Member Since: 9/21/2008
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Jane Birkin
Il nous a pardonné à toutes de l'avoir quitté, aussi bien Bardot que moi, il était très très fidèle, il avait décidé de faire une image de nous que personne ne toucherait, une sorte de perfection, qu'on ne parlerait pas de trahison, non, c'était convenu que lui était insupportable et que moi j'avais sauvé ma peau et qu'il n'y avait pas de déshonneur à cela, il se disputait avec les personnes qui disaient du mal de moi, c'est très rare quand même, de ne pas vouloir ternir l'image de l'autre personne.
extrait d'une interview réalisée par Monique Giroux pour CBC.
Catherine Deneuve
Comme acteur il était formidable parce que sous toutes ses réserves ou cette façon qu'il a de se protéger derrière la fumée de sa cigarette, on sentait sa fragilité. Il devait craindre aussi de ne pas être à la hauteur de ce qu'on lui demandait. […] Serge est quelqu'un de très torturé mais en revanche il jubile pour de petits détails et c'est là qu'il est renversant.
Quand on le connaît il a des côtés irritants, provocateurs et puis il vous sort une phrase bouleversante… Et il termine toujours gagnant.
Sa gentillesse profonde le trahit.
source : Gilles Verlant
Alain Bashung
Ce monsieur qui avait fait des chose magnifiques se disait prêt à tout refaire, tout reprendre à zéro.
Il pensait à sa vie. Il était le mec le plus seul au monde, et nous avions un rapport père/fils très beau.
Avec moi il tenait à être à la hauteur…
Il avait l'orgueil de faire un truc immense. […] C'était un prince, il m'a conforté dans le fait d'aller plus loin, sinon ça ne vaut pas le coup d'être vécu. Il m'a donné l'envie, même si on n'est pas compris par tout le monde, de faire les choses avec élégance.
Il jonglait avec la pop en la raffinant avec classe.
Je n'ai jamais vu un mec aussi fort et sensible à la fois. Il ne perdait pas le fil, jamais, quel que soit son état ...
source : Gilles Verlant
Jane Birkin
Quand j'ai rencontré Serge en 68 sur le tournage du film "Slogan", on m'a dit qui il était parce qu'en Angleterre personne ne le connaissait, j'ai voulu en savoir plus et j'ai foncé dans la première librairie pour m'acheter un recueil de ses textes. Et avec un dictionnaire, j'ai essayé de me rendre compte de la beauté et de la difficulté de ses chansons.
Une que j'avais adorée c'était "En relisant ta lettre" que j'ai mis un temps fou à déchiffrer avant d'en comprendre toute la drôlerie, parce que Serge écrit sur plusieurs dimensions.
D'un coup j'ai compris le grand talent de manipulateur de la langue de ce mec avec qui j'étais en train de tourner tout simplement comme acteur...
Jane Birkin
Je suis assez contente que les autres pensent qu'il est cynique, comme ça j'ai le côté privé pour moi.
J'ai un chien qui mord tout le monde, sauf moi. ça c'est agréable, j'aime pas les chiens qui lèchent la main de n'importe qui. J'aime que les autres disent : "vous avez un chien affreux!" et puis il vient vers moi et il est tout doux. Voilà , c'est unique.
interviewée par Denise Glaser / source :
Gilles Verlant
Brigitte Bardot
Gainsbourg c'est le meilleur et le pire, le yin et le yang, le blanc et le noir.
Celui qui fut probablement le petit prince juif et russe qui rêvait en lisant Andersen, Perrault et Grimm est devenu face à la tragique réalité de la vie, un quasimodo émouvant ou répugnant selon ses ou nos états d'âme.
Au profond de cet être fragile, timide et agressif, se cache l'âme d'un poète frustré de tendresse de vérité , d'intégrité.
Son talent, ses musiques, ses mots, sa personnalité en font un des plus grands compositeurs de notre triste et affligeante époque.
source : Brigitte Bardot "Initials B.B."
Jacques Dutronc
C'est quand même un des rares de ce métier qui ne parlait que de lui, mais bien quand même. […]
Tu pouvais te casser les deux bras, les deux jambes, tomber du sixième et lui dire "Je pourrais pas te voir". Et lui te répondait : "Oh, moi c'est pareil, j'ai une écharde". Bon, c'est sympathique…
Et je crois que c'était un vrai artiste en tout cas. Il a eu quand même le talent de n'être jamais sa caricature.
Parce que c'était pas dur, hein. Des fois, ça frôlait… […] Et ce que beaucoup n'ont pas compris, c'est qu'il a jamais été détruit par le gorgeon, ni par la cigarette, ni machin.
C'était autre chose sa destruction.
interview de Jean-Marie Perrier / source :
Gilles Verlant
Brigitte Bardot
Je crus mourir lorsque j'entendis l'enregistrement de cette chanson interprétée par Serge et Jane.
Mais c'était dans l'ordre des choses ! Je n'en voulu jamais ni à l'un ni à l'autre.
Au contraire je m'en voulus à moi, de ma lâcheté, de mon manque de décision, de ma façon de croire que tout m'était dû, du mal que j'ai pu faire inconsciemment et qui me retombait, comme un pavé sur le cœur.
source : Brigitte Bardot "Initials B.B."
Brigitte Bardot
Il était une fois "Gainsbourg", prince fou d'un monde trop étroit pour lui. Il su nous séduire, nous enchanter par la beauté de son âme et de son cœur. Il cachait sa vulnérabilité derrière une insolente agressivité qui à l'image de son corps et de son visage ne réflétait que la partie superficiellement visible de cet iceberg bouillant et généreux.
Il sera toujours Gainsbourg !
source : Brigitte Bardot "Initials B.B."
Juliette Gréco
Je garde le souvenir de lui quand il était venu à la maison m’apporter ses chansons (1959).
Il était nul ! Il avait peur, il était paniqué. J’avais de très beaux verres à whisky, en cristal gravé. Je lui sers un drink, mais il avait les mains tellement tremblantes et humides que le verre lui a glissé des mains et s’est brisé à ses pieds !
Juliette Gréco
Ce qui m'a plu dans ses chansons, c'est lui.
C'est un homme passionnant, séduisant, d'une grande tendresse. A cette époque [1961] il était extrêmement vulnérable, il croyait à sa laideur, il ne s'aimait pas beaucoup. Il m'a d'abord écrit "Il était une oie", une sorte de portrait, de dessin cruel mais vrai d'un certain type de fille. Ce n'est pas parce qu'il dit la vérité qu'il est misogyne.
Il n'y a pas chez lui la moindre bassesse, mais une grande lucidité. Il m'a donné une toile de lui, l'une des choses les plus tendres que j'ai vues.
J'y tiens comme à la prunelle de mes yeux...
Juliette Gréco
Les gens pensaient :
"Il est moche ! il est laid !
Comment peut-on ?"
Il a eu une revanche exemplaire qu’il méritait grandement. Mais il en est quand même mort, de ce non-amour du départ.
Moi, à l’époque, je disais qu’il était beau. Je le trouvais beau. Ce qui m’a plu dans ses chansons, c’est lui. C’est un homme passionnant, séduisant, d’une grande tendresse. J’aimais Il était une oie, sorte de portrait cruel mais vrai d’un certain type de fille.
Ce n’est pas parce qu’il dit la vérité qu’il est misogyne. Il n’y a pas chez lui la moindre bassesse, mais une grande lucidité. Il m’a donné une toile de lui, la seule qu’il n’avait pas détruite, jetée ou brûlée, l’une des choses les plus tendres que j’aie vues.
Françoise Hardy
Ce qui me sidère c'est que personne n'a lu "Evguénie Sokolov" ou alors en se braquant sur l'histoire du peintre pétomane sans aller plus loin, sans percevoir sa dimension de "conte parabolique".
Je l'ai dévoré, j'ai été époustouflée par le langage. Serge ne croit pas tout à fait en lui, il a toujours ce complexe de l' "art mineur".
Anna Karina
Lors de notre première rencontre, j'ai trouvé Serge très timide, très touchant.
Je n'ai jamais compris qu'on puisse le trouver laid, il a toujours été très beau dans le geste, très distingué, princier dirais-je.
source : Gilles Verlant
Françoise Hardy
Il avait à la fois un grand appétit de vivre et un grand mal de vivre. C’est quelqu’un qui s’ennuyait très facilement , qui avait besoin que les choses bougent autour de lui, qui avait besoin d’agir, d’écrire, de faire des choses. Sinon il était dans le trou.
Il avait une grande délicatesse, une grande pudeur, une vulnérabilité qu’il a essayé toute la vie de compenser en essayant d’être quelqu’un d’autre que ce qu’il était. Pour être moins vulnérable, moins sensible, il a voulu jouer les durs et les cyniques et il a fini par le devenir, en partie...
Il était par moments désarmant, adorable, complètement attachant. Plein de charme. Et à d’autres moments tout à fait odieux et égocentrique.
Régine
À propos de sa relation avec B.B :
[ …] Je pense qu’elle l’admirait beaucoup et lui était flatté car il se considérait comme très moche. Ça l’épatait que la femme qui symbolisait la beauté soit éprise de lui.
Moi je lui disais toujours qu’il était très beau, qu’il était beau par son talent et que les femmes qui attachent de l’importance au physique à mon sens sont des connes...
Régine
Il considérait que je chantais trop de choses sans intérêt. Il voulait que je chante des choses violentes, que je dise des choses vraies, dures, des choses de la vie, il voulait que ce soit cruel et réaliste .
Isabelle Adjani
Je ne l'ai pas vu ces deux dernières années et je me suis fait beaucoup de peine.
Je pensais toujours : "Il est très entouré, tout le monde l'aime, il a sa famille, et moi, je ne vais pas m'ajouter. Je n'ai pas envie de le déranger".
Mais c'est trés narcissique de penser des choses pareilles, ça veut dire qu'on veut compter encore plus qu'on ne compte. Et pourquoi n'avoir pas, simplement, une amitié active et fidèle : être là ?
Ces derniers temps, j'étais souvent dans le quartier, c'est trop bête.
Isabelle Adjani
C'était quand même le dernier héritier de Breton, de Queneau, de Vian, de Prévert.
De Rimbault aussi.
Il fait partie des auteurs qui décident de votre vie, qui vous amènent à vouloir quelque chose très tôt, et le vouloir à tout prix. En ça, il était conducteur d'absolu. Pour moi, c'était "l'homme qui a les chevilles au vent". Il ne délirait jamais, c'était les moments qui était délirants. Lui était diaboliquement concret. Ce qu'il avait à montrer était en plein dans la réalité.
Il pouvait être brutalement mégalomane aussi, comme Marguerite Duras. Il a toujours tout dit sur lui, à fond. A travers la connaissance privée que nous avons de lui, les photos, sa vie, ses femmes, ses enfants, ses lubies, ses fantasmes, sa biographie, il l'avait écrite.
En fait, il a tout précédé.
source : VSD
Isabelle Adjani
Un jeudi après-midi, il n'y avait pas école et j'avais été voir "Slogan" et "Les Chemins de Katmandou", dans un cinéma de quartier. J'avais trouvé Serge très beau, sa présence très romantique…
Il avait la beauté de quelqu'un qui peut vous rendre belle : je pense que l'adolescente que j'étais avait repéré sa fibre pygmalionne… Il me faisait l'effet d'un miroir, l'observer me donnait l'impression que je pouvais me regarder librement et me trouver belle. Quand je le voyais à la télé je sentais qu'il s'inventait constamment, il se mettait en scène comme les ados : il agressait avec son look, son regard, cette façon de ne pas sourire.
Les gens de ma génération ont eu envie d'imiter cette marginalité.
source : Gilles Verlant
Isabelle Adjani
En regardant des images de ses concerts, je me suis aperçue tout d’un coup à quel point il était dans le tracé émotionnel de Marilyn : je le voyais envoyer du bout des doigts des baisers au public, sa chemise ouverte lui faisait comme un décolleté, il était offert dans toute son aura érotique et magnifique à son public.
A l’instar de Marilyn il était arrivé à être un personnage de légende de son vivant…
source : Gilles Verlant
Gilles Verlant
En 1985, j'ai eu l'envie de devenir son biographe parce qu'un jour, accidentellement, j'avais écrit cette phrase qui m'avait intrigué :
"Gainsbourg cache son immense pudeur poétique sous un masque de bouleversante obscénité".
J'ai voulu savoir pourquoi je l'aimais tant, pourquoi ses chansons me parlaient mieux que toutes les autres.Pourquoi, à l'époque où je n'écoutais que du rock anglo-saxon, il était le seul Français qui trouvait grâce à mes yeux.
Or, tout était résumé dans cette phrase dictée par l'inconscient.
Gainsbourg et Gainsbarre.
Le poète et le provocateur. Le timide et l'exhibitionniste. L'esthète et le scato. Le prude et le pornographe. Le dandy et le voyou. Le milord et l'arsouille. Le pleurnicheur et le matamore. Le farceur et le désespéré. Le bouffon et le tragédien. Le rêveur et l'égotiste. Le génie et le faussaire.
Et au cœur de tout ce tumulte, le garçon sauvage, Lucien Ginsburg.
Le mythe Gainsbourg commence ici.
That's it, man.
source : Gilles Verlant
L'Humanité
Un seigneur disparaît et nous laisse avec les saigneurs.
La médiocrité, le mensonge, la laideur ont encore de beaux jours.
Plus grand-monde pour les pourfendre.
Ce monde est ignoble qui fait mourir les poètes et les fous et vivre les présidents assassins.
Adieu l'ami, salut mon pote, embrasse Brassens et Reiser et Coluche et Desproges.
J'irai fumer sur ta tombe.
Patrick Eudeline
Strandé dans un pays aussi vulgaire qu'haïssable, il a su imposer la classe déglinguée, le talent soigneusement négligé, l'humour insane et smart ; l'Elégance de l'Ennui, le jusqu'au-boutisme de la sophistication.
Patrick Eudeline, dans "Gainsbourg un dandy"/ source : Gilles Verlant
Francis Huster
Gainsbourg est un poète de la caméra et un remarquable directeur d'acteurs. Il l'a été lui-même et dans son regard on sent qu'il admire les acteurs.
C'est un grand baroque, un grand hyperréaliste de l'âme...
Je suis très fier d'avoir tourné "Equateur", je le considère comme l'un des meilleurs que j'ai faits, avec ceux de Zulawski...
Lui et moi, c'est comme Cocteau et Jean Marais...
Alain Souchon
Serge Gainsbourg a cherché dans les phrases à tiroir, les mot-clés, les doubles sens, dans le précieux et le sordide, la musique et l'adolescence, à calmer la grande douleur de Huysmans et de Baudelaire.
Jean-Claude Brialy
Je crois que Serge était amoureux d'elle (Anna Karina) de toute façon Serge ne pouvait pas travailler avec des gens sans être amoureux d'eux. Il me disait même qu'il était amoureux de moi !
Il venait me voir sur le plateau avec un petit bouquet de fleurs, il était très affectueux, très tendre.
source : Gilles Verlant
Sounds Like:
..
Record Label: Mercury
Type of Label: Major