Mémoire de fin de soirée. C’est pas évident bannir la violence de notre vie. Essayer de ne pas la faire vivre à l’intérieur.Je ne sais pas, c’est comme une grande tristesse, que de sentir l’autre en proie à ceci, livrer totalement à son désespoir, sans amour, sans trace; gratuit dans le mal. Je n’achète pas. Désolé, mais ça me tue, j’ai beau essayer que ça ne me fasse rien; il en restera toujours quelque chose, que je le veuille ou non, que j’accepte ou non d’être pleine d’amertume, de rancune. À chaque fois c’est comme si j’avais 5 ans et que je m’effondrais du bonheur pour la première fois, vous savez comment on se sent, si petit en dedans et si triste, si fragile dans notre détresse; comme se rendre compte que finalement maman n’est pas venu nous chercher comme promis, qu’une situation à briser notre sourire pour toujours. J’écris dans la nuit avec le chat sur la table et il n’y a que lui et moi. Des fois je crois que ses moments là sont des répétitions, des pratiques pour quand je serai vraiment seule. C’est récurant chez moi l’impression que passer un certain stade, se sera simplement moi, désertée. Peut-être ne suis-je pas la seule à appréhender la solitude; la vraie, celle qui me collera le nez et la tête dans l’écriture, peut-être, qui sait? Il faut de la volonté pour écrire, pour écrire autre chose que ce qui se passe right now dans l’âme, il faut néanmoins du génie, du vécu, et aussi pas mal de détour pour pondre une ,,uvre. C’est ce que je crois. Ceux qui ont écrit sans tout ça va se perdre, il n’en restera rien. Ceux qui ont écrit sur des personnages imaginaires fruits de fantasmes… Je ne crois pas que ça sois ainsi. Tout se fait, mais c’est comme la spiritualité, il y a tellement d’entendements. J’attends toujours que le personnage se pointe, que sa complexité m’arrive, comme ça , au fil des jours, et qu’une bonne fois, sa présence me tombe dessus, comme un puzzle qui se serait construit au fil du temps. Je crois que le personnage doit s’incarné lui-même, c’est en cela qu’il se construit, produit d’angoisses profondes, de joie profonde, d’image originelle de notre vie. Je crois que tout le monde se construit un personnage, et que les plus «finit» sont ceux des écrivains. Je crois qu’un personnage en est un lorsqu’on peut en dire qu’il a tout de nous-même, et puis s’arrêter de parler, et dire tout de suite qu’il n’a rien à voir avec nous. Je crois sérieusement à cela; et ce même si je n’ai jamais encore compris où en est le mien propre; c’est une intuition profonde de la même race d’intuition que celle de ma solitude dans l’avenir. Il y a des certitudes qu’on a comme ça, sans explication, sans qu’on puisse le dire à personne; des secrets qu’on passe sa vie à gérer sans s’en rendre compte. Il y en a une que j’ose dire; je crois qu’on jour j’ai décidé d’arrêter de devenir grande. Je crois que j’ai eu peur de tout perdre. Je crois que ça me rattrape; que mes retards sont dus, à présent.
