About Me
Evènement à ne pas manquer :
"Pascal Bizern a un avantage sur la majorité des chanteurs. Si par malheur (et je ne lui souhaite pas), il lui tombait sauvagement sur la tête un accident vasculaire cérébral le rendant sourd à toute forme de parole, il lui resterait sa main gauche pour écrire. Gageons qu’il se démerderait très bien pour raconter, sous forme de pattes de mouche, nos vies de misères, consigner ainsi l’absolue nécessité d’engouffrer une langue dans une autre et fatalement retracer les douleurs que provoque une rupture.
De par ma fonction, j’ai la chance (cette fois, car vous ne pouvez pas imaginer comme c’est difficile de gratter du mètre de biographie quand on n'a rien à dire sur l’artiste cité) d’écouter en avant-première un disque, qui risque de fonctionner et de dépasser la barre des 200 albums vendus à la famille et aux proches amis.
Bon, avec cette multi-casquette d’auteur-chanteur-mélodiste-interprète, voire parfois acteur, ce type est un vrai couteau suisse et j’ai l’impression d’être le cul entre 2 énormes chairs: d’un côté, le silence feutré de l’écrivain, et de l’autre, la fureur rageuse du musicien. Voilà , j’ai un tout petit avantage sur vous, une avance honorable de quelques mètres au départ, car j’écoute "13 Vies" en avant-première sur un CD gravé et même pas une biographie ou un watermarket, dont j’aurais pu faire commerce avec ses fans qui vont débarquer d’ici peu…
"13 Vies", c’est un peu moins que 2 chats en équilibre sur les tuiles chaudes d’un toit catalan. Car Pascal Bizern fait partie de la famille "Cali et Cie", notamment quand ces deux-là furent les éléments motorisés d’Indy, un groupe bien vite disparu de la circulation… bref, j’en reviens à mes chats : "13 Vies" comme autant de chansons sur l’album. A écouter les pertes et profits qui s’enfilent dans la gouttière de ce chanteur, on se dit que le félin Pascal n’aura pas trop de toutes ces existences pour se relever du désastre de la passion. 13 est un chiffre porte-bonheur ou malheur selon la position du micro de l’accusé et de l’accusateur. C’est toujours dans les mésaventures d’un chat noir, question "love affair" qu’on puise les meilleures sources d’inspiration et qu’arrivent les tubes radiophoniques. Juste pour une fois, s’il était possible de lui offrir un trèfle à quatre feuilles au Bizern pour gagner un disque d’or assez rapidement, je serais rassuré de ne pas perdre encore une fois un excellent artiste.
Après, il sera bien assez tôt pour qu’il pleure "Valentine" au son du piano ou l’exquise "Louise" mise en bouteille et en musique au son de la Tamise, qu’il dise "Oui ou Non" à la jouissance sur une percussion funky. Garçon abîmé = musique écorchée. Homme-objet de l’amour = mille et une manières différentes de lancer la même sérénade sous la lumière des lampions. "Derrière la Porte" se cache un libertaire qui fait claquer ses mots avec un gimmick de guitare, des cuivres chauds et festifs. Pascal Bizern est un manouche qui vole de pistes en pistes sur différents tempos, via la pop, la chanson française, la musette ou le rock existentialiste.
Ecrire pour exister. Chanter pour redoubler ses propos. Admettons que Sanseverino soit un keupon, admettons que Luke fasse du rock, admettons que Bizern soit un peu tout ça et beaucoup d’autres choses et qu’il fasse très vite la couverture de Rock n’Folk : enfin quoi, admettons qu’il y ait une justice pour les arsouilles qui utilisent essentiellement la lame de couteau du petit canif helvète pour tremper leur sang au chant des sirènes et réchapper aux récifs de l’amour par la musique."
Pierre Derensy