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JEAN GAUDRY ET LE PROFESSEUR INLASSABLE

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"MAUDIT SOIT QUI MAL PENSE !
Ce calembour sied parfaitement à notre ami Jean Gaudry qui l'utilisa si souvent soit dans sa conversation, soit dans sa correspondance.
Maudit, Gaudry comme ses prédécesseurs Villon, Verlaine, Artaud, André Frédérique, le fût à plus d'une titre. Dans son anthologie de poètes contemporains parue en 1955, notre Solognot de Cerdon-du-Loiret se présentait ainsi : "Né le 1er novembre 1933. Peintre et poète. Sous une couronne morturaire, une épitaphe, gravée à sa porte, nous le présente : "Ci-gît, Jean Gaudry, mis à vie le jour des morts, mis à mort toute sa vie, sans amis, mais sans remords, s'est remis de sa mort. Brillez pour luire...".
Toute sa vie, notre poète quêtera une amitié durable, il était comme l'écrivain Roger Secretain : "cette âme gercée qui refuse de se cicatriser"(1). Il était cet écorché vif qui mendiait une espérance. Et pourtant, il donnait aux autres une présence, une amitié, une fidélité, "ce terrible et vain amour des autres qui étaient siens" comme l'écrivait Jean-Louis Derenne(2). Anatole Jakovsky s'il était encore de ce monde pourrait en témoigner ainsi que Noël Arnaud, Siné, André Blavier, Pierre David, tous bien vivants. Le signataire de ces lignes aussi le fréquenta durant 35 ans. A propos, j'ai souvenir de ses rentrées nocturnes au bercail (comment ne pas penser à Rétif de La Bretonne) alors que j'allais sombre dans le sommeil sur ma couche conjugale, il martelait le trottoir d'un pas assuré, un peu cadencé, bien particulier à lui, tel un oiseau picorant la vertu!
Amitié, présence mais aussi fidélité, sa compagne Lydie Chapovaloff vous le dira mieux que moi.
Maudit, mais aussi insoumis, celui qui provoque volontiers les tièdes et le nantis et cache sa pudeur sous l'insulte, l'incitation, le défi, l'ironie, les pirouette verbales, de toutes sortes et et l'humour donc, toujours noir. A propos de ce dernier, il m'écrivait le 24 juillet 1964 : "Pour moi, l'humour noir c'est l'enfant qui naîtrait du mariage d'un père blanc et de la mer noire!".
Farceur impénitent qui n'hésitait pas à timbrer ses lettres avec le cachet, sans doute acheté aux puces, du médecin chef des Insoumis de Maison Laffite et le courrier arrivait à bon port.
Humouriste noir, il le fût jusqu'à ses derniers instants. Atteint d'un cancer au poumon, il m'écrivait le 10 octobre 1991, moins d'un mois avant sa mort : "Je suis très fatigué, après mes chimiothérapies. Encore une dernière de 4 jours à la fin du mois et ce sera le bilan. Je reste toujours à 45 kg, comme vous le constatez(3). Je ne perds ni ne gagne quelque petit poids. Quant au "gésier" qui était sous l'aile gauche(4) le chirurgien me l'a fait sauter - rien à voir avec le crabe(5) qui lui, tient le coup."
Ceux qui le fréquentaient ont certainement le souvenir de ses multiples et mémorables beuveries doublées d'un tabagisme chronique, drogues bien propres à le distraire du spleen qui l'habitait en permanence, comment là encore ne pas penser au poète maudit que fût le Verlaine de notre enfance!
Lauréat en 1960, du grand prix de l'Humour noir de Grandville, il ne manquait jamais une attribution et chaque année, l'été venu, il commençait de m'en entretenir et d'insister pour que je l'invite de peur que je l'oublie, ce qui ne risquait pas d'arriver. La dernière hélas, devança de peu son trépas, survenu le 7 novembre 1991, en son logis de la rue de Charenton.
Avec la Pompe à sang, Jean Gaudry chante à sa manière le coeur, d'une part le muscle, l'instrument : la pompe et d'autre part le sentiment : l'amour que le coeur est censé incarner.
Lydie Chapovaloff, sa compagne de toujours, celle qui l'assista dans son agonie, celle qui veille à sa survie, est hantée, dit-elle par le souvenir de cet être génial.
Dans ce recueil, il veut boire "les vertes absinthes/les vers les abbés et les saintes", toujours de Verlaine mais aussi de Prévert.
Puis vient ce besoin d'être materné : "Je déboutonnerai le nombril de ton ventre/pour m'aller y coucher en son antre/parmi tous ces oeufs de marmaille/pour ne plus que tes yeux me regardent en canaille/je dévorerai te tripe à la mode de camp/et dormirai ivre sur ta potrine/qui chez toi est dedans/je t'embrasse sur la bouche/avant cet enchaînement".
Besoin de la mère, de sa chair, de sa chaleur, de son refuge, besoin de frères et de soeurs, besoin de pureté, de tendresse, et enfin d'amour charnel.
Et c'est le beau poème à Lydie : "réelle vint Lydie bel et divin lit d'ailes".
Enfin, c'est la fête des mots, dans les innombrables jeux de mots, les contrepèteries, les calembours qui font la joie de ceux qui peuvent garder en eux la jeunesse et l'âme transparente. La provocation est là aussi avec ses images agressives, ses masque de Carnaval, ses délires, ses fantasmes que Baudelaire n'eût pas reniés. Grand bal du fantastique et de l'érotisme que Georges Bataille eût apprécié.
TRISTAN MAYA. »
(1) La République du Centre du 2 octobre 1957. - (2) Les Nouvelles d'Orléans n°550 du jeudi 14 novembre 1991. - (3) Photo à l'appui. - (4) sorte de grosse tumeur externe. - (5) Son cancer.


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