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DUO GRIM
« Dans le vide »
(Chandelle Productions/ Pomme Music/Sonybmg)
Sortie janvier 2009
Sylvain Reverte et Cédric Moulié étaient faits pour se rencontrer et créer ensemble des chansons –parfois c’est aussi simple que ça. À y regarder de plus près, tout sépare pourtant ces deux musiciens du Lot-et-Garonne ardemment soutenus par Francis Cabrel, producteur du premier album du Duo Grim : Dans le vide.
Tout les sépare, donc. Sylvain Reverte, 34 ans, guitariste autodidacte, d’une culture alternative, vient à l’origine de la scène punk. Cédric, 24 ans, multi instrumentiste, a reçu une solide formation classique. Il y a sept ans, le violon alto et l’orgue Bontempi de Cédric Moulié rejoignent le groupe Psylow, dont Sylvain Reverte est à la fois la tête pensante, le chanteur et le guitariste. Et puis, à force de convoquer de nouveaux instruments et avec eux de faire évoluer le style musical, Psylow a éprouvé le besoin de changer de nom. Ainsi est né Le Manège Grimaçant, à savoir huit musiciens pour un rock purement acoustique, carrément festif. Si le succès est surtout local (à Agen et ses alentours), il n’en est pas moins réel. Les concerts se multiplient, Francis Cabrel est déjà là pour les encourager –et plus-, et Michel Françoise, qui vient de créer 3 Label, les signe volontiers. L’album 1er des Tours sort en février 2006.
C’était hier. Aujourd’hui le groupe s’est disloqué, mais deux de ses membres se reconstruisent sous la forme épurée d’un tandem, le Duo Grim. Grim évoque Grimaçant, naturellement. Avant la sortie de leur premier album, finement arrangé par Michel Françoise, dès l’automne 2008 le Duo Grim se fait chaleureusement applaudir en première partie de la tournée de Sanseverino et de Francis Cabrel. A la sortie, ils sont nombreux à s’offrir Dans le Vide en avant-première. Car sur scène, Cédric et Sylvain sont jugés époustouflants. Tandis qu’à la guitare Sylvain s’empare du micro, Cédric fait les chœurs tout en jonglant avec une foule d’instruments : violon, piano, sample, orgue, etc.
Dans leur phase de création des chansons, ces deux-là s’enrichissent mutuellement. Le premier livre des paroles souvent accompagnées d’une ébauche de mélodie ; le second, fort de ses années passées au conservatoire, creuse l’idée musicale première et la structure. Le moment venu, en studio Michel Françoise les habillera avec l’élégance qui n’a échappé à personne sur Des Roses et des Orties du même Cabrel.
Ce disque a vraiment été fait à trois, on peut parler de famille recomposée. Au fait, ces chansons qui séduisent tant, que nous racontent-elles ? Sur fond de rock contemplatif avec une prime à l’esthétique, elles laissent s’exprimer des sentiments plus ou moins précis –comme la plupart des sentiments, non ? Leur charme, leur intérêt, leur particularité : l’usage d’un second degré poétique, l’art de ne pas être là où on les attend, une énergie canalisée, une touche de surréalisme. D’entrée, on se retrouve dans les pieds « Dans le vide », sans craindre la chute, parce qu’il fait chaud et qu’il est bon de planer un peu ces temps-ci. Le ton est donné, on ne reviendra pas vraiment sur terre. Dans « Les Gares », on se surprend à abandonner le concret en quête de liberté ; « Pris au piège », pourquoi pas, mais comme une araignée éprise d’une brune pétillante ; sur un trottoir ou devant une porte close, on attend sous « La pluie » un regard, conscient que « Rien ne dure » et surtout pas l’amour. Alors, en gros, le Duo Grim nous invite à chasser les idées noires : « Laissons-nous porter » au son des guitares dominantes, de l’accordéon du pavé, du piano velours, des orgues parfois. Laissons-nous porter. Bonne idée.
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