Ceci n’est pas un journal intime ; ce ne sont même pas des mots que vous avez sous les yeux. Je n’existe pas, pas plus que vous ; nous ne sommes que les rêves des corbeaux. Et le corbeau dit : jamais plus.
(...)
Je ne sais pas si c’est un effet secondaire de l’adolescence (puisqu’il paraît que j’en suis), mais j’ai la sensation que tout va au ralenti autour de moi, que rien n’arrive à la bonne vitesse, que rien n’arrive, d’ailleurs, que rien ne m’arrive, ou alors lentement, très lentement. Si lentement. Les jours se traînent, les heures s’allongent, les secondes se multiplient comme de la vermine. Tout le contraire de ce que je voudrais. Moi je rêve de la vie comme un escalator, dont je grimperais les marches deux par deux, en plus de la vitesse propre des mécaniques. Mais dans la réalité le moteur tourne à l’envers et je dois m’épuiser pour réussir à avancer un peu. Quand il n’y a pas, en plus, un connard qui ne s’est pas rangé à droite, ce serait tellement simple si tous les escargots s’empilaient à droite. Je déteste me retrouver à attendre dans un escalator. Combien ça coûte d’attendre ? En petits carrés de vie ? Trop. Le temps d’arriver, le chocolat est déjà tiède. Trop de choses sont déjà tièdes, ou déjà froides. Les cendres d’une clope fumée trop vite.
I am just a new girl
I'm stranger in this town
where are all the good times
who's gonna show this stranger around