Chaque jour qui passe, c’est son amour qui ne cesse de s’accroître pour ces montagnes et ces champs d’oliviers qui l’ont vu naître, grandir, jouer, sourire et pleurer. Syamour Kamel est né en Algérie, dans un petit village des Ath Douala face au massif montagneux du Djurdjura. Comme tout enfant de son âge, sa mère le berçait dans ses bras en lui fredonnant ces merveilleuses berceuses kabyles, premières mélodies qui enchantent son oreille. D’aussi loin qu’il se souvient, sa mère le portait sur son dos vers la place du village, à la rencontre de ces musiciens troubadours appelés «Boudjlima» qui de village en village perpétuent la tradition musicale d’autrefois. Syamour se souvient aussi de ces autres troubadours qui traversaient la kabylie. Ce sont les «Sidi Amar», troupe d’une dizaine de musiciens, l’un d’eux jouant au nay, un autre portant le drapeau de leur confrérie, et tous les autres faisant résonner leur bendir, une percussion de purification d’esprit puisque les «Zaouias» (confréries) l’utilisent pour guérir les malades. La légende raconte que les mauvais génies fuient les sons du bendir, faisant de ces musiciens des guérisseurs par la musique. Pour Syamour, ces traditions ancestrales sont les repères et la source d’inspiration de sa musique. Il se rappelle avec émotions de ces belles fêtes du village que les groupes traditionnels kabyles appelés «Idbalen» animaient pendant les mariages et les baptèmes. Ces moments sont les seuls où on pouvait assister à de vraies «troupes» de musiques amplifiées. c’était tellement beau qu’il s’imaginait déjà parmi eux.
A son arrivée au collège, Syamour intègre le groupe de l’école et fait alors ses premiers pas dans la musique. il s’inscrit à l’école de musique «Chaâbi» (dite populaire) de Tizi-Ouzou. Il découvre les premiers modes de cette musique comme le sika, le maya, le zidane... aussi les premiers rythmes comme la rumba, le goubahi, le debka... ses premières scènes sont les fêtes de lycée, les mariages... c’était le début d’une carrière musicale... Durant les deux années du service militaire, Syamour découvre le sahara. Il rencontre les touaregs, peuple berbère libre à la culture extraordinaire. Leur musique aux rythmes thérapeutiques et envoûtants inspire la liberté. Syamour tombe sous le charme de la musique touarègue et gnawa...
En décembre 1999, Syamour arrive en France. Chaque soir d’été, il se rend sur le parvis du trocadéro pour jouer aux djembés avec ces africains dont la plupart sont clandestins. C’est le monde en miniature: les «bananias» d’Afrique avec leurs gadgets, les asiatiques avec leurs montres et leurs briquets, les touristes avec leurs sacs à dos... Un véritable carrefour des cultures du monde!... En 2002, Syamour quitte Paris pour le Nord, il s’installe à Lille, il cherche alors à nouveau des endroits de rencontres musicales pour pouvoir «boeuffer» avec d’autres musiciens, et c’est au faubourg des musiques qu’il atterrit, lieu incontournable pour les artistes lillois. On y croise le jazz, la musique manouche, le rock, le reggae, le rap, le zouk... Après plusieurs apparitions sur les scènes du nord et quelques cafés concerts, Syamour crée son propre groupe, réunissant une bande de potes, passionnés par la fusion et le métissage des styles. Une belle aventure, qu’il lui permet de sillonner la France à travers les festivals et les tournées et d’acquérir une bonne expérience scénique. Issu de la première sélection du dispositif -Tour de chauffe- en 2006. Consécration, il est lauréat du tremplin Het Lindeboom en 2007, concours artistique autour de toutes les musiques du monde. Aujourd’hui, il sort son premier album de onze titres intitulé «Machahou» qui signifie «je commence une histoire» autour d’un répertoire original, une musique nouvelle métissée de sons d’ici et d’ailleurs... Syamour s’inscrit ainsi parmi les nouveaux talents prometteurs de la scène World music...