu la tronche que je tire je ne crois pas que ma gueule se soit amusé tant que ça en gobant mes bonbons pharmaceutiques [...]À défaut de m’avoir fait marrer mes amuses bouches m’ont mis en appétit, il est temps de passer au plat de résistance, qui ne le sera pas vraiment. Les blagues les plus courtes sont les meilleures et ça tombe bien car je n’ai plus envie de rire. Ma vie a déjà été assez risible comme ça, il est temps d’écourter cette mauvaise blague."

(extrait : La dernière goutte)

...et essayer d'ILLUSTRER MES IDÉES avec des photos... souvent ratées, mais ça, c'est parce-que mes idées sont floues. Ou alors c'est une excuse, faussement philosophique, pour avouer que je suis nulle avec un appareil photos. Mais qu'importe, ça passe le temps, tout en le figeant.