About Me
Pour sa troisième édition le FESTIVAL EOLEON de Buzet sur Tarn acceuillera une légende de l'accordéon JEAN CORTI et ce pendant deux Jours.Le vendredi 11 septembre Jean Corti donnera le concert inaugural du festival avec des invités.Le lendemain il sera présent pour des rencontres musicales et dédicaces.Il présidera le jury du prestigieux concours roland.En effet cette année il y aurra un festival dans le festival avec la finale nationale du festival V-Accordéon ROLAND qui verra s'affronter les six candidats retenus.des prix prestigieux seront distribués aux trois premiers (accordeons numériques et matériel Roland)ainsi que 5000 euros pour le gagnant de la finale internationale.LUDOVIC BEIER star de l'accordéon jazz et compagnon de route d'Angelo Debarre viendra faire des démonstrations et un concert de clôture.Le festival Eoléon proposera durant ces trois jours des rencontres musicales ,un bal trad,des expositions et démonstrations d'instruments,apéros concerts,scénes ouvertes et bien d'autres surprises.--------------------------------------------------
------------------------------------------------- EPK - Jean Corti - Voila
Vidéo de présentation de Jean Corti racontant son passé, ses collaborations avec des grands artistes comme Brel, Brassens, Gainsbourg mais aussi les Têtes Raides, Olivia Ruiz, Loïc Lantoine. Il évoque aussi la création de son album Fiorina.
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LETTRE A JEAN - PAR JEAN MICHEL BORIS
Avec cet album nommé “Fiorinaâ€, en hommage à sa mère, Jean Corti,
nous propose un choix de musiques, de chansons orchestrées par Jean, interprétées
par des artistes d’autres générations, artistes venus par amitié et estime
à l’égard de Jean.
C’est une sorte d’hommage à tout un passé musical, pictural, cinématographique,
le tout réalisé dans une ambiance d’affection et de reconnaissance Ã
l’égard de celui qui, tout au long de l’album, habille avec art et élégance les
grandes mélodies choisies.
Cet accordéon de Jean Corti si présent tout au long des quinze faces, si
discret quand c’est nécessaire ; c’est tout l’art de celui qui a su qu’un
accompagnateur, c’est aussi un ami sur lequel se repose totalement l’interprète.
Ce métier d’accompagnateur que Jean Corti a exercé une grande partie de sa
vie et additionné avec le talent de compositeur, et quel compositeur !
En consultant la liste des chansons, vous constaterez quelles musiques
Jean a composées pour le grand Jacques et qui font partie, maintenant, de la
légende de ce dernier : “Madeleineâ€, “Les Torosâ€, “Les Vieux†et “Les Bourgeoisâ€.
Quelques lignes auparavant, je parlais du choix évocateur fait par Jean
et Christian Olivier. Il me semble qu’au fil des différentes chansons et musiques,
c’est tout un univers qui me revient en mémoire. Mémoire des lieux qui, dans la
première partie du siècle dernier et même la fin du XIX° siècle, ont reçu bourgeois
et ouvriers mélangés, venant en nombre soit sur les bords de la Seine ou
de la Marne, dans les guinguettes, soit dans les salles de la rue de Lappe pour
tourner une petite valse musette. Je suis persuadé qu’en entendant “Indécise†ou
“Stéphanieâ€, vos pieds vont vous pousser vers la piste de danse, sous les lampions
multicolores car la valse musette, c’est avant tout l’accordéon et celui de Jean
n’est pas en reste. De ces bords de Marne aux bals populaires, il me semble que
par la magie de ce disque, le rêve se déplace vers les grands peintres de ces
époques qui nous ont laissé de nombreux et talentueux témoignages picturaux
qui, au son de ces musiques, me reviennent en mémoire. Une mémoire en entraîne
une autre, celle du cinéma d’avant-guerre, ce cinéma en noir et blanc avec
toutes ces magnifiques gloires qui parsèment cette époque : les Jean Gabin,
Michel Simon, Raimu, Louis Jouvet et tant de talentueux artistes dont les noms
ne se suffiraient pas d’une page.
Enfin, cet album, par le choix même des chansons, nous évoque l’époque
bannie des années 1950 et 1960 qui voient monter au firmament des
compositeurs auteurs : les Brassens, Ferré, Brel, Barbara, Trenet ayant précédé de
quelques années.
N’est-ce pas que du bonheur que l’évocation de tous ces moments, de
toutes ces images, de toutes ces musiques ? Et ceci grâce à Jean Corti-------------------------------------------------------
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Jean CortiInterview de Jean CortiVous avez été l'accordéoniste de Jacques Brel, pendant 6 ans, de 1960 à 1966. Comment s'est passée votre rencontre ?On s'est croisé une première fois en 1959, à Bandol. Jacques était en vacances et moi, je travaillais avec mon orchestre.
Et puis, en août 60, Canetti appelle à la maison. Il cherchait un accordéoniste. La tournée devait durer un mois. Quand les répétitions ont commencé aux Trois Baudets, c'est là que j'ai revu Brel. Je lui ai rappelé Bandol… Il a tout de suite réagit. " Ah oui, l'Orchestre Corti ! Comment tu vas ? Qu'est-ce que tu fais là ? "
Et comme j'accompagnais une chanteuse en première partie de son spectacle, il m'a demandé de rester pour la deuxième. Alors j'ai dit pourquoi pas ! C'est parti comme ça ! J'étais destiné à faire un mois et ça a duré 6 ans !On peut donc dire que vous l'avez bien connu ?On s'est bien connu pour la bonne et simple raison que Brel, tout en ayant le talent que tout le monde connaît, était accessible, humain, et sociable. Il n'y avait pas de différence entre la vedette de la tournée et les musiciens. On était tous dans la même galère…
Pourtant, dès le début, je savais que c'était une vedette et que c'était un bon. Mais pour nous, ses musiciens, c'était avant tout un chanteur qui travaillait comme une bête et qui travaillait bien !
Et puis, pour des signatures ou des interviews, il était toujours partant. Et s'il continue d'avoir du succès après 25 ans, et à mon avis encore peut-être pour pas mal de temps, c'est que c'était un chanteur réaliste, comme Piaf ou Brassens.Et ses défauts ?Les défauts…il devait certainement en avoir mais en six années je n'ai pas tellement eu le temps de m'en apercevoir…Ceci dit, quand il composait et qu'il avait des difficultés à finir, il se retirait du circuit. Il disparaissait jusqu'au soir. Il était enfermé, cloisonné dans sa chambre et on avait l'impression qu'il nous faisait la gueule. Il était taciturne, bougon, parce qu'il ne pouvait pas finir. Est-ce que c'est un défaut, je ne sais pas.Est-ce qu'il avait des modèles musicaux, des références ?Non, il n'écoutait pas les musiques de l'époque, pas de variété. Par contre, il était très féru de musique classique.Comment travaillait-il, lui qui n'avait pas vraiment de formation musicale traditionnelle ?Il travaillait tout le temps ! Nuit et jour ! C'était un observateur. En tant que chanteur réaliste, il savait observer la vie et les gens autour de lui. Il était capable de passer une nuit entière à discuter avec un veilleur de nuit. Et ce veilleur de nuit ou les gens qu'il côtoyait, il les traduisait en chanson. Madeleine, Mathilde, Frida ont bel et bien existé ! Les Bourgeois, Les Vieux, il les avaient vus quelque part, c'est sûr…Justement à propos des Bourgeois et des Vieux, vous avez participé à la conception de ces chansons. Comment ?Pendant les répétitions, avant l'ouverture des portes du théâtre, Brel arrivait et il nous disait: " Essayez de me trouver une musique rigolote ou langoureuse ou triste… " On improvisait jusqu'au moment où il disait " Voilà , ça c'est pas mal, il faudrait développer… ".
Pour Les Bourgeois, il voulait une petite java marrante. Je lui ai proposé un thème. Il l'a transformé pour qu'il ne soit ni trop long ni trop court. Il revenait sur la structure seulement quand il avait trouvé l'ambiance du morceau.Succès mondial, donc, très vite. Comment se passaient les tournées ?Beaucoup d'étudiants et de gens d'ambassades, de culture française… Et dansEt dans les pays francophones, les gens venaient écouter Brel, parce qu'ils l'avaient entendu à la radio. Donc, dans tous les cas, il faisait le plein !
Avant d'entrer en scène, il avait ses petites manies, ses tics. Il était assez malade, il vomissait souvent. Il faisait les cents pas, en ruminant, tête baissée, derrière le rideau.Et pourtant vous avez quand même décidé de quitter Brel avant sa tournée dite d'adieux. Pourquoi ?J'avais des soucis familiaux… la route constamment, c'est un problème pour la vie de famille. Et c'était non-stop ! 280 galas par an, en moyenne !
Début 66, je lui ai donc dit que j'allais arrêter. On était en Russie. On a passé la nuit dans sa chambre à discuter : " mais qu'est-ce que tu vas faire, mais t'es con…tu vas t'emmerder… à ton âge… ". On était entre hommes, quoi !
D'ailleurs, à ce sujet, on a tort de croire qu'il était misogyne.
Quand Sylvette Allard nous a rejoint aux Ondes Martenot, il n'y a pas eu de problème.
Elevé dans les traditions, il était très poli et galant, mais il ne fallait pas que ça dure trop longtemps. Le besoin de " déconner " reprenait vite le dessus. Et ça, c'était une affaire d'homme.
Pour en revenir à mon départ, on est resté en excellants termes. Par la suite, j'ai acheté une discothèque et comme j'avais du mal à démarrer, il est venu, gratuitement faire l'ouverture. Ensuite, j'ai revu Brel, sur son premier film, qui se tournait près de mon établissement. Puis, après l'Homme de la Mancha, on s'est perdu et je le regrette profondément.
J'aurais pu prendre contact par courrier quand il était aux Marquises. Je ne sais pas pourquoi, je ne l'ai pas fait. Je devais penser qu'on se reverrait un jour ou l'autre. Mais la vie en a décidé autrement.Quelle est, pour vous, la plus belle chanson de Brel ?J'ai une préférence pour Ces gens-là . Elle est superbement construite. Brel a vraiment vu tous ces " gens-là " : - l'autre avec sa carotte, le rouquin qu'est méchant comme une teigne…la Frida…. C'est un tableau, cette chanson… un Bruegel…Quelles sont vos activités, aujourd'hui ?Je fais toujours de la musique. J'accompagne à l'occasion les Têtes Raides, par exemple. Ils ont d'ailleurs produit mon premier album soliste Couka , toujours à l'accordéon, évidemment.
En tout cas, je me rends compte avec le temps qui passe que Brel était vraiment un grand. Et j'attends toujours la relève…à quelques exceptions près. J'avoue que j'irai volontiers voir Halliday pour son travail sur scène. Mais en général, je trouve qu'on fait des titres à -la-va-vite, sans véritable écriture. Brel, lui, savait raconter des histoires, en trois minutes, le temps d'une chanson.On dit souvent que l'accordéon est le piano du pauvre, ça vous fait rire ou bondir ?Ca me fait rire ! C'est cher un accordéon ! On dit piano du pauvre à cause de son côté populaire. Mais c'est ce qui fait sa richesse. Et ça, Brel l'avait parfaitement compris.Interview réalisée par Anne Picard